Plusieurs facteurs humains derrière le déversement de la mine Eagle

Vue sur une mine entourée de montagnes, le 3 juillet 2024, au Yukon.
Le travail de remédiation sur le site de la mine Eagle se poursuit, un an après le déversement. (Photo : Radio-Canada/Camille Vernet)

Le rapport indépendant très attendu sur les causes du déversement à la mine Eagle, au Yukon, a été déposé mercredi. Les experts concluent que l’effondrement est dû à plusieurs facteurs d’origine humaine.

Le 24 juin 2024, la plateforme de lixiviation en tas de la mine Eagle, au centre du territoire, s’effondre. Des tonnes de minerai contaminé au cyanure, une solution utilisée pour séparer l’or de la roche, se retrouvent hors de leur zone de confinement et atteignent la nature.

L’impact sur l’environnement continue de se faire sentir.

Un an plus tard, le rapport de la commission de révision indépendante souligne cinq causes majeures ayant mené au déversement, plusieurs pointant vers des modifications ou un non-respect des plans approuvés au départ. Le rapport propose trois recommandations pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise à l’avenir.

Selon les deux auteurs du rapport, Mark E. Smith et Jean-Marie Konrad, l’élément déclencheur du glissement de terrain qui a mené au déversement est une rampe d’accès intermédiaire plus en pente que ce qui était prévu au départ.

Si le facteur de sécurité avait été plus robuste comme il en avait été convenu dans les plans préliminaires […], l’élément déclencheur n’aurait pas eu lieu à l’endroit ni au moment où il s’est produit, peut-on lire dans le rapport.

Plusieurs facteurs aggravants étaient toutefois déjà en place et ont précipité le désastre.

Une variation dans la taille du minerai aurait contribué à fragiliser l’amas se trouvant sur la plateforme. Ensuite, une détérioration du système de collecte de la liqueur mère, c’est-à-dire la solution contenant l’or, a mené à un niveau d’eau plus élevé que la normale, ajoutant d’autant plus de pression sur le système.

La liquéfaction du minerai, qui ajoute à son instabilité, explique l’ampleur du déversement et le fait que le minerai a quitté la zone de confinement, ce qui a eu le plus grand impact sur l’environnement, précisent les experts.

Une pancarte recommande de ne pas consommer l'eau d'un ruisseau.
En raison de la situation à la mine Eagle, l’eau et les poissons provenant du ruisseau Haggart sont toujours impropres à la consommation. (Photo : Radio-Canada/Francis Plourde)

Finalement, une augmentation de l’irrigation au printemps a contribué à saturer la plateforme, ajoutant d’autant plus à son instabilité.

La commission de révision indépendante recommande un changement dans les pratiques de l’industrie minière, dans le processus de réglementation, ainsi qu’une mise à jour des normes sur les installations de gestions des résidus miniers. Le but étant d’augmenter la responsabilité des entreprises minières concernant l’état de leurs installations.

Le rapport, hautement technique, est toujours en révision par le gouvernement du Yukon.

Dans un communiqué, le gouvernement indique qu’il est trop tôt pour déterminer si une enquête publique sera déclenchée au regard des conclusions tirées dans le rapport.

Le ministre de l’Énergie et des Mines du Yukon, John Streicker. (Radio-Canada/Sarah Xenos)

La confiance du public se perd rapidement et se construit lentement, donc nous devons continuer à travailler fort et une manière de le faire c’est de répondre à ce rapport. Je pense que les recommandations sont bonnes et solides, soutient le ministre de l’Énergie et des Mines, John Streicker.

Il dit que le travail de remédiation sur le site de la mine Eagle continue et montre des signes prometteurs.

Nous pompons dorénavant l’eau souterraine qui est contaminée. Mais nous pouvons voir qu’en faisant cela et qu’en la traitant, en aval, dans le ruisseau Haggart, les niveaux de cyanure, de mercure et d’arsenic descendent tous sous les objectifs de qualités de l’eau, affirme-t-il, en ajoutant toutefois qu’il reste du travail à faire pour remettre la mine sur pied.

La mine a d’ailleurs officiellement été mise en vente la semaine dernière.

À lire aussi : 

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *