Un nouvel accord permet à Canadian North d’accroître de 25 % par an les tarifs de ses vols

Un avion de la compagnie Canadian North à l’aéroport d’Iqaluit. Vendredi, Ottawa a annoncé avoir accepté de modifier des conditions établies lors de la fusion de Canadian North et First Air, en 2019.
(Marc Godbout/Radio-Canada)

Le gouvernement fédéral a accepté de modifier des conditions établies en 2019 lors de la fusion des transporteurs aériens Canadian North et First Air. Ces changements donnent notamment le droit à l’entreprise de faire grimper de 25 % par année les tarifs de ses vols de passagers et de marchandises et de limiter ses itinéraires vers certaines communautés à un vol par semaine.

Transports Canada en a fait l’annonce par voie de communiqué, vendredi, affirmant que la pandémie de COVID-19 était une raison de ces changements, sans toutefois préciser de quelle façon Canadian North continuait d’en subir les contrecoups.

En 2019, Ottawa a donné le feu vert à la fusion de First Air et de Canadian North, sous réserve de conditions visant à protéger l’intérêt public. Parmi ces conditions, les tarifs devaient être gelés pendant sept ans, hormis une augmentation liée aux coûts d’exploitation.

Canadian North est tenue d’ajuster les horaires de ses vols, si la demande liée à certains itinéraires augmente. Elle devra aussi s’en tenir à un plafond de 10 % sur ses marges bénéficiaires, à l’exception des vols entre Edmonton et Yellowknife ainsi que Montréal et Kuujjuaq. L’entreprise est toutefois autorisée à récupérer ses pertes passées sur une période de trois ans.

Plusieurs questions demeurent, notamment si les nouvelles conditions remplacent celles de 2019, ou si elles sont plutôt une extension ou une modification de celles-ci, par exemple, en ce qui concerne les programmes Ilak et Pivut. Ces derniers offrent une réduction pour les bénéficiaires inuit pendant sept ans. Au territoire, ces tarifs sont protégés par les termes du contrat du gouvernement du Nunavut portant sur les voyages médicaux et liés au travail. Toutefois, on ne sait pas si ces conditions demeurent les mêmes pour les Inuit vivant à l’extérieur du Nunavut.

L’entreprise Canadian North a décliné notre demande d’entrevue, tandis que le ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra, n’était pas disponible. Lundi, ce dernier a annoncé qu’il comptait accélérer et simplifier le traitement de plaintes contre les transporteurs aériens en rendant obligatoire et automatique l’indemnisation des voyageurs.

En 2019, le gouvernement fédéral a approuvé la fusion des deux compagnies aériennes Canadian North et First Air. (David Gunn/Radio-Canada)

Mise en garde du Bureau de la concurrence

Le ministre des Transports du Nunavut, David Akeeagok, a déclaré avoir écrit à son homologue fédéral plus tôt cette année pour demander que les conditions initiales de la fusion restent en place.

Devant l’absence de routes, les 25 communautés du Nunavut ne sont accessibles que par avion tout au long de l’année et par voie maritime durant l’été. En 2019, la fusion a jeté les bases d’un monopole sur le transport aérien au territoire. En examinant le projet de fusion à l’époque, le Bureau de la concurrence avait indiqué qu’un tel manque de concurrence entraînerait une hausse des prix, une réduction de la capacité de transport de passagers et de marchandises et une diminution des horaires de vols.

Les conditions imposées à l’époque servaient surtout à garantir que les tarifs des vols resteraient bas tout en maintenant les niveaux de service aux collectivités.

« Nous réalisons que les augmentations de tarifs ne sont pas idéales »

En entrevue avec le réseau anglais de Radio-Canada, le ministre fédéral des Affaires du Nord, Daniel Vandal, a affirmé que les changements étaient nécessaires pour assurer la continuité et la fiabilité du service de Canadian North. « L’après-COVID a été une période difficile. Nous réalisons qu’il était important pour les compagnies aériennes de demeurer financièrement viables et durables », a-t-il dit.

Le ministre fédéral des Affaires du Nord, Daniel Vandal (Natalie Pressman/CBC)

Durant la pandémie, Canadian North a reçu environ 138 millions de dollars du gouvernement fédéral, selon Daniel Vandal.

« Nous réalisons que les augmentations de tarifs ne sont pas idéales », a-t-il toutefois reconnu. « Nous pensons que c’est la solution la plus juste qui offre la fiabilité de service dont les gens ont besoin. »

Un accord qui ne fait pas l’unanimité

Le sénateur du Nunavut Dennis Patterson a qualifié le récent accord entre Canadian North et Ottawa d’« absolument choquant ». Il se demande notamment si Transports Canada a envisagé d’autres mesures avant de permettre à l’entreprise aérienne de modifier des conditions établies lors de la fusion.

« Ce qui est injuste, c’est que le Nunavut est le principal client de Canadian North. Nous avons le plus grand volume de passagers et de cargo de tout le réseau », a-t-il déclaré.

« Il est vraiment incroyable que nous ne connaissions pas la situation financière de la compagnie aérienne, a-t-il soutenu. En plus, le Nunavut n’a pas eu voix au chapitre dans ces négociations. »

Avec les informations de Nick Murray

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