Un nouveau site en mémoire des victimes des pensionnats sur la colline du Parlement du Canada

Jimmy Durocher, survivant des pensionnats, prend la parole lors de la cérémonie du dévoilement du site du Monument national des pensionnats sur la colline du Parlement, à Ottawa. (Sean Kilpatrick/La Presse canadienne)
Si l’aspect du futur Monument national sur les pensionnats pour Autochtones reste encore un mystère, son emplacement a été dévoilé mardi matin, à Ottawa, en présence de représentants des communautés, d’aînés et de survivants, ainsi que du premier ministre Justin Trudeau.

Le site retenu se situe à l’ouest de la colline du Parlement et demeure « très visible au cœur du centre-ville d’Ottawa », fait valoir Patrimoine canadien. Il doit accueillir des cérémonies, des commémorations et d’autres activités officielles.

Tout en symboles, ce lieu évocateur a été choisi par un comité dirigé par des survivants qui souhaitaient transmettre le souvenir des pensionnats, susciter l’hommage du Canada envers les victimes et faire réfléchir leurs contemporains sur les enseignements à en tirer.

Au cours d’une cérémonie traditionnelle, les intervenants ont tour à tour exprimé leur gratitude envers la Nation algonquine Anishinabeg qui a accepté d’accueillir le futur monument sur ses terres ancestrales.

« C’est un jour important pour les Autochtones parce que nous montrons notre engagement à honorer les vies, la mémoire des survivants, de ceux qui ont perdu la vie », a déclaré la gouverneure générale du Canada, Mary Simon, elle-même ardente défenseuse des droits des Autochtones et première Inuk à occuper le poste de représentante de Charles III.

Mme Simon a précisé que le monument ne constituait pas une fin en soi, mais plutôt une étape de plus « vers la compréhension et la guérison ».

JLa guérison est un voyage, pas une destination. Elle prend du temps, elle commence lentement, doucement, prudemment. Elle suit son propre chemin, nous fait avancer, mais aussi [nous conduit] dans beaucoup d’autres directions […] Tôt ou tard, elle nous mène au-delà du traumatisme.Mary Simon, gouverneure générale du Canada

Certains intervenants ont exprimé leur souhait de voir un parcours pédagogique accompagner le futur monument.

Jimmy Durocher, ancien combattant et aîné métis de la rivière Rouge, en Saskatchewan, a souligné l’importance de mettre en lumière la vérité autour des pensionnats, d’en considérer les effets sur l’époque actuelle, mais aussi sur les prochaines générations.

« Qu’est-il arrivé à notre peuple pendant ces années-là? Tous les Canadiens ont besoin de connaître la vérité, même si c’est très dur pour nous, mais l’aspect positif, c’est qu’on est toujours là », a-t-il ajouté.

Pour le survivant métis âgé de 83 ans, la vigilance reste de mise, en référence au courant de négationnistes qui rejettent ou minimisent les abus physiques, sexuels et psychologiques infligés aux enfants autochtones dans ces pensionnats.

Le projet de monument répond à l’appel à l’action no 81 de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) qui demandait à Ottawa de « commander un monument national sur les pensionnats et de l’installer de manière à ce qu’il soit accessible au public et très visible dans la ville d’Ottawa, et ce, pour honorer les survivants et tous les enfants qu’ont perdus les familles et les collectivités concernées ».

En 2021, le gouvernement du Canada a annoncé qu’un montant de 20 millions de dollars serait octroyé à la construction de ce monument. Un an plus tard, un comité directeur mené par des survivants a été créé pour superviser le projet jusqu’à son achèvement.

Un texte de Maud Cucchi

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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