La fermeture de la mine Diavik doit respecter le savoir traditionnel

Une image aérienne de la mine Diavik.
La mine Diavik se trouve sur le lac de Gras, aux Territoires du Nord-Ouest. (Photo : Rio Tinto)

Des communautés autochtones des Territoires du Nord-Ouest souhaitent mettre l’accent sur le respect du savoir traditionnel lors de la fermeture de la mine Diavik.

La mine de diamants prévoit mettre fin à ses opérations en 2026. Elle se prépare à présenter une demande de renouvellement de son permis d’utilisation des eaux lors d’une audience publique qui aura lieu à Behchokǫ̀ du 10 au 12 juin.

Conflit entre la science et le savoir traditionnel

La fermeture de la mine représente le moment le plus important de sa vie, affirme la Première Nation dénée de Lutsël K’e dans une lettre à l’Office des terres et des eaux du Wek’èezhìi. Elle prétend que les activités liées à la fermeture détermineront la qualité du territoire et de l’eau à long terme après l’extraction.

La Première Nation demande l’ajout d’une clause dans le permis exigeant qu’une autorisation soit obtenue auprès d’un comité composé de détenteurs du savoir traditionnel au sujet des objectifs de la fermeture, en plus de la surveillance scientifique proposée par Diavik.

 Seule, la science ne suffit pas à inspirer la confiance dans notre communauté quant à la potabilité de l’eau, à la consommation du poisson, ni sur des questions comme le niveau de poussière, la revégétalisation et les éléments paysagers, peut-on lire dans la lettre.

Une plaque de métal découpée pour indiquer «Welcome to DDMI Process Plant» est apposée sur le mur à l'intérieur de l'usine, en août 2024.
L’usine de traitement du minerai est située sur le site de la mine. De 2003 à 2023, 144 millions de carats ont été extraits du sous-sol. (Photo d’archives : Radio-Canada/Julie Plourde)

Quant à la Première Nation des Dénés Yellowknives (YKDFN), elle fait part d’inquiétudes similaires. Elle a également envoyé une lettre, signée par le directeur général Matthew Spence, à Office des terres et des eaux du Wek’èezhìi pour dire qu’elle est profondément préoccupée parce que les conséquences de la fermeture pourraient avoir des effets continus sur l’environnement, nuisant au retour de [ses membres.

Pour la YKDFN, la sécurité va au-delà de l’absence de danger, explique la Lettre de la Première Nation à l’Office des terres et des eaux du Wek’èezhìi. La sécurité, c’est que nos membres et leurs familles puissent se rendre à Ek’a Ti en sachant non seulement qu’il n’y a aucun risque, mais qu’ils pourront aussi prospérer.

Selon la YKDFN, les résultats du programme de surveillance de la qualité de l’eau à la mine ne correspondent pas aux observations faites par la communauté. La Première Nation affirme que, au cours d’un camp de surveillance communautaire l’année dernière, les participants ont jugé que seulement 2 des 15 poissons retirés du lac pouvaient être consommés.

Dans sa lettre, la Première Nation ajoute que les exigences de la fermeture sont trop axées sur les résultats d’échantillonnage de la mine et qu’il n’y a pas de façon d’y intégrer le savoir traditionnel.

D’autres sont satisfaits

Le gouvernement Tłı̨chǫ est plus optimiste envers l’approche adoptée par Diavik pour sa fermeture.

Brett Wheler, un conseiller principal du gouvernement Tłı̨chǫ, dit que les T.N.-O. ont une histoire marquée par la fermeture de mines. Les cas de Giant et de Rayrock ont laissé une image négative du secteur minier dans la population.

Diavik a l’occasion de laisser une empreinte positive, et le fait qu’elle a déjà commencé à réhabiliter certaines parties du site est encourageant, estime-t-il.

D’un point de vue technique, ainsi que de celui de la perspective traditionnelle et culturelle des aînés, on remarque que certains travaux sont déjà exécutés, et c’est positif, souligne-t-il.

Brett Wheler explique que la mine envisage de préserver la qualité de l’eau en recouvrant les amas de stérile avec une couche de roche propre. Ainsi, lorsqu’il pleuvra ou neigera sur le site, l’eau s’écoulera loin du stérile, se déversant dans des ruisseaux avant d’atteindre le lac Gras.

De grosses roches empilées, avec en arrière-plan un bâtiment de la mine et un plan d'eau, en août 2024.
L’îlot North Country est une montagne de résidus de l’extraction minière, contenant potentiellement des roches acides. Un couvert rocheux a été posé sur l’îlot, et sa forme a été conçue pour que les caribous, dont c’est le territoire de migration, puissent grimper par-dessus. (Photo d’archives : Radio-Canada/Julie Plourde)

 Il s’agit de la première mesure importante pour assurer une eau propre, et elle est presque terminée, ajoute-t-il.

Le gouvernement Tłı̨chǫ souhaite néanmoins qu’il y ait des analyses pour vérifier que l’eau et le sol du site ne présentent aucun danger pour ses membres.

 On veut s’assurer que, si les effets de la fermeture de la mine persistent à long terme, même s’ils sont minimes, ils ne représentent pas un danger pour la sécurité ou la santé, explique Brett Wheler.

Réponse de la mine

Dans une déclaration, un porte-parole de Diavik dit que la mine collabore avec les Premières Nations dans le cadre du renouvellement de son permis d’utilisation des eaux ainsi que du processus de fermeture.

La mine met également en place un programme de surveillance de la fermeture fondé sur le savoir traditionnel, indique la déclaration. Les détails de ce programme seront soumis à l’Office des terres et des eaux du Wek’èezhìi à l’automne.

La déclaration souligne qu’il sera possible pour les communautés d’interroger Diavik durant l’audience publique en juin.

Parmi les trois mines de diamants aux T.N.-O., Diavik sera la première à fermer ses portes. Ekati et Gahcho Kue devraient suivre en 2029 et en 2030.

Avec des informations de Nadeer Hashmi

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