Les mammifères marins de l’Arctique pourraient être à risque de contracter la COVID-19

Les narvals font partie des mammifères marins ayant un risque élevé d’être contaminés par la COVID-19, selon les observations préliminaires d’une étude américaine. (Kristin Laidre/Associated Press)
Les mammifères marins de l’Arctique, comme les bélugas et les narvals, pourraient être très à risque de contracter la COVID-19, selon les résultats préliminaires d’une étude conduite par des scientifiques de l’Université Davis, en Californie.

Une équipe de chercheurs américains a étudié plus de 41 espèces de vertébrés différentes pour voir quelles étaient les probabilités qu’elles soient infectées par la COVID-19.

Même s’il s’agit d’observations préliminaires (celles-ci devant encore être testées), l’équipe menée par Harris Lewin, un professeur en évolution et écologie, croit que les animaux les plus à même d’être infectés par la maladie sont ceux qui se rapprochent le plus des humains, d’un point de vue génétique, à quelques exceptions près.

Les chercheurs se sont penchés sur le récepteur ACE-2, présent chez les animaux et les humains, et qui sont un prérequis pour que ces derniers soient infectés à la COVID-19. « Cela n’est peut-être pas le cas chez les animaux », avance prudemment le scientifique, qui mise sur d’autres études pour en avoir le coeur net.

« Les animaux qui courent le plus de risques de contracter le virus sont ceux qui ont le plus de similarités avec les humains. »Harris Lewin, auteur de l'étude et professeur en évolution et écologie à l'Université Davis, en Californie

À partir de leurs observations, les chercheurs ont donc prédit la susceptibilité d’être infecté par le virus et ont établi cinq niveaux de risque différents de contracter la COVID-19 : très élevé, élevé, moyen, faible et très faible.

Ils ont réalisé que tous les animaux qui sont dans les catégories très élevées jusqu’à faible, sont des mammifères. Dans la catégorie très faible, on retrouve plutôt les poissons, les amphibiens, les reptiles et les oiseaux. En tout, ils ont défini 252 mammifères différents dans ces catégories.

Narvals et bélugas dans le groupe à risque élevé

Dans le groupe considéré comme à risque très élevé, on trouve notamment des mammifères marins présents dans le nord du Canada, telles les baleines et les baleines dentées (comme les narvals ou les bélugas). En tout, 11 cétacés font partie du groupe, dont plusieurs sont très importants dans la culture inuit.

« Nous devons encore comprendre si les cellules de ces animaux peuvent être infectées », rappelle Harris Lewin. Si c’est le cas, il y aurait une très forte probabilité que ces animaux soient infectés par les eaux usées déversées dans les océans, par les bateaux de croisière, par exemple.

« C’est une décision très intelligente qu’a prise le gouvernement canadien en bannissant les bateaux de croisière et les navires de plaisance, car si les déchets ne sont pas suffisamment bien traités, le virus pourrait se répandre. »Harris Lewin, auteur de l'étude et professeur en évolution et écologie à l'Université Davis, en Californie

Malgré les incertitudes, M. Lewin se veut rassurant. « À ce stade, il y a très peu de risques pour les Inuit qui ont besoin de chasser ces mammifères marins pour survivre », affirme-t-il.

Le chercheur est plus préoccupé à l’idée que les humains transmettent le virus aux animaux que le contraire. Comme aucun cas de COVID-19 n’a été détecté au Nunavut et que des malades sont rétablis à la fois aux Territoires du Nord-Ouest et au Yukon, le professeur pense que la population ne craint pas grand-chose.

Il appelle cependant les villages et les villes de l’Arctique, particulièrement ceux qui sont situés non loin d’un océan, à prendre des précautions en ce qui concerne les déchets humains biologiques, même si les recherches ne peuvent pas encore prouver que le virus peut survivre dans l’eau saline.

Protection des espèces menacées

Le problème de la propagation de la COVID-19 chez les animaux devient encore plus préoccupant lorsque les animaux considérés comme très à risque d’être infectés sont également des espèces menacées. Cela pose la question de la conservation.

« Si les animaux peuvent être infectés et transmettre l’infection, que pouvons-nous faire pour éviter qu’ils ne propagent le virus, et particulièrement à des espèces menacées, ce qui pourrait créer l’extinction d’une espèce », s’inquiète le professeur.

« Le virus est à l’intérieur de nous avant d’être à l’intérieur des animaux comme les baleines. Alors nous devons les protéger plutôt de nous protéger d’eux. »Harris Lewin, auteur de l'étude et professeur en évolution et écologie à l'Université Davis, en Californie

Il souligne l’importance de protéger ces espèces des êtres humains, notamment dans les zoos, mais il reste très préoccupé par les animaux qui sont dans leur état naturel.

« Dans certains pays africains, où l’activité touristique ne peut pas reprendre, les habitants se tournent vers le braconnage pour se faire de l’argent, ce qui crée plus d’occasions pour la contamination », avance-t-il.

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Pour trouver des réponses à ces nombreuses questions, les chercheurs devront d’abord commencer la phase d’expérimentation en vue de confirmer ou d’infirmer leur théorie. Ils étudieront la réponse des cellules animales face à la COVID-19.

M. Lewin estime toutefois que plusieurs années d’études seront nécessaires pour comprendre le virus. « On pourrait trouver un vaccin longtemps avant de comprendre comment fonctionne ce virus », conclut-il.

Le scientifique devrait se rendre sur l’île de Baffin cet été pour recueillir des échantillons, mais il ne sait pas si cela sera possible, compte tenu de la situation sanitaire qui évolue rapidement.

Laureen Laboret, Radio-Canada

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