Aux T.N.-O., changement à la tête de la commission scolaire francophone

Un texte de Mohamed-Amin Kehel
Après 11 ans à la tête de la direction générale de la Commission scolaire francophone des Territoires du Nord-Ouest (CSFTNO), Yvonne Careen tire sa révérence. Son successeur François Rouleau arrive de l’Est et des Maritimes avec un solide bagage en éducation en situation francophone minoritaire. Les deux se racontent : pour l’une, il s’agit de faire le bilan, pour l’autre de se projeter dans une nouvelle réalité.
Si Yvonne Careen a quitté son poste de directrice générale de la CSFTNO, elle n’est pas encore totalement partie des bureaux de la commission.
Je suis maintenant consultante pour la commission, précise-t-elle pour appuyer l’importance pour elle d’accompagner la transition avec son successeur.
Je viens d’arriver depuis trois semaines, je pose beaucoup de questions à Yvonne, plaisante de son côté François Rouleau.
Originaire du Québec, François Rouleau est conscient que cette première sera une année d’apprentissage
malgré sa solide expérience dans le milieu francophone minoritaire. Après avoir commencé sa carrière en éducation dans le nord de la Belle Province, il a passé presque trois décennies dans les Maritimes.
Je m’attends à ce que chacune des communautés va être un peu différente et je dois être ouvert et sensible à ça, dit François Rouleau, nouveau directeur général de la CSFTNO.
Il y a beaucoup de similitudes, mais on a chacun notre réalité, souligne-t-il avant d’ajouter dans un sourire :C’est la grandeur du bureau qui m’a interpellée, Yvonne devait avoir plusieurs chapeaux, mais moi, ça me va.

Apporter du sang neuf
De l’autre côté de la table, Yvonne Careen relève justement les responsabilités liées à son ancien poste.
Elle qui s’est lancée dans le monde de l’éducation il y a 36 ans, sentait que c’était le temps
pour elle de tourner la page.
Ma santé me le dictait et j’avais l’impression de bien avoir fait évoluer l’équipe, explique l’ancienne directrice générale.
Originaire de Saint-Denis en Saskatchewan, elle a été de tous les combats, en particulier la longue bataille judiciaire qui, en décembre 2023, a mené la Cour Suprême a donné raison à CSFTNO concernant l’admission d’enfants de non-ayants droit dans les écoles francophones.
Ça va me manquer, mais il y a de la sagesse à pouvoir se dire : c’est le temps de passer à autre chose, explique Yvonne Careen, ancienne directrice générale de la CSFTNO. Et quelque part, je me dis que quelqu’un avec de nouvelles idées, un nouveau souffle, peut apporter la commission scolaire au prochain niveau.
Nouvel élan et continuité, ce sont les deux mots qui ressortent du discours des deux professionnels de l’éducation.
Un nouvel élan personnel en partie pour François Rouleau qui arrive dans les Territoires du Nord-Ouest en quête d’aventure
, mais aussi par amour pour le monde de l’éducation. Depuis ses débuts à Inukjuak, au Québec, il dit être persuadé que notre société est façonnée par le système éducatif
.
En face, Yvonne Careen acquiesce avec enthousiasme : «C’est quand j’ai eu mes deux enfants que je me suis dit que oui, j’étais à la bonne place. Pour moi, il fallait que l’éducation en français ait une l’équivalence réelle avec le système anglophone»
.
L’inclusivité à cœur
Parmi les nombreux dossiers sur les tablettes de François Rouleau, il y a celui de l’éducation inclusive.
Nouvel arrivant dans la francophonie ténoise, il a rapidement constaté cette communauté multiethnique
qui commençait aussi à croître dans son ancienne vie à Sydney et Halifax, en Nouvelle-Écosse.
Ça m’interpelle beaucoup et j’ai hâte de travailler là-dessus, dit François Rouleau, nouveau directeur général de la CSFTNO. Et je sais que la communauté et les jeunes cherchent à aller à la rencontre des francophones qui arrivent d’un peu partout.
C’est très différent à l’heure actuelle que c’était il y a même cinq ans, renchérit Yvonne Careen,pas seulement dans les familles, mais aussi dans nos employés.
Pour elle, rapidement, la question s’est posée : Comment peut-on mieux intégrer tous ces éléments dans notre communauté?
Elle donne comme exemple les activités mises en place durant la journée du multiculturalisme avec «plusieurs pays représentés et de grandes célébrations»
.
François Rouleau entend bâtir sur ce qui a été déjà fait sur la question, mais aussi appuyer sur l’importance de donner aux élèves une sensibilité aux enjeux autochtones.
Il faut avant tout reconnaître que nous sommes sur une terre dénée et faire des efforts additionnels pour inclure dans nos curriculums, dans nos programmes d’études des activités, des réflexions pour que les jeunes soient plus sensibles à cette réalité-là, fait-il valoir, philosophe.
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