Une série d’ateliers pour créer une relève de lutteurs et d’entraîneurs au Nunavut

D’ici à la fin du mois d’octobre, des jeunes du Nunavut participeront à des ateliers de lutte offerts dans neuf communautés du territoire. L’initiative, orchestrée par le club de lutte de Cambridge Bay, vise à créer une relève de lutteurs et d’entraîneurs capables de faire perdurer ce sport dans leur collectivité.
Au cours des prochaines semaines, le groupe se rendra notamment à Rankin Inlet, Baker Lake, Iqaluit, Igloolik et Clyde River.
La tournée vise à la fois à faire découvrir la lutte à des jeunes de ces communautés et à outiller des lutteurs pour devenir de futurs entraîneurs.
Elle survient après un camp d’entraînement d’une semaine organisé au mois de juillet à Rocky Mountain House, en Alberta, auquel ont participé une vingtaine de lutteurs et huit entraîneurs du Nunavut.

Le président de l’équipe territoriale Wrestling Nunavut et du club de lutte de Cambridge Bay, Chris Crooks, entraîne de jeunes lutteurs du Nunavut depuis près de 10 ans.
Il voit ce sport comme un vecteur de résilience, de bien-être et de confiance en soi qui contribue à prévenir le décrochage scolaire ainsi que le suicide, dont le taux au Nunavut est environ 10 fois supérieur à la moyenne canadienne.
Tout cela va bien au-delà de la lutte, dit l’ex-lutteur, en entrevue depuis Kulguktuk, la première communauté de la tournée territoriale. Il donne aussi la possibilité de voyager, ce qui permet [aux jeunes] d’ouvrir leurs horizons.
Créer une relève locale
Le coût élevé des billets d’avion, le manque d’infrastructures sportives, de partenaires d’entraînement et de compétitions sont plusieurs défis auxquels se heurtent les athlètes au Nunavut.
Chris Crooks cherchait depuis plusieurs années à lancer une tournée d’entraînements dans le territoire pour bâtir un réseau de mentors. « L’objectif principal, c’est de rendre la lutte durable au Nunavut », résume-t-il.
Pour y arriver, il dit qu’il est nécessaire de former des entraîneurs qui résident dans les communautés et pourront offrir des programmes localement, plutôt que de faire venir des personnes du sud du pays pour de courtes périodes.

L’idée, c’est aussi de donner un deuxième souffle aux athlètes qui ont dépassé l’âge maximal réglementaire de compétitions sportives, comme les Jeux d’hiver de l’Arctique (18 ans), les Jeux autochtones de l’Amérique du Nord (19 ans) et les Jeux du Canada (19 ans).
C’est notamment le cas d’Eekeeluak Avalak, un jeune lutteur de 20 ans originaire de Cambridge Bay. Ce dernier s’est fait connaître en 2022 après avoir remporté la première médaille du Nunavut aux Jeux d’été du Canada.
C’est important pour moi de penser à la jeune génération et à ce qu’elle traverse, considérant ce que ce sport a changé dans ma vie, explique-t-il. Je pense que, si je peux les aider à découvrir les compétitions qui s’offrent à eux, alors peut-être qu’ils pourront eux aussi trouver le chemin de la guérison.

Les entraînements battent leur plein à Kugluktuk jusqu’à dimanche et se poursuivront ensuite à Rankin Inlet jusqu’à mardi.
Par l’entremise de la fédération nationale Wrestling Canada Lutte, le club de lutte de Cambridge Bay a reçu un financement d’un peu plus de 260 000 $ du gouvernement fédéral dans le cadre du programme « Le sport communautaire pour tous », qui cherche à soutenir le sport communautaire au pays.
Cette somme a financé la tournée des entraînements offerts cet automne ainsi que la création d’une vidéo et d’un manuel éducatifs destinés aux lutteurs, aux entraîneurs, mais aussi à toute autre personne intéressée par la lutte.
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