Des jeunes du Grand Nord se préparent pour des expéditions scientifiques en mer

Le brise-glace MV Polar Prince, utilisé par la Fondation Students on Ice, près de François, à Terre-Neuve-et-Labrador. (Photo d’archives/Students on Ice)

Une quinzaine de jeunes du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest s’apprêtent à mettre le cap sur plusieurs régions de l’Arctique à l’occasion des expéditions scientifiques « Students on Ice ».

Au cours des prochaines semaines, ils se familiariseront surtout avec la profession de chercheur et approfondiront leurs connaissances des écosystèmes côtiers et marins, tout en se sensibilisant aux conséquences des changements climatiques dans l’Arctique.

La directrice des programmes de la Fondation Students on Ice, Tara Mascarenhas, compare ces expéditions à des « salles de classe flottantes. »

« Il y a d’énormes carences au niveau de la main-d’œuvre spécialisée dans les océans, un secteur dans lequel les jeunes n’imaginent pas travailler », soutient-elle. « Le fait de les emmener en expédition vise en partie à leur offrir cette occasion d’apprentissage à travers une expérience vécue. »

« Nous avons tous besoin de compétences afin de […] nous adapter aux conséquences des changements climatiques et contribuer à leur atténuation », affirme Tara Mascarenhas. (Students on Ice/Tara Mascarenhas)
Explorer la relation entre la culture et l’environnement

Trois des quatre expéditions de la Fondation Students on Ice traverseront une partie des eaux du Nunavut.

L’une d’entre elles s’échelonnera de Nain, au Nunatsiavut (nord du Labrador), à Iqaluit, du 26 juillet au 6 août, à bord du navire canadien MV Polar Prince, connu pour avoir remorqué le submersible Titan.

Ce périple réunira 22 jeunes de 14 à 24 ans, dont 4 Nunavummiut et 1 Ténois, autour de questions liées notamment à la gestion de l’environnement, à la préservation de la culture et au leadership.

« Nous avons tous besoin de compétences afin de […] nous adapter aux conséquences des changements climatiques et contribuer à leur atténuation », affirme Tara Mascarenhas. Students on Ice/Tara Mascarenhas)
Originaire d’Inuvik, aux T.N.-O., Colm Kingmiaqtuq-Devlin vivra cette aventure pour la première fois. Il raconte qu’il s’est laissé convaincre par sa sœur cadette et son père, qui ont eux-mêmes fait partie de précédentes cohortes il y a plusieurs années.

« J’ai discuté avec mon père et ma sœur après qu’ils aient terminé et ils m’ont dit que [l’expérience] avait été formatrice et très émouvante », raconte Colm Kingmiaqtuq-Devlin, qui est âgé de 17 ans. « Ils en ont beaucoup appris sur les effets des changements climatiques sur certains endroits. »

Durant leur périple, Colm Kingmiaqtuq-Devlin et son groupe visiteront notamment les sites d’anciennes collectivités, dont celle d’Hebron, au Nunatsiavut.

Des familles inuit y ont résidé jusqu’en 1959 avant d’être forcées à partir lorsque le gouvernement fédéral et la mission moravienne ont décidé de la fermer, la jugeant trop coûteuse à desservir.

Le site d’Hebron, au Nunatsiavut, a été habité par des familles inuit jusqu’en 1959, lorsque les missionnaires moraves, à l’origine de la communauté, et le gouvernement fédéral ont décidé de la fermer. (Photo d’archives/Julliam Larkham)

Accompagnée de chercheurs et d’une éducatrice inuit, la cohorte prendra part à des ateliers dans le parc national des Monts-Torngat et apprendra aussi l’histoire de Tookoolito, une interprète et guide inuk, qui a accompagné l’explorateur américain Charles Francis Hall au 19e siècle dans ses recherches des épaves de l’expédition Franklin.

Né d’un père inuvialuk et d’une mère inuk originaire de Taloyoak, au Nunavut, Colm Kingmiaqtuq-Devlin voit le périple comme une occasion de renouer avec une partie de sa culture. « Ma famille du côté maternel vient du Nunavut, alors […] je suis très curieux de savoir à quoi ça ressemble là-bas », explique-t-il.

L’adolescent affirme avoir très hâte de tisser de nouveaux liens d’amitié avec des personnes d’ailleurs au pays. Étant le seul jeune Ténois à bord, il s’attend toutefois à devoir démystifier de nombreuses choses auprès des autres participants.

« Je viens d’une très petite communauté où tout le monde se connaît », dit-il. « Grandir dans une ville ici est très différent que de grandir dans une grande [métropole] du Sud. »

Colm Kingmiaqtuq-Devlin aux côtés de sa mère, Beverly .(Colm Kingmiaqtuq-Devlin)

Des occasions de formation

Au début du mois d’août, deux autres cohortes largueront les amarres. L’une se rendra de Kangerlussuaq, au Groenland, jusqu’à Resolute Bay, dans le nord du Nunavut, en traversant l’aire marine nationale de conservation Tallurutiup Imanga.

Une autre expédition, intitulée Blue Future Pathways, quittera quant à elle le port d’Iqaluit le 6 août en direction de Saint-Jean, à Terre-Neuve-et-Labrador, avec à son bord 20 participants âgés de 18 à  35 ans.

Tara Mascarenhas explique que cette nouvelle expédition vise à former des adultes et à faire la promotion du secteur de l’économie bleue, qui correspond à l’utilisation durable des ressources marines pour favoriser la croissance économique.

« Si nous ne formons pas les jeunes à des métiers qui en découlent, nous passons en quelque sorte à côté d’une occasion », soutient-elle.

La Nunavummiuq Mealegala Ottokie, 34 ans, se décrit comme une grande amatrice de navigation en mer. Déjà pilote de drone sous-marin (ROV), elle a hâte de participer à des activités de recherche et d’apprendre à piloter des drones durant l’expédition.

« Cette occasion […] va me permettre de poursuivre mes études et d’acquérir de l’expérience en même temps », dit-elle.

« J’encourage davantage de Nunavummiut à tenter leur chance », poursuit-elle. « Nous pouvons tout faire si nous donnons notre meilleur. »

Les participants apprendront notamment à piloter des drones, à conduire des zodiacs ou encore à collecter des données qui seront ensuite transmises au ministère des Pêches et des Océans du Canada.

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Matisse Harvey, Radio-Canada

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