Le coût de la vie, un enjeu prioritaire dans le Grand Nord

Une rangée de légumes à l'épicerie de Kuujjuaq.
La très grande majorité des denrées périssables du Nunavik doivent arriver par avion, ce qui augmente considérablement leur coût. (Photo : Radio-Canada/Félix Lebel)

Dans le Grand Nord du Québec, le coût de la vie est une préoccupation majeure pour de nombreux électeurs inuit de la circonscription d’Abitibi–Baie-James–Nunavik–Eeyou, qui peinent parfois à joindre les deux bouts. Plusieurs espèrent un soutien accru de la part des gouvernements en cette période d’incertitude.

Le prix du panier d’épicerie en est un exemple frappant. Les aliments coûtent en moyenne 33 % plus cher que dans le sud de la province, selon une étude de l’Université Laval, à Québec, publiée en 2024.

C’est un écart important, qui serait toutefois encore plus grand sans l’apport de deux programmes de subventions gouvernementaux : l’un offert par le gouvernement du Québec, l’autre par le gouvernement fédéral, sous la forme du programme Nutrition Nord Canada.

Une personne vérifie sa facture d'épicerie.
Au Nunavik, la nourriture coûte en moyenne 33% plus cher que dans le sud de la province, et ce, malgré l’effet combiné des programmes de subventions gouvernementales. (Photo : Getty Images via iStock/LordHenriVoton)

L’effet combiné de ces deux programmes permet de réduire le prix de certains produits, tels que les fruits et légumes ainsi que les produits pour bébé. Les prix de ces aliments sont parfois comparables à ceux que l’on trouve dans les grands centres.

Ces programmes ont toutefois leurs limites. Les chercheurs de l’Université Laval ont démontré que plus de 70 % des achats en épicerie dans la région concernent des produits peu ou non subventionnés.

C’est le cas, notamment, des viandes et des produits laitiers.

Pour Tommy Palliser, un résident d’Inukjuak, cette situation a une incidence importante sur la qualité de vie de ses concitoyens.

Il souhaiterait que les gouvernements allègent le fardeau fiscal des entreprises qui transportent les biens vers le Nord, obligatoirement par bateau et par avion, en raison de l’absence de routes.

Quand le fournisseur achète la nourriture, c’est taxé. Quand c’est mis sur le bateau ou l’avion, c’est un service taxé. Quand c’est vendu ici, une troisième taxe s’applique. Ça n’inclut pas la marge de profit de nos magasins. Ça montre à quel point le prix augmente rapidement pour nous, explique Tommy Palliser.

Portrait de Tommy Palisser.
Tommy Palisser souhaite que la chaine de transport vers le Nunavik soit améliorée. (Photo : Tommy Palisser)

Il n’est pas rare non plus que les fruits et légumes soient déjà périmés une fois sur les tablettes. C’est une conséquence de la complexité logistique liée au transport aérien.

Ce matin, je suis allé acheter des fraises : elles n’étaient plus bonnes. J’ai voulu des concombres : plus bons non plus. Il faut trouver une façon pour que les choses qu’on reçoit durent plus longtemps, explique pour sa part Thomassie Mangiok, résident d’Ivujivik.

Selon lui, il faudrait faciliter la création de serres dans les communautés, afin de réduire le coût des aliments et d’en améliorer la fraîcheur.

En attendant de telles mesures, il espère que le gouvernement fédéral bonifiera l’offre du programme Nutrition Nord Canada, pour réduire l’écart de prix avec le sud de la province.

Des doutes sur l’efficacité du programme

Dans les derniers mois, des doutes ont émergé dans les communautés quant à l’utilisation des fonds liés à ce programme par certains commerçants. Ce sont eux qui reçoivent une partie des subventions, qu’ils doivent répercuter sous forme de rabais.

Dans la foulée d’allégations d’abus, le gouvernement fédéral a lancé une analyse approfondie du programme Nutrition Nord.

Aluki Kotierk, ancienne présidente de Nunavut Tunngavik, a été nommée pour faire la lumière sur ces allégations. Elle devra soumettre ses recommandations d’ici 2026, afin d’améliorer l’efficacité du programme.

Engagements des candidats

Un montage des photos de Sylvie Bérubé, de Steve Corriveau, de Mandy Gull-Masty et de Thai Dillon Higashihara pour présenter les candidats.
La bloquiste Sylvie Bérubé, le conservateur Steve Corriveau, la libérale Mandy Gull-Masty et le néo-démocrate Thai Dillon Higashihara se présentent dans Abitibi–Baie-James–Nunavik–Eeyou. (Photo : Radio-Canada)

Sylvie Bérubé – Bloc québécois

La députée sortante souhaite bonifier Nutrition Nord, qu’elle juge insuffisant pour la région. Elle espère élargir le nombre de produits admissibles aux subventions.

C’est de travailler en concertation avec les ministres au sein du comité des Affaires autochtones et du Nord. Donc, ça va être un mandat qui, d’ailleurs, est déjà en cours. […] Le programme n’est pas complet du tout et il ne répond pas aux besoins des gens du Nunavik, explique la candidate bloquiste.

Mandy Gull Masty – Parti libéral du Canada

La candidate libérale souhaite également bonifier le programme pour la nourriture importée. Elle propose toutefois d’inclure une subvention pour les aliments issus de la chasse et de la pêche, essentiels aux cultures inuit et crie.

Il faut que ça reflète la diète des personnes qui vont utiliser le programme. Ce n’est pas juste la nourriture qu’on achète à l’épicerie, c’est aussi celle qu’on va chercher sur le territoire. Il faut favoriser l’accès à la chasse et à la pêche, soutient-elle.

Steve Corriveau – Parti conservateur du Canada

Le candidat conservateur a admis ne pas bien connaître Nutrition Nord avant son entrevue avec Radio-Canada. Après s’être informé, il se dit favorable à une révision complète du programme.

Il y aurait, à mon avis, une nécessité urgente de revoir chacun des éléments du programme afin qu’ils soient bénéfiques pour tous, de manière équitable, et ce, en toute transparence, car au final, c’est encore le citoyen qui doit mettre la main dans sa poche, déclare-t-il.

Thai Dillon Higashihara – Nouveau Parti démocratique

Le candidat néo-démocrate estime qu’il faut élargir les aliments couverts par Nutrition Nord pour mieux répondre aux besoins des communautés. Il juge aussi pertinente l’idée de financer des produits issus de la chasse.

Le manque de nutrition peut être attribué à l’absence d’aliments culturellement appropriés parmi les aliments accessibles. Il est vraiment important de réformer cela, de manière à répondre aux besoins des communautés, souligne Thai Dillon Higashihara.

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Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

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