Dans le Nord, des vies bouleversées pour accéder aux soins de santé

Contraints de parcourir des milliers de kilomètres vers le sud pour recevoir des soins de santé essentiels, de nombreux résidents du Nord canadien doivent se séparer de leur famille, de leur foyer et de leur communauté.
Originaire d’Inuvik, aux Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.), Meghan Ipana s’est installée à Edmonton il y a plus d’un an pour être aux côtés de sa petite fille à l’hôpital.
Pendant un certain temps, elle y demeurait seule avec Lillian, loin de son mari et de leurs deux autres filles.
Je devais moi-même prendre soin d’une enfant. C’était le pire moment de ma vie et il n’y avait personne avec moi, dit Meghan Ipana.
Lilian est née avec une atrésie biliaire, une maladie rare du foie qui touche les nouveau-nés.
Elle a reçu une greffe du foie l’an dernier, mais est encore trop fragile pour rentrer à la maison.
Meghan Ipana s’ennuie aujourd’hui de sa famille, de son travail d’infirmière et de la quiétude d’Inuvik.
J’ai maintenant une compréhension viscérale de ce que cela signifie d’être seule, accablée et constamment épuisée, confie-t-elle.
James Howard habitait Cambridge Bay, au Nunavut, depuis plus de 20 ans lorsqu’il a reçu un diagnostic de myélome multiple, soit un cancer des cellules plasmatiques.
Il dit avoir besoin de soins constants, 24 heures sur 24.

Ma vie était là. Lorsqu’on m’a dit que je ne retournerais plus jamais, c’est comme si une partie de moi-même m’avait été retirée, dit-il. Ce qui est triste, c’est que je ne serai jamais autorisé à retourner à Cambridge Bay, parce que nous n’avons pas accès à ce type de soins dans la communauté.
James Howard a soumis une demande pour qu’une deuxième personne puisse l’accompagner. Cela lui aurait été refusé, selon lui, parce qu’il se trouve à Edmonton depuis trop longtemps.
Je dois choisir entre ma fille et ma conjointe, affirme-t-il. Lorsque ma conjointe est ici, elle veut travailler, mais doit le faire à temps partiel pour s’occuper de moi. Ma fille, elle, doit faire un choix : c’est soit le travail, soit s’occuper de son père à temps plein.
Le Manuel de déplacement pour raisons médicales du Nunavut (nouvelle fenêtre) indique que l’accompagnement d’un patient par une deuxième personne en cas de de déplacements pour raisons médicales n’est approuvé que dans des cas exceptionnels.
Un coup de pouce du Nord
Malgré la distance, Meghan Ipana et James Howard disent avoir pu trouver du réconfort auprès de l’organisme Goba Care, qui fournit du soutien aux patients du Nord en déplacement à Edmonton pour des raisons médicales.
Melinda Laboucan, membre de la Première Nation K’asho Got’ine à Fort Good Hope, aux T.N.-O., a fondé l’organisme à but non lucratif en 2021.
Selon elle, Goba a aidé plus de 1800 résidents des T.N.-O. et du Nunavut, par exemple, sur le plan des finances, du magasinage ou de leur planification.
Meghan Ipana se souvient notamment de la poupée inuit que Melinda Laboucan a donnée à Lillian pour souligner son héritage inuvialuit.
James Howard dit que cela a été une aide inestimable dans ses moments difficiles.
Je vivais une période très sombre. Je croyais n’avoir que quelques jours à vivre. Lorsque Melinda est venue se présenter, j’ai dû me ressaisir. Je retrouvais ce sentiment du Nord, cet accueil, dit-il.
D’après les informations de Samuel Wat
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