Près de six ans de prison contre des journalistes pour collaboration avec Navalny

Le parquet russe a requis jeudi près de six ans de prison contre quatre journalistes accusés d’avoir collaboré avec l’organisation classée « extrémiste » de l’opposant mort en prison Alexeï Navalny, selon le Mediazona.
Le mouvement de M. Navalny, l’opposant numéro un au président Vladimir Poutine jusqu’à ce qu’il meure en détention en février, a été méthodiquement éradiqué ces dernières années.
Ses alliés et ses partisans ont été poussés à l’exil ou incarcérés.
La justice russe s’en prend désormais à des collaborateurs bien moins directs, plus d’un an après la mort d’Alexeï Navalny dans des conditions encore mystérieuses.
Les journalistes Antonina Kravtsova, Sergueï Kareline, Konstantin Gabov et Artiom Krieger sont accusés d’« extrémisme ».
La procureure Nadejda Tikhonova a requis dans un tribunal de Moscou une peine de 5 ans et 11 mois de prison pour chacun d’entre eux, a informé jeudi le site Internet russe Mediazona, spécialisé dans le suivi des affaires judiciaires.
Soit presque la peine maximale applicable pour les charges pesant sur eux, qui s’établit à six années de privation de liberté.
Le procès s’est déroulé à huis clos, un procédé désormais classique en Russie pour ce type d’affaires.
Tandis qu’ils étaient escortés dans un couloir, les journalistes ont pu annoncer en criant les peines requises par la procureure, selon Mediazona. Ils avaient été arrêtés au printemps et à l’été 2024.
Antonina Kravtsova, qui travaillait sous le nom d’Antonina Favorskaïa, couvrait très régulièrement les procès d’Alexeï Navalny pour SOTAvision.
Elle avait réalisé, le 15 février, la dernière vidéo montrant Alexeï Navalny encore en vie. C’était au cours d’une audience, la veille de sa mort. Il comparaissait alors par lien vidéo à partir de sa prison de l’Arctique.
S’exprimant devant la presse avant le début du procès, Antonina Kravtsova avait lancé : « Souvenez-vous, les ténèbres qui nous entourent ne dureront pas toujours. Il y a toujours de l’espoir. »
Les reporters Sergueï Kareline et Konstantin Gabov sont quant à eux accusés d’avoir participé à la production de vidéos pour l’équipe d’Alexeï Navalny.
Le premier a collaboré par le passé avec l’agence de presse Reuters et le second, avec Associated Press.
Artiom Krieger, un journaliste de SOTAvision, est également accusé d’avoir collaboré avec l’organisation anticorruption de l’opposant.
Les autorités russes ont accru ces derniers mois la pression sur les derniers médias indépendants et étrangers en Russie, sur fond de répression généralisée des voix critiques de l’offensive en Ukraine déclenchée en février 2022.
Plusieurs journalistes russes ont été condamnés à de lourdes peines ces dernières années sous diverses accusations.
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