La Chine et la Russie lorgnent l’Arctique canadien, selon le SCRS

Un bateau navigue dans les eaux arctiques.
Un bateau de la compagnie Armateurs du Saint-Laurent navigue dans les eaux arctiques. (Photo d’archives : Armateurs du Saint-Laurent)

Les services de renseignement chinois et russes s’intéressent de près à l’Arctique canadien et à ceux qui en développent le potentiel, a prévenu Dan Rogers, directeur du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) jeudi.

Dans un discours prononcé jeudi sur les menaces qui pèsent sur le Canada, M. Rogers a affirmé qu’il n’est pas surprenant que le SCRS ait constaté des efforts de collecte de renseignements étrangers dans la région, ciblant à la fois les gouvernements et le secteur privé.

M. Rogers a expliqué que des États non arctiques, comme la Chine, cherchent à s’implanter économiquement et stratégiquement dans la région. Quant à la Russie, un État arctique qui dispose d’une importante présence militaire dans la région, elle demeure imprévisible et agressive, a-t-il signalé.

M. Rogers a indiqué que le SCRS réagit en collaborant avec ses partenaires autochtones, arctiques et nordiques partout au Canada afin de les informer des observations du service et de tirer profit de leurs points de vue.

Par exemple, a-t-il affirmé, le SCRS a fourni aux gouvernements inuit et territoriaux des renseignements pour les aider à tenir compte de la sécurité nationale lorsqu’ils prennent des décisions concernant les occasions d’affaires et de recherche avec des entreprises et des investisseurs étrangers.

Le sous-marin NCSM Corner Brook devant le relief accidenté de l'île de Baffin, dans la baie de Frobisher, dans l'Arctique canadien, le 19 août 2009.
Des forces étrangères multiplient les efforts de collecte de renseignements, en ciblant les gouvernements et le secteur privé actifs dans la région. (Photo d’archives : Reuters/Andy Clark)

Dan Rogers, qui a pris la direction du SCRS il y a un peu plus d’un an, a décrit les menaces actuelles qui pèsent sur le Canada : espionnage, ingérence étrangère, répression transnationale et extrémisme violent, dans un contexte de tensions accrues avec les États-Unis, un partenaire clé en matière de sécurité nationale.

Après son discours, il a affirmé aux journalistes que la relation de sécurité entre le Canada et les États-Unis demeure solide, malgré l’évolution des priorités de Washington.

Interrogé sur la possibilité que le Canada partage des renseignements avec les États-Unis en appui aux frappes militaires américaines contre des trafiquants de drogue présumés en mer, Dan Rogers a indiqué que le partage de renseignements du SCRS se fait généralement au cas par cas, en tenant compte du droit canadien et des droits de la personne.

Les services de renseignement ont longtemps concentré leurs efforts d’espionnage sur les secrets gouvernementaux et militaires, cherchant à obtenir des informations sur les technologies et les stratégies économiques, a constaté M. Rogers.

Aujourd’hui, si les objectifs restent similaires, les cibles sont plus variées, affirme Dan Rogers, directeur du Service canadien du renseignement de sécurité. Certaines des technologies les plus avancées et les plus émergentes sont désormais détenues par le secteur privé et les institutions universitaires.

M. Rogers affirme que les gouvernements nationaux sont toujours ciblés pour leurs renseignements sensibles et leurs secrets militaires et économiques, mais les entreprises et d’autres ordres de gouvernement le sont également, car leurs données, leurs innovations technologiques, leur influence et leur accès aux ressources peuvent faire basculer l’équilibre des forces.

Recrutement au moyen des médias sociaux

Des espions chinois auraient d’ailleurs tenté de recruter des Canadiens ayant accès aux plans, aux informations et à l’expertise militaire du gouvernement par l’intermédiaire des médias sociaux et des plateformes d’emploi en ligne, a indiqué le directeur Rogers. Le SCRS et ses partenaires auraient trouvé des moyens de repérer et de contrer ces tentatives au cours de la dernière année.

Le service d’espionnage a également collaboré avec ses partenaires pour identifier les agents du renseignement russe et leur interdire l’accès au Canada ainsi que pour contrer les efforts de sabotage de Moscou par l’intermédiaire des entreprises de messagerie et le secteur des transports, a-t-il précisé.

Le SCRS a également informé plusieurs entreprises canadiennes que des sociétés-écrans basées en Europe, qui cherchaient à acquérir leurs marchandises, étaient en réalité liées à des agents russes, a déclaré M. Rogers.

Ces entreprises ont non seulement pris des mesures immédiates pour contrer le succès des Russes, mais elles ont aussi exprimé leur gratitude et leur intérêt à collaborer pour contrer toute activité russe future, a-t-il affirmé.

Dan Rogers a dénoncé la répression transnationale exercée par des régimes étrangers au moyen de la surveillance, de la diffusion de fausses informations et d’informations discréditantes, de l’extorsion et des menaces à la sécurité.

Il a relevé que le SCRS avait récemment réorienté ses opérations afin de contrer les efforts des services de renseignement iraniens et de leurs mandataires visant à cibler les individus qu’ils perçoivent comme des menaces pour le régime. Dans plusieurs cas, cela a impliqué la détection, l’enquête et la neutralisation de menaces potentiellement mortelles contre des personnes au Canada, a-t-il décrit.

Un œil tourné vers la radicalisation

Le directeur a averti que l’érosion de la cohésion sociale, la polarisation politique croissante et les événements mondiaux importants créent un terreau fertile pour la radicalisation, et que nombre de ceux qui se tournent vers la violence se radicalisent exclusivement au moyen d’activités en ligne, souvent sans aucune influence extérieure.

De façon inquiétante, près d’une enquête antiterroriste sur dix menée par le SCRS concerne désormais au moins une personne de moins de 18 ans, dit Dan Rogers, directeur du Service canadien du renseignement de sécurité.

La lutte contre l’extrémisme violent représente moins de la moitié des activités du SCRS, mais elle restera une priorité importante, a conclu M. Rogers.

À lire aussi :

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *