Groenland : le Danemark s’en prend au « ton employé » par l’administration Trump

Les drapeaux groenlandais et danois flottent.
Le territoire danois autonome, aussi la plus grande île du monde, a été propulsé sous les feux de la rampe géopolitique, le président américain, Donald Trump, ayant promis de l’acquérir en invoquant sa valeur stratégique, ce qui a suscité des objections de la part des dirigeants danois et groenlandais. (Photo : Getty Images/Joe Raedle)

Le ton vire à l’aigre samedi entre les États-Unis et le Danemark, la diplomatie danoise déplorant la virulence des critiques du vice-président américain, J.D. Vance, sur l’inaction supposée du pays nordique au Groenland.

Nous sommes ouverts aux critiques, mais, pour être tout à fait honnêtes, nous n’apprécions pas le ton sur lequel elles ont été formulées, a dit le ministre des Affaires étrangères du Danemark, Lars Løkke Rasmussen, dans une vidéo en anglais sur X.

« Ce n’est pas ainsi que l’on s’adresse à ses proches alliés, et je considère toujours le Danemark et les États-Unis comme de proches alliés », a-t-il ajouté.

La réplique danoise survient après une semaine de fortes tensions entre les deux pays, déclenchées par l’annonce d’une visite non souhaitée de dirigeants américains dans le territoire autonome danois, déplacement qui s’est finalement réduit vendredi à la base américaine de Pituffik.

J.D. Vance et sa femme en présence de militaires groenlandais à l'extérieur.
Le vice-président américain, J.D. Vance, et sa femme, Usha Vance, visitent la base spatiale américaine de Pituffik au Groenland, le 28 mars 2025. (Photo : AFP via getty images/Jim Watson)

Lors d’un discours tenu à l’unique base militaire américaine au Groenland, J.D. Vance a affirmé que le Danemark n’a pas fait du bon travail pour le peuple du Groenland, lui reprochant en particulier de ne pas avoir suffisamment investi dans l’immense île arctique que convoite Donald Trump.

L’accord de défense de 1951 offre aux États-Unis de nombreuses possibilités d’avoir une présence militaire beaucoup plus forte au Groenland. Si c’est ce que vous souhaitez, discutons-en, a répliqué le ministre danois en référence au texte régissant la présence américaine au Groenland.

En 1945, les États-Unis avaient 17 bases et installations militaires au Groenland, avec des milliers de soldats, a-t-il rappelé. Nous pouvons faire plus, beaucoup plus dans le cadre actuel, a-t-il ajouté.

Le ministre s'adresse aux médias.
Le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Løkke Rasmussen. (Photo : ritzau scanpix/AFP via getty images/Emil Nicolai Helms)

La base américaine de Pituffik constitue un avant-poste de la défense antimissile américaine, car la trajectoire la plus courte des missiles envoyés par la Russie vers les États-Unis passe par le Groenland.

Vendredi soir, la première ministre danoise, Mette Frederiksen, avait déjà déploré les critiques injustes des Américains, leur rappelant que le Danemark avait été à leurs côtés dans des situations très difficiles, en référence à l’engagement des Danois aux côtés des troupes américaines, notamment en Irak et en Afghanistan.

Donald Trump a répété vendredi avoir besoin du Groenland. C’est très important, pour la sécurité internationale.

Nous avions jusque-là tous agi en partant du principe que l’Arctique était et devait rester une zone à faible risque, mais cette époque est révolue, dit Lars Løkke Rasmussen, ministre des Affaires étrangères du Danemark.


La sécurité dans l’Arctique renforcée
 

Le statu quo n’est pas une option, et c’est pourquoi nous avons intensifié nos efforts en investissant dans la sécurité de l’Arctique, a-t-il ajouté.

En dépit du ton menaçant de Donald Trump, le vice-président américain a exclu un usage de la force pour parvenir à s’emparer du territoire autonome danois, assurant que Washington parviendrait à convaincre les Groenlandais de se rallier aux États-Unis et de signer un accord avec eux.

Nous pensons que les habitants du Groenland sont rationnels et […] que nous allons pouvoir conclure un accord, dans le style de Donald Trump, pour assurer la sécurité de ce territoire, mais aussi des États-Unis d’Amérique, J.D. Vance, vice-président américain.

« Je pense qu’ils finiront par s’associer aux États-Unis, nous pourrions les rendre beaucoup plus sûrs […]. Et je pense qu’ils s’en sortiraient beaucoup mieux sur le plan économique », a-t-il ajouté.

Le Groenland vient de se doter d’un nouveau gouvernement de coalition et la majorité des Groenlandais souhaitent l’indépendance du territoire, qui jouit d’une large autonomie au sein du royaume du Danemark.

Il est très important que nous mettions de côté nos désaccords et nos différends […], car c’est seulement ainsi que nous pourrons faire face à la forte pression à laquelle nous sommes exposés de l’extérieur, a dit le nouveau premier ministre groenlandais, Jens-Frederik Nielsen, en présentant son équipe vendredi.

La population, majoritairement inuite, rejette toute perspective de devenir américaine, d’après un sondage publié fin janvier.

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