Élections au Yukon : retour sur quatre ans de gouvernement minoritaire

Un texte de Marie-Soleil Desautels
Le 3 novembre, les Yukonnais se rendront aux urnes pour choisir la composition de la 36e législature. En attendant toutes les annonces et les plateformes des partis, retour sur ce que chacun retient des quatre dernières années.
Le Parti libéral du Yukon est à la tête d’un gouvernement minoritaire depuis 2021 grâce à un accord de confiance et de soutien, renouvelé, avec le Nouveau Parti démocratique (NPD).
À la question de savoir si les Yukonnais ont été bien servis dans ce contexte, la cheffe du Nouveau Parti démocratique, Kate White, répond qu’ils l’ont été « par le NPD ».
Elle soutient que les changements bénéfiques sont dus à son parti. Elle énumère le programme de soins dentaires, dont elle se dit très fière, l’augmentation du salaire minimum ainsi que les mesures de soutien pour les familles et en milieu scolaire.
En quatre ans, on a fait avancer plein de choses. Si on a pu faire ça avec trois députés, imaginez ce qu’on pourrait faire comme gouvernement, dit Mme White, qui se voit première ministre. Elle a été élue pour la première fois il y a 14 ans aujourd’hui.
Collaborer pour gouverner
En élisant un gouvernement minoritaire, dit le ministre libéral sortant John Streicker, les Yukonnais ont indiqué que les élus devaient collaborer.
Député de Mount Lorne-Lacs du Sud depuis neuf ans, il a choisi de prendre sa retraite politique, mais il s’implique dans la campagne électorale.
Il y a des choses auxquelles le NPD a assurément contribué, le Parti du Yukon a aussi fait une partie du travail et c’est aussi le cas du Parti libéral, dit-il.
Selon lui, l’Assemblée législative a été « productive ».
M. Streicker cite en exemple l’adoption de la Loi sur l’Office de la santé au printemps.
Ça, c’est nous qui avons travaillé directement avec toutes les Premières Nations du Yukon et ça a été monumental quand ça a été adopté. Ce projet de loi a aussi évolué à la suite de suggestions et d’amendements des autres partis.
La création d’une autorité de la santé avait été recommandée après un examen indépendant (nouvelle fenêtre) du système de santé en 2019.
Cette transition pourrait cependant être remise en cause si le Parti du Yukon est élu : son chef, Currie Dixon, ne s’engage pas à la mettre en œuvre. Et il a un autre avis au sujet des quatre dernières années.
L’accord [avec le NPD] a été le pire scénario, dit-il. Cela a équivalu à la mise en œuvre de la plateforme du NPD par les libéraux et, franchement, ça n’a pas fonctionné.
Si M. Dixon admet que certains aspects de l’accord étaient « raisonnables » et « ont permis du progrès », s’il reconnaît que le gouvernement a « généralement fait avancer la réconciliation de manière positive en collaborant avec les gouvernements des Premières Nations », il rappelle à quel point son parti a été critique.
Currie Dixon est convaincu depuis longtemps qu’une « majorité écrasante » de Yukonnais veulent du changement, de quoi en faire le slogan du parti.
La situation, poursuit-il, est désastreuse en matière de santé, d’économie, d’éducation et de logement. On est les seuls à pouvoir offrir ce changement.
M. Streicker en doute : cinq des candidats du Parti du Yukon sont à l’Assemblée depuis plus de 12 ans, rappelle-t-il, dont quatre anciens ministres.
Ça ne ressemble pas à du changement. Si c’en est un, c’est peut-être pour un retour en arrière. On verra quand leur programme sortira.
Chez les libéraux, un seul député sortant se représente dans les 21 circonscriptions.

Du pain sur la planche
M. Streicker rappelle que le Yukon connaît une forte croissance de population.
Si ce territoire profite ainsi d’une économie extrêmement dynamique, dit-il, cela exerce beaucoup de pression sur le système de santé et sur l’accès à des logements.
Tous les partis reconnaissent d’ailleurs l’importance de s’attaquer à ces problèmes, chacun à leur façon.
Mme White estime que la santé a été négligée ces dernières années. Selon elle, les idées du personnel médical sont ignorées.
Deux infirmières sont dans notre équipe et on présente les idées et les solutions qu’on sait supportées [sic] dans le milieu.
Ce qui distingue son parti des deux autres, dit-elle, c’est qu’il travaille pour les Yukonnais.
On écoute, on apprend et on prend des décisions. Nous sommes le parti des solutions, dit-elle.
M. Streicker, à moins d’un mois de sa retraite politique, dit que « beaucoup de travail a été fait sur tous les fronts et que, oui, il en reste encore ».
Sur ce dernier point, tous les partis sont d’accord : il reste du travail à faire.
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