Le manque de chambres d’hôtel au Nunavik freine les services essentiels

La Fédération des coopératives du Nouveau-Québec (FCNQ) souhaite doubler l’offre de chambres d’hôtel au Nunavik, non pas pour le tourisme, mais pour répondre aux besoins des institutions régionales, qui doivent déplacer du personnel essentiel dans les communautés isolées du Grand Nord québécois.
Avec seulement 265 chambres, réparties dans 13 des 14 communautés de la région, la FCNQ ne répond plus à la demande.
Ces hôtels, détenus par les coopératives locales, accueillent aussi bien des employés du secteur de la santé que de l’éducation ou que d’autres services publics et privés.

Toutefois, les chambres sont toutes occupées, et les conséquences sur les institutions locales sont bien réelles.
À la Commission scolaire Kativik, par exemple, il est parfois impossible de loger les conseillers pédagogiques ou les gestionnaires appelés à soutenir les enseignants.
La plupart des rencontres des commissaires, qui réunissent des membres élus de chaque communauté, ont aussi dû être faites à Montréal cette année, par manque de place à l’hôtel.
Même si on essaie de réserver à l’avance, il n’y a pas de chambres d’hôtel. […] Ça coûte beaucoup plus cher de voyager à Montréal que de rester au Nunavik, indique Jeannie Dupuis, directrice générale adjointe à la Commission scolaire Kativik.
La Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik (RRSSSN) évoque des contraintes similaires.
Le manque de chambres à l’hôtel limite le déplacement rapide de ressources sur le territoire.
Plusieurs interventions de dépistage de la tuberculose n’ont pas eu lieu dans les dernières années, entre autres, à cause du manque d’espace pour loger les infirmières, souligne la RRSSSN.
Doubler la capacité
Selon la FCNQ, il faudrait presque doubler la capacité actuelle pour répondre à la demande des institutions et des organismes en déplacement.
Quand on croise les organisations locales dans des rencontres, ils nous pointent du doigt et disent : “Construisez, construisez!“, dit Sokchiveneath Taing Chhoan, directeur principal au développement socioéconomique de la FCNQ.

L’organisation fait aussi face à un problème de financement.
Selon la FCNQ, bâtir au Nunavik coûte au minimum trois fois plus cher que dans le sud de la province.
Pour un seul projet de 17 chambres, on parle de 5,5 millions de dollars, note Sokchiveneath Taing Chhoan.
Les coopératives locales, qui réinvestissent leurs surplus dans les services communautaires, ne peuvent assumer seules de tels montants, croit-il.
Sans aide, ces coopératives n’auraient pas d’autre choix que d’augmenter le prix des chambres d’hôtel, souligne la FCNQ.
On ne pourrait pas se virer de bord et charger 700 ou 800 $ par nuit pour les chambres. C’est là tout le défi avec le financement de ces projets-là, explique le directeur général de la FCNQ, Mark Blair.
La FCNQ prépare un plan d’affaires détaillé, qui sera soumis au gouvernement du Québec.
Des discussions ont déjà eu lieu avec le Secrétariat aux relations avec les Premières Nations et les Inuit, ainsi qu’avec la Société du Plan Nord.
Il y a différentes idées de projet en branle. Nous allons regarder ça dans l’ensemble des besoins et discussions pour le Nunavik, a déclaré un porte-parole du cabinet du ministre des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière.
On espère qu’il y aura une ouverture, parce que les besoins sont là, conclut pour sa part Mark Blair.
À lire aussi :