Décédée il y a 80 ans dans un pensionnat ténois, Alma Beaulieu retourne chez elle
Alma Beaulieu avait 5 ans lorsqu’elle a perdu la vie, en 1944, au pensionnat Saint-Joseph de Fort Resolution, dans les Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.). Après huit décennies d’absence, elle a finalement été rapatriée à Fort Resolution, auprès des siens.
Deplphine Beaulieu peut encore entendre le violon de son père et ses sœurs, Alma et Dot, dansant tout autour.
C’est son seul souvenir de sa petite sœur.
Elle garde en elle ce souvenir depuis huit décennies, avec la promesse qu’elle a faite à sa mère de ramener Alma à la maison.
Cette promesse a été tenue en octobre, lorsqu’Alma a été enterrée aux côtés de sa mère, à Fort Smith.
Je suis tellement heureuse, lance Delphine Beaulieu, résidente de Fort Smith. Je sais que ma mère nous regarde du paradis. Elle sourit sans doute.
Aucune explication sur le décès d’Alma n’a été fournie à la famille. Elle n’est simplement jamais rentrée à la maison.
Leur mère, Marie Louise, n’a appris sa disparition que lorsqu’un autre enfant, de retour du pensionnat, lui a rapporté la nouvelle.
Ce dont je me souviens, c’est de ma mère qui pleure, et pleure encore pendant des jours et des jours, se remémore Delphine. Elle ne s’en est jamais remis. Elle nous en parlait assez souvent.
C’est une photo des sépultures non identifiées du cimetière Fort Resolution, envoyée au fils de Delphine, qui a ravivé le souvenir de ce deuil, mais aussi la promesse de la ramener à Fort Smith.
Elle a alors pu collaborer avec la Première Nation Deninu Kųę́ et avec une équipe médico-légale et des chercheurs de partout au pays, pour retrouver le lieu de sépulture d’Alma.
L’équipe médio-légale a pu confirmer qu’Alma a été retrouvé grâce à son ADN.
J’étais tellement heureuse. Je n’ai jamais cru que ça pouvait être possible, dit Deplhine.
Un long processus
Il a fallu plus de deux ans pour rapatrier le corps d’Alma à Fort Smith, car les sites de sépultures ancestraux étaient considérés par la loi comme des sites archéologiques.
Des documents du gouvernement décrivant les corps comme des artefacts ont ajouté à la frustration de plusieurs résidents.
En octobre, le député de Tu Nedhé-Wiilideh, Richard Edjericon, a déclaré à l’Assemblée législative que le retour d’Alma rétablit le droit de ramener leurs êtres chers à la maison et de les enterrer selon leurs propres traditions, un droit fondamental longtemps refusé aux familles des communautés autochtones.
Le premier ministre des T.N.-O., R.J. Simpson, a déclaré que l’histoire d’Alma a aidé à clarifier la façon dont les familles peuvent réclamer la permission de localiser le corps de leurs êtres chers, en vertu de la loi sur la Santé publique.
Cette loi permet à l’Administratrice en chef de la santé publique d’autoriser une exhumation avec une permission écrite ou une ordonnance du tribunal.
Le premier ministre a également souligné que le territoire a travaillé de concert pour clarifier et dissiper la confusion entourant le processus, ainsi que le document, afin de continuer à aider d’autres familles qui souhaitent ramener leurs proches à la maison.
Pour Delphine, le retour d’Alma a apporté un sentiment de paix et d’apaisement. Elle espère que d’autres familles pourront désormais faire de même.
Avec les informations de Carla Ulrich
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