Une forte croissance économique, sur le court terme, à prévoir dans le Grand Nord canadien

L’économie des trois territoires du nord canadien repose en grande partie sur l’industrie minière. Ici, la mine Minto au Yukon, qui produit principalement du cuivre, avec comme produits annexes de l’or et de l’argent. (Chris Wattie/Reuters)

Selon le rapport annuel du Conference Board du Canada, sur les perspectives de croissance économique au Grand Nord canadien, les trois territoires qui le constituent devraient connaître de belles années devant eux, malgré qu’à long terme les choses pourraient changer.

Même si les effets de la pandémie risquent de se faire sentir encore longtemps, l’amélioration actuelle de la situation fait dire aux auteurs du rapport que la demande pour les biens produits au Nunavut, au Yukon et aux Territoires du Nord-Ouest va augmenter, ce qui va soutenir la croissance économique dans la prochaine décennie.

Selon le rapport du Conference Board du Canada, 20-year Territorial Outlooks, les trois territoires devraient voir une forte augmentation de leur PIB cette année grâce aux restrictions sanitaires qui sont doucement en train d’être levées au pays et dans le monde.

La croissance sera principalement possible grâce à l’ouverture de plusieurs nouvelles mines, « un secteur clé dans l’économie du nord », comme le rappelle Liam Dialy, un économiste qui a participé à la rédaction du rapport.

Le domaine de la construction, avec de nouveaux projets de grande envergure, sera lui aussi une source de croissance, tout comme la reprise graduelle des activités de tourisme.

Un travailleur à la mine d’or Meadowbank, au Nunavut (Chris Wattie/Reuters)
Nunavut

Selon Liam Dialy, le territoire s’en tire bien depuis les dernières années, et il est attendu qu’il continue dans cette voie sur le court terme. Sa croissance en 2021 devrait se situer à 11,2 %. « Cela marquera la cinquième année de suite de croissance économique », note-t-il.

Puis, la croissance économique sera plus lente dans la deuxième moitié de la décennie, en moyenne 0,1 % par an entre 2025 et 2030.

Les mines du territoire connaissent un haut niveau de production, ce qui devrait « nourrir la croissance économique dans les années à venir », explique M. Dialy. Plusieurs devraient atteindre leur pic de production cette année. Et par la suite, malgré l’addition d’une nouvelle mine d’or en 2023, les niveaux devraient commencer à baisser.

Ce qui inquiète M. Dialy c’est l’exploitation minière, « en déclin depuis une dizaine d’années ». Il pense que, si celle-ci s’accélère, elle permettrait de maintenir une forte croissance économique dans la deuxième moitié de la décennie actuelle.

L’un des autres défis du Nunavut, dans les années à venir, dit-il, est de faire en sorte de former les habitants du territoire pour que leurs compétences correspondent à celles qui sont utiles à l’activité minière, mais aussi à la construction. En effet, le territoire compte beaucoup sur des travailleurs venus d’ailleurs, alors que le taux de chômage du Nunavut est le plus élevé du Canada (14 % en 2020).

La mine de diamants Diavik est située à environ 300 km de Yellowknife. (Photo : Rio Tinto)
Territoires du Nord-Ouest

Les Territoires du Nord-Ouest, qui devraient pourtant connaître une croissance de leur PIB de 14,1 % en 2021, verront les effets positifs du regain économique post-pandémie se dissiper largement entre 2030 et 2040.

Déjà en 2020, le Conference Board avait noté que les Territoires du Nord-Ouest connaissaient deux années difficiles d’un point de vue économique, avec la fermeture des mines de diamants consécutives à la pandémie. Le futur de l’industrie ne semble pas particulièrement plus rose.

« Sur les trois mines de diamants en exploitation actuellement, deux vont fermer au début de la prochaine décennie », note Liam Dialy. Ces mines ont en effet atteint leur pic de production.

Bonne nouvelle cependant : trois nouvelles mines, dont certaines de métal, devraient commencer leurs opérations d’ici quelques années. Pour l’économiste, cela ne sera cependant pas suffisant pour « empêcher une baisse générale de la croissance économique ».

Plusieurs projets de construction devraient néanmoins permettre au taux de chômage de se stabiliser aux alentours de 7,3 % pour les 10 prochaines années. Après, la population devrait commencer à décliner, selon Liam Dialy, ce qui représentera un défi pour trouver de la main-d’œuvre.

Le complexe Normandy Manor proposera en 2022 aux aînés autonomes de Whitehorse 84 logements en location avec soutien. (Photo : KBC Developments)
Yukon

« Des trois territoires, les prévisions pour le Yukon sont les plus positives », affirme Liam Dialy. Sur les cinq prochaines années, le PIB devrait augmenter de 7,6 % en moyenne. Rien qu’en 2021, la hausse se situera à 11 %.

Ces bons résultats s’expliquent encore une fois par la bonne santé de l’industrie minière. Les mines n’ont pas fermé pendant la pandémie, le prix de l’or a augmenté et le pic de production n’a pas été atteint, ajoute M. Dialy.

Deux nouvelles mines devraient aussi ouvrir dans les prochaines années. « Il faut ajouter à cela un bon nombre de projets d’infrastructures qui aident également à soutenir la croissance économique dans les 10 ans à venir. »

Si les étoiles semblent s’être alignées pour le territoire, un problème persiste : la population yukonnaise vieillit. Cela ajoute une pression sur le marché du travail et force le Yukon à chercher de la main-d’œuvre internationale.

« Bien qu’un certain nombre de mines ouvrent leurs portes au cours des prochaines années, le taux de chômage est déjà très bas au Yukon, de sorte qu’on va augmenter la pression sur les personnes qui viennent sur le territoire pour occuper ces emplois afin de s’assurer que les gains économiques de ces nouvelles mines et des projets de construction puissent être réalisés. »

Laureen Laboret, Radio-Canada

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