Dans le Nord, des survivants des pensionnats réagissent à la mort du pape François

Deux personnes en costume traditionnel inuit présentent un tambour au pape François.
Pour Piita Irniq, le pape François avait gagné son respect en venant présenter des excuses officielles. (Photo d’archives : Evan Mitsui/CBC)

Dans le Grand Nord, les réactions d’anciens élèves de pensionnats pour Autochtones à la mort du pape François oscillent entre respect, déception et gratitude à l’égard de celui qui s’est rendu à Iqualuit en 2022 pour leur présenter des excuses.

Piita Irniq avait 11 ans lorsqu’il est monté pour la première fois à bord d’un avion. Du jour au lendemain, le jeune Inuit a été séparé de sa famille pour être amené dans un pensionnat pour Autochtones.

J’étais un petit garçon inuit, vêtu de vêtements traditionnels inuit, avec des bottes en peau de phoque. Avec d’autres enfants de Naujaat, au Nunavut, il s’est ainsi retrouvé 400 kilomètres plus au sud, à l’école catholique de Turquetil Hall, à Chesterfield Inlet.

Ce jour-là, je suis devenu un petit garçon blanc, se remémore-t-il.

Le destin tragique des victimes de pensionnats pour Autochtones

Pendant 30 ans, Piita Irniq a demandé justice à l’Église catholique au nom des survivants des pensionnats pour Autochtones. Il a même fait partie d’une délégation qui était allée à Rome en 2009 afin de rencontrer Benoît XVI pour en parler.

En juillet 2022, le pape François l’a marqué en accomplissant un pèlerinage au Canada et en présentant des excuses officielles pour les crimes commis par tant de chrétiens contre des Autochtones. L’Église catholique a dirigé plus de la moitié des pensionnats pour Autochtones au Canada.

Pour Piita Irniq, le pape François a accompli un geste courageux et a ainsi gagné le respect de l’ancien pensionnaire. C’est lui qui a organisé la cérémonie culturelle lors de l’accueil du souverain pontife pendant son passage à Iqaluit.

Une photo en noir et blanc d'enfants inuit et un doigt qui montre un enfant.
Les pensionnats pour Autochtones ont brisé de nombreuses familles. (Photo d’archives : Radio-Canada/Marie-Laure Josselin)

Accompagné d’un petit groupe d’anciens pensionnaires, il a pu s’entretenir en privé avec le pape. À cette occasion, il pense avoir fait de son mieux pour expliquer la détresse de ses parents, et de toutes les autres personnes dont les enfants ont été arrachés à leur foyer.

En tant que survivant, sa visite m’a profondément marqué, ainsi que l’opinion que j’avais de lui, poursuit-il.

C’est le cas également de l’aînée métisse Angie Crerar, qui a été profondément touchée par la visite et par les excuses du Saint-Père. Elle-même était pensionnaire à l’école St. Joseph de Fort Resolution, aux Territoires du Nord-Ouest.

Je ne peux pas dire à quel point je lui en suis reconnaissante, dit Angie Crerar. Elle était membre de la délégation du Ralliement national des Métis, qui s’est rendue à Rome en 2022 pour rencontrer le pape. Elle souligne que cette expérience a changé sa vie.

J’étais tellement en colère, et je détestais le monde entier, en particulier l’Église catholique et le gouvernement [canadien], ajoute-t-elle. Cependant, sa rencontre avec le pape François et le fait qu’elle a pu lui raconter ce qu’elle avait vécu l’a bouleversée. Sa colère l’a quittée, et elle s’est apaisée.

J’ai appris à pardonner, dit-elle en soupirant.

Une femme âgée avec une écharpe autochtone et les mains jointes.
L’aînée métisse Angie Crerar, une survivante de pensionnat, dit s’être apaisée après sa rencontre avec le pape François. (Photo d’archives : Radio-Canada/Evan Mitsui)

Lors des excuses officielles, l’ancien président de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, Murray Sinclair, s’est montré critique au sujet du discours de la papauté. Il expliquait alors que ces excuses avaient laissé un vide profond dans la reconnaissance du rôle joué par l’Église dans le système des pensionnats, en rejetant la faute sur un petit nombre de ses membres.

Dans un communiqué, il ajoutait : Il ne s’agissait pas de l’œuvre de quelques brebis galeuses, mais bien d’un effort concerté et institutionnel déployé pour couper les enfants de leur famille et de leur culture au nom de la suprématie du christianisme.

Avec les informations de Jackie McKay

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