Un tronc de 50 millions d’années exhumé dans une mine aux T.N.-O.

Un gros morceau de bois sur un chariot élévateur en mars 2025.
Un morceau de bois datant de 50 millions d’années a été découvert la semaine dernière à la mine Diavik. Photo : fourni par la mine Diavik

Un texte de Jean-Baptiste Lasaygues

Les restes d’un arbre de la famille des séquoias datant d’approximativement 50 millions d’années ont été retrouvés dans la mine de diamant de Diavik, près du lac de Gras, à environ 300 kilomètres au nord-est de Yellowknife, aux Territoires du Nord-Ouest.

Si la trouvaille n’est pas inhabituelle, elle mérite d’être soulignée, étant donné la taille et l’état de préservation remarquable du bois. Découvert à 240 m de profondeur le 20 février, le tronc pèse 136 kilos (300 livres) et ressemble à un morceau de bois que l’on pourrait trouver dans n’importe quelle forêt de nos jours.

Alberto Reyes, professeur agrégé au Département de géologie et des sciences de l’atmosphère de l’Université de l’Alberta, explique que l’intérieur du tronc est encore composé de cellulose non fossilisée, même si l’extérieur semble carbonisé.

« Si vous y mettez le feu, il pourrait encore brûler. »

Ce qui intéresse les chercheurs dans cette découverte, c’est l’ensemble des informations qui viendront affiner les connaissances de la période à laquelle l’arbre a été enseveli : l’Éocène.

Il est relativement facile de donner un âge à ce type de découverte, explique Christopher West, conservateur au musée de paléobotanique du musée Royal Tyrrell, en Alberta. Cela peut se faire par la datation des pollens trouvés dans les sédiments, et qui nous montrent quels types de plantes poussaient à l’époque, ou par la radiochronologie.

Une mine à ciel ouvert au milieu d'un lac.
La découverte a été faite dans la mine de diamant Diavik, située dans les Territoires du Nord-Ouest. (Photo d’archives) Photo : 2015 DDMI Sustainable Development Report

La seconde méthode consiste à observer la dégradation des composants de divers éléments, comme l’uranium, le rubidium et le strontium. Plus l’objet observé est ancien, plus les isotopes de leurs atomes sont dégradés.

Un autre indice permet de déterminer l’âge de cette découverte : il s’agit de la strate géologique dans laquelle les mineurs ont trouvé le tronc. Celui-ci se trouvait dans une cheminée de kimberlite. Ce type de dépôt se forme durant d’énormes éruptions volcaniques, et celles de la région ont eu lieu il y a environ 50 millions d’années.

Ce tronc montre aussi à quel point les conditions climatiques ont changé depuis l’époque de l’Éocène. D’un point de vue géologique, les continents avaient des positions à peu près semblables à leurs positions actuelles, mais les températures étaient très différentes.

Ainsi, dans ce secteur des Territoires du Nord-Ouest, le climat ressemblait un peu à celui qu’on trouve à Nashville, au Tennessee, explique Alberto Reyes. L’Éocène est l’une des périodes les plus chaudes que la Terre ait jamais connues, avec une température moyenne sur le globe aux alentours de 27 °C, comparativement à 15 °C à l’heure actuelle.

Dans cette partie des Territoires du Nord-Ouest, la température ne descendait presque jamais en dessous de 0 °C.

Alberto Reyes espère que l’examen des cercles de croissance du tronc de l’arbre, dont il aimerait examiner un échantillon, permettra de mieux déterminer la composition de l’atmosphère de l’époque. La concentration en CO2 [dioxyde de carbone] à cette période était bien supérieure à celle d’aujourd’hui.

L’état de conservation du tronc montre qu’il a été préservé dans un environnement très pauvre en oxygène, ce qui a empêché les microbes et les bactéries de le dégrader.

Les changements climatiques ont toujours existé, mais ce qu’il est important de prendre en compte, c’est la vitesse à laquelle ils se produisent, explique Christopher West, conservateur au musée de paléobotanique du musée Royal Tyrrell.


Dans l’état des connaissances actuelles, les chercheurs estiment que le réchauffement qui s’est produit pendant l’Éocène a mis à peu près 20 000 ans à se mettre en place.
 On peut difficilement s’imaginer ce que représente une telle période à notre échelle. Il s’agit de centaine de générations, poursuit Christopher West.

Les deux scientifiques s’accordent à dire qu’il n’est pas possible de prendre l’exemple des changements climatiques du passé pour parler de celui de notre époque, l’échelle du temps et de l’intensité n’ayant absolument rien à voir.

Un morceau de bois très ancien entreposé dans une boîte en bois, le 25 mars 2025.
D’autres restes de bois vieux de plusieurs millions d’années avaient déjà été retrouvés dans la région. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada / Liny Lamberick

Le tronc de Diavik pourrait néanmoins nous donner de précieuses informations sur les bouleversements qui se produisent durant de tels événements.

Avec les informations de Liny Lamberick

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