Des avis partagés, à Fort Resolution, sur l’avenir des sépultures non marquées

Les opinions divergent parmi les résidents de Fort Résolution, aux Territoires du Nord-Ouest, quant aux actions à entreprendre sur les sites funéraires repérés dans le secteur de Mission Island, près de la communauté.
Certains estiment que ce travail est nécessaire pour atteindre la guérison, tandis que d’autres croient que les sépultures anonymes doivent demeurer intactes.
Le secteur de Mission Island a abrité l’École Saint-Joseph, un pensionnat pour Autochtones, de 1857 à 1890.
L’endroit a également été un lieu de rassemblement communautaire, ainsi qu’une escale fréquentée par de nombreux voyageurs durant la traite des fourrures.
On ne sait pas encore si les restes non identifiés qui y ont été trouvés récemment appartiennent à d’anciens élèves ayant fréquenté l’école ou à des voyageurs décédés dans la région.
Les recherches, dirigées par la Première Nation Deninu Kųę́ depuis 2022, visent à découvrir la vérité et à préserver l’histoire pour les générations futures.
Diane Giroux, résidente de Fort Resolution et membre de la Première Nation Deninu Kųę́, croit que ces recherches représentent une étape importante vers la vérité, la réconciliation et la guérison.
À ses yeux, le legs douloureux des pensionnats pour Autochtones a laissé une trace durable sur son peuple.
Des enfants sont morts durant leur séjour au pensionnat, dit-elle.Il s’agit d’une préoccupation pour nous, parce qu’il s’y trouvait des enfants d’un peu partout.

Mme Giroux admet que la relation qu’entretient la culture dénée avec la mort rend difficile la perturbation d’un site funéraire.
Sur le plan culturel, lorsqu’une personne meurt, nous n’aimons pas la déranger, souligne-t-elle.En même temps [ces enfants] ne se trouvent pas là où ils devraient être.
Des voies divergentes
Certains membres de la communauté souhaiteraient qu’on laisse ces sites d’enterrement intacts.
Résident de longue date de Fort Resolution, Arthure Beck dit croire que ces sépultures font partie de sites funéraires connus depuis longtemps de la communauté, et qu’elles ne sont pas liées à l’ancienne école.
Il souligne que le secteur abritait autrefois un poste de traite de fourrure, construit à la fin du 18e siècle par la Compagnie du Nord-Ouest. Des voyageurs y seraient décédés et auraient été enterrés sur place.
J’aimerais qu’on laisse cet endroit tranquille et que leurs âmes reposent en paix, dit-il.

Les aînés avec qui il a discuté s’opposeraient tout comme lui aux fouilles entreprises dans le secteur. Ça ne les enchante pas. Mais bien des aînés ne s’expriment pas ouvertement
, indique M. Beck.
La Dre Stephanie Calce, anthropologie biologique et médico-légale, collabore à l’enquête menée par la Première Nation. Elle souligne l’importance de bâtir et maintenir la confiance du public, et de veiller au bien-être des résidents de la communauté, dont les familles ont un lien avec le site funéraire.
On parle ici de vraies personnes, de vraies familles. Il est important pour nous de créer des liens avec les gens qui vivent ici, souligne-t-elle.Il ne s’agit pas simplement de venir faire notre travail et de repartir.
La Première Nation Deninu Kųę́ a indiqué que les résultats du projet ne seront pas immédiatement révélés au public. Les conclusions seront d’abord présentées aux membres de la communauté dans le cadre d’une rencontre prévue pour cet automne. Ces derniers décideront des prochaines étapes.
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