Un partenariat inédit entre le Sentier transcanadien et le tourisme autochtone dans le Grand Nord canadien

Ce protocole d’entente souligne l’engagement des deux organisations à travailler de pair. (Nelly Guidici/L’Aquilon)
L’Association du tourisme autochtone du Canada (ATAC) et le Sentier transcanadien ont signé une entente exclusive le 13 mars, avec comme objectif de travailler de concert sur de nombreux plans.

Ce protocole d’entente souligne l’engagement des deux organisations à travailler de pair et à partager leurs ressources, leurs connaissances et leurs expertises pour améliorer, développer, soutenir et promouvoir les destinations de tourisme inclusives aux expériences autochtones authentiques ainsi que les expériences de sentier pour les visiteurs nationaux et internationaux, indique notamment le communiqué de presse des deux organismes.

Avec 28 000 kilomètres de sentiers reliant les océans Atlantique, Pacifique et Arctique, le Sentier transcanadien est le plus long réseau de sentiers récréatifs multiusages du monde et fait du Canada l’un des rares pays à avoir un sentier national de cette ampleur.

Le sentier traverse notamment le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest, jusqu’à la collectivité de Tuktoyaktuk au bord de l’océan Arctique. Avec respectivement 1600 km et 3400 km (dont un long tronçon en voie navigable sur le fleuve Mackenzie), le Sentier transcanadien traverse de nombreuses Premières Nations et territoires traditionnels métis et inuit.

Carte d’un sentier. (sentier.ca)

Au Nunavut, une portion de Sentier transcanadien se trouve sur l’île de Baffin et relie Iqaluit à Kimmirut. D’une longueur de 120 km, ce sentier historique appelé Itijjagiaq fait partie du parc territorial Katannilik et est utilisé aussi bien en hiver qu’en été, car c’est aussi un territoire traditionnel de chasse pour les Inuit.

Dans une volonté de mettre en valeur le sentier afin d’attirer des visiteurs du monde entier, la signature de cette entente avec ATAC a semblé naturelle pour Mathieu Roy, vice-président et directeur Expérience Sentier à Sentier transcanadien.

« Les expériences autochtones authentiques font partie intégrante des sentiers depuis longtemps. Pour nous, ce partenariat est logique pour créer des collaborations qui sont présentes sur le terrain et dans différentes destinations. Mais ce partenariat va aussi permettre de rendre nos collaborations consistantes partout au pays avec une offre qui répond aux attentes des visiteurs. »

Le début d’une nouvelle relation

Selon M. Roy, cette entente à long terme marque le début d’une nouvelle façon de collaborer, d’échanger des informations et finalement de travailler main dans la main pour les deux organismes. Sébastien Desnoyers-Picard, vice-président de l’ATAC, rappelle qu’avec la signature de cet accord, la vision et les objectifs des entreprises autochtones de tourisme, membres du réseau de l’association, font partie intégrante de l’objectif et de la stratégie dès le début.

« On veut travailler ensemble, car le sentier transcanadien passe par énormément de Premières Nations. Les gens oublient la reconnaissance territoriale, mais (il faut garder à l’esprit que) le Canada est une terre autochtone, » explique-t-il lors d’une entrevue.

Carte d’un sentier au Nunavut. (sentier.ca)
Le tourisme autochtone, un outil de la réconciliation

Avec l’onde de choc provoquée par la découverte des tombes non marquées d’élèves du pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique, la perception du tourisme autochtone par l’ensemble des Canadiens a viré de bord. Le tourisme autochtone était peu ou mal compris par les Canadiens. Aujourd’hui, 86 % d’entre eux en ont une perception positive et se sentent outillés pour comprendre le processus de la réconciliation, d’après M. Desnoyers-Picard.

Avec la hausse de la popularité des entreprises de tourisme autochtone et l’augmentation de la demande de services à la fois par des touristes nationaux et internationaux, une hausse des fraudes a malheureusement été constatée. Depuis ce changement de perception, M. Desnoyers-Picard a remarqué une augmentation des mensonges de la part d’opérateurs de tourisme sur leur identité afin de se faire passer pour une entreprise de tourisme autochtone.

« Ces entreprises n’ont aucun lien avec les Premières Nations et les collectivités. Ces personnes qui mentent sur leur identité surfent sur cette tendance pour faire des profits sur le dos des Premières Nations », dit-il avec indignation.

Pour faire face à cette nouvelle situation, l’ATAC a créé il y a huit mois une labellisation spécifique appelée « L’Original Original ». Cette accréditation est une marque d’excellence et d’authenticité et apporte au consommateur la garantie que les retombées économiques des activités de tourisme restent dans la collectivité.

« Lorsque vous participez à une expérience qui affiche la marque L’Original Original, vous soutenez directement les entreprises appartenant à des Autochtones. Les revenus générés par ces entreprises reviennent aux familles et aux communautés autochtones, contribuant ainsi à leur indépendance économique et à la fierté de leur culture », peut-on lire sur le site Internet de l’organisme.

Les répercussions de la pandémie sur le tourisme autochtone

Lors de la dernière étude d’impact 2019 réalisée par l’ATAC en 2019, avant que la pandémie entraîne la fermeture d’entreprises et la disparition d’emplois, le tourisme autochtone représentait 1,9 milliard de dollars du produit intérieur brut (PIB) du pays avec 1900 entreprises et 38 000 employés. C’est au Nunavut qu’il y avait le plus d’entreprises de tourisme avec 107 recensées et 1700 travailleurs. Suivent les T.N.-O. avec 92 entreprises et 1675 employés. Enfin le Yukon dénombrait 82 entreprises et 974 employés.

Au total, et toujours selon les chiffres de 2019, les activités de tourisme des trois territoires représentaient 272 millions du PIB. Une nouvelle étude d’impact est prévue en 2023 et permettra de quantifier et de déterminer les impacts de la pandémie.

Pour M. Desnoyers-Picard, la baisse du nombre de touristes venant d’Asie à cause de la fermeture plus longue de leurs frontières nationales a eu des répercussions dans le Nord, notamment pour les entreprises de tourisme spécialisées dans l’observation d’aurores boréales.

Des partenaires locaux dans les territoires

Les T.N.-O. et le Nunavut sont les deux derniers territoires où il n’existe pas encore d’association de tourisme locale. Cependant, un protocole d’entente a été signé il y a huit mois avec les Premières Nations Dénés afin de créer une association représentative des cinq nations des T.N.-O.. Au Nunavut des discussions avec l’organisme Travel Nunavut sont en cours depuis le 24 avril. Des consultations publiques auront également lieu afin de déterminer les souhaits des collectivités, tout en incluant les Inuit dans le processus de création.

Enfin, au Yukon, une relation de travail solide s’est formée avec Yukon First Nations Culture and Tourism Association (YFNCT) créée en 1994. Elle comprend neuf personnes issues de six Premières Nations dans son conseil d’administration.

Pour M. Desnoyers-Picard, les collaborations sur le terrain avec les associations provinciales et territoriales sont précieuses, car ces structures sont de véritables relais entre l’ATAC, qui est un organisme national, et les entreprises de tourisme autochtones locales.

Nelly Guidici, L'Aquilon

Pour d’autres nouvelles sur le Nord du Canada, visitez le site de L’Aquilon.

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