Au Collège nordique, le « choc » après une baisse sévère du financement fédéral

Un texte de Mohamed-Amin Kehel
Aux Territoires du Nord-Ouest, le Collège nordique francophone a appris en septembre la baisse de l’enveloppe accordée par Patrimoine canadien. Il perd ainsi deux tiers d’un financement qui représentait plus de 60 % de son budget.
La baisse du montant attribué par ce fonds fédéral a été une surprise pour le seul établissement d’enseignement postsecondaire francophone accrédité au nord du 60e parallèle.
L’établissement avait reçu, l’an dernier, autour de 2,8 millions de ce fonds, soit environ 63 % de son budget de fonctionnement.
On s’attendait à une stabilisation, peut-être à une petite baisse, confie Patrick Arsenault, le directeur général du Collège nordique francophone. Mais on ne s’attendait vraiment pas à recevoir seulement le tiers.
En visite à Ottawa lorsqu’il a appris cette décision, il y a rencontré des collaborateurs du ministre responsable des Langues officielles, Steven Guilbeault.
On a fait allusion aux compressions que le premier ministre a demandées, mais je n’ai pas trop insisté, raconte le directeur en référence à la volonté de Mark Carney de réduire les dépenses des ministères de 15 % d’ici 2028-2029.
« Beaucoup de fonds ont été investis, puis, là, on se retrouve un peu les ailes brisées et on ne peut pas continuer la pleine cadence qu’on avait », ajouteM. Arsenault.
De son côté, Patrimoine canadien précise que ces fonds sont issus d’une entente signée en mars dernier.
Par ailleurs, selon le ministère, entre 2020-2021 et 2024-2025, un total de 7 699 297 $ a été alloué à trois projets ponctuels menés par le Collège nordique francophone.
Suppressions de postes
En juin, l’établissement avait laissé trois postes vacants, croyant se mettre à l’abri en cas de compressions budgétaires.
L’ampleur de la baisse du financement a néanmoins pris tout le monde de court et forcé la direction à licencier quatre employés de plus en septembre.
Donc, ça fait un total de 7 personnes depuis juin sur une équipe d’à peu près 20, c’est énorme. C’est presque la moitié des employés, se désole Patrick Arsenault.
« Certains des employés étaient avec nous depuis plusieurs années et étaient installés dans la communauté, ce qui est assez rare dans le Grand Nord », ajoute-t-il Patrick Arsenault.
Donc, c’est sûr que ça, ça fait mal.
La situation est aussi difficile pour le président du conseil d’administration, Aleksandar Kovacevic, qui dit comprendre la fragilité du contexte économique général et la nécessité pour Ottawa d’économiser, mais regrette une décision trop dure.
Le Collège s’était distingué ces dernières années, affirme-t-il. C’est une baisse, disons brutale, qui remet en question notre plan de croissance.
Incertitudes pour la suite
La suite reste encore floue pour le Collège nordique.
Il faut tout repenser, tout refaire la planification pour les trois années à venir, explique Patrick Arsenault, l’air soucieux.
« Pour le moment, je ne peux pas dire grand-chose parce qu’on doit vraiment se mettre à la table et prendre des décisions difficiles », indique pour sa part Aleksandar Kovacevic.
«Comme président, je me sens redevable envers notre communauté francophone qui compte sur le collège pour apprendre et s’épanouir en français dans le Nord, dit Aleksandar Kovacevic, président du Collège nordique francophone. C’est une situation assez difficile, mais ça motive encore plus à la défense de notre collège.»
Patrick Arsenault ajoute que les changements se feront sentir après janvier et « surtout à partir de septembre prochain ».
Le Collège peut aussi bénéficier de financement pour la réalisation de projets ponctuels à durée déterminée, affirme de son côté Patrimoine canadien dans un courriel.
« Nous avons la responsabilité de défendre les intérêts de la minorité linguistique, de nous assurer qu’il y aura des programmes pour les futures générations », rétorque toutefois le directeur du Collège.
Donc, si nous ne sommes pas capables de planifier à long terme, avec du financement par projet seulement, cela complique les choses.
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