Le changement climatique assèche la source d’eau d’Umiujaq, au Nunavik

Un homme debout près d'un cours d'eau.
Un des chercheurs de l’Université Laval près de l’ancienne source d’eau d’Umiujaq. En mars 2024, le village a constaté que son réservoir n’était plus alimenté. Les chercheurs avancent que c’est dû à la fonte du pergélisol. (Photo : Richard Fortier)

La communauté d’Umiujaq, située au Nunavik, est à la recherche d’une nouvelle source d’eau potable après avoir réalisé, l’an dernier, que sa réserve avait complètement disparu.

En mars 2024, lorsqu’il a appris que le réservoir du village était vide, Hossein Shafeghati, directeur des travaux publics pour l’Administration régionale Kativik, a demandé à des chercheurs de l’Université Laval de mener une enquête sur l’origine de cette disparition.

Selon leur hypothèse, c’est la fonte du pergélisol qui a fait tarir la source d’eau qui alimentait le réservoir.

Ils croient que la dégradation du pergélisol a entraîné un changement dans la pente du versant, ce qui a fait dévier le cours d’eau, dit M. Shafeghati.

L’été passé, des spécialistes ont fait venir des pompes afin de remplir le réservoir en puisant l’eau dans une autre section de la rivière. Lorsqu’il est plein, il peut contenir suffisamment d’eau pour alimenter la collectivité pendant environ deux ans, mais la quête pour une nouvelle source permanente se poursuit.

Les défis du terrain

Richard Fortier, un des chercheurs, dit que l’équipe a repéré plusieurs endroits possibles, mais que chacun présente des défis logistiques.

Il cite l’exemple d’une rivière voisine à proximité d’un site d’enfouissement.

 Si nous voulions pomper l’eau de surface, nous devrions la prendre en amont du dépotoir et de la pompe des eaux usées, sinon elle serait contaminée, explique M. Fortier.

Cependant, cela entraînerait un projet de construction beaucoup plus complexe et plus coûteux.

Jean-Michel Lemieux, un autre chercheur, suggère de puiser l’eau dans une source souterraine, comme le font les communautés de Salluit et de Kuujjuarapik. En effet, la chaleur émanant de ces sources peut entraîner la formation de taliks, c’est-à-dire de zones non gelées au sein d’une étendue généralement glacée.

Une station de traitement des eaux au bord d'un mur de roche.
Le grand réservoir d’eau a été creusé dans le substratum rocheux, à proximité du village d’Umiujaq. (Photo : Hossein Shafeghati)

M. Lemieux affirme qu’il y a une vallée contenant des eaux souterraines dans la région, mais qu’elle se trouve à plusieurs kilomètres du village. Il croit toutefois que cela en vaut la peine, car l’eau souterraine est de meilleure qualité.

Lorsque la nouvelle source d’eau pour Umiujaq aura été choisie, le ministère de l’Environnement du Québec devra l’autoriser.

M. Shafeghati prévoit aussi qu’il faudra un certain temps pour construire de nouvelles infrastructures. Il estime que le projet complet prendra cinq ans.

Autres effets du réchauffement climatique

Le dégel du pergélisol peut contribuer aux glissements de terrain, indique M. Shafeghati.

Le chemin menant à l’aéroport d’Umiujaq serait peut-être à risque, mais le reste du village devrait être épargné, précise-t-il.

C’est tout de même un facteur à prendre en considération dans le choix de la nouvelle source d’eau du village.

Le gouvernement du Québec est également conscient des dangers. La semaine dernière, il a alloué 1,15 million de dollars à des spécialistes de l’Université Laval afin qu’ils déterminent les zones qui sont susceptibles d’être touchées par des glissements de terrain au Nunavik.

Il a aussi accordé une subvention de 700 000 $ à l’Administration régionale Kativik pour gérer les risques liés aux changements climatiques et renforcer la résilience des communautés.

Avec les informations de Samuel Wat

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