Migrants : la Finlande ne maintient qu’un seul poste-frontière ouvert avec la Russie

La Finlande a déjà fermé samedi quatre de ses huit points de passage frontaliers du sud-est du pays pour tenter d’endiguer l’arrivée de migrants sans-papiers.
(Lehtikuva/Jussi Nukari/Reuters)

La crise entre la Finlande et la Russie a franchi un cap supplémentaire mercredi avec la décision d’Helsinki de ne garder qu’un seul poste-frontière ouvert avec son voisin qu’elle accuse d’orchestrer une crise migratoire.

Depuis début août, environ 700 demandeurs d’asile sont entrés en Finlande sans visa par la frontière avec la Russie, longue de plus de 1300 kilomètres, selon les autorités finlandaises.

«Le gouvernement a décidé aujourd’hui de fermer de nouveaux postes-frontières. Seul le poste de Raja-Jooseppi va rester ouvert», a déclaré Petteri Orpo en conférence de presse.

La Finlande a déjà fermé samedi quatre de ses huit points de passage du sud-est du pays pour tenter d’endiguer l’arrivée de migrants sans-papiers. «Ces mesures n’ont malheureusement pas permis d’enrayer le phénomène», a ajouté le premier ministre.

Selon Helsinki, les autorités russes organisent cet afflux de migrants. M. Orpo a estimé lundi qu’il s’agissait d’une «action systématique et organisée par les autorités russes».

Les migrants qui se présentent à la frontière sont originaires du Proche-Orient et d’Afrique, en particulier d’Irak, de Somalie et du Yémen, relevaient les gardes-frontières il y a quelques jours.

Mercredi matin, un responsable russe a assuré qu’environ 300 personnes étaient rassemblées dans l’Arctique russe à un poste-frontière avec la Finlande dans l’espoir de le franchir.

Le gouvernement finlandais juge «qu’il est clair que les autorités étrangères et d’autres acteurs ont joué un rôle dans la facilitation de l’entrée des personnes en Finlande», selon un communiqué dans lequel il incrimine également «la criminalité internationale».

La fermeture des trois nouveaux postes-frontières interviendra à minuit dans la nuit de jeudi à vendredi et jusqu’au 23 décembre, a précisé le ministère de l’Intérieur.

La porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe, Maria Zakharova a rejeté mercredi matin les accusations de la Finlande.

«Les autorités finlandaises commencent à trouver des excuses maladroites, réactivant ainsi les sentiments russophobes», a-t-elle déclaré dans un communiqué.

Les relations entre les deux voisins se sont considérablement détériorées depuis février 2022 et l’offensive russe en Ukraine, une attaque qui a conduit la Finlande, inquiète pour sa propre sécurité, à se joindre à l’OTAN en avril 2023.

Le premier ministre finlandais a estimé que «l’instrumentalisation des migrations» était «une façon d’essayer d’influer sur la situation intérieure et sur la sécurité des frontières en Finlande et dans l’UE».

Le ministère de l’Intérieur a jugé que l’afflux de migrants «posait un problème sérieux à la sécurité nationale et à l’ordre public».

«Nous n’acceptons pas ce type d’action», a souligné le premier ministre finlandais pour qui il serait légalement possible de fermer la totalité de la frontière, mais que les conditions ne sont pas réunies.

Le président polonais Andrzej Duda a apporté lundi son soutien à la Finlande, estimant qu’il s’agissait «d’une attaque hybride» comparable à celle que connaît son pays à sa frontière avec le Bélarus. Depuis 2021, Varsovie accuse la Russie et le Bélarus d’être à l’origine de l’augmentation du nombre de migrants qui tentent de gagner l’Union européenne via sa frontière.

L’adhésion de la Finlande à l’OTAN a marqué un raidissement supplémentaire des relations avec Moscou qui avait alors promis de prendre des «contre-mesures».

Anticipant la possibilité que la Russie puisse utiliser les migrants pour peser sur sa situation intérieure, la Finlande a modifié sa législation en juillet 2002 pour lancer un projet de vaste clôture sur 200 km de sa frontière, avec fils barbelés et caméras nocturnes. Seulement trois kilomètres ont été construits pour l’instant, car l’essentiel de cette zone est inhabité.

Les forces de défense finlandaises ont été appelées en renfort depuis quelques jours pour construire une barrière temporaire autour de certains points de passage.

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