Conçu par un Inuk, le jeu de société Nunami est désormais disponible
Cela fait plusieurs années que Thomassie Mangiok, un Inuk d’Ivujivik, travaille à son jeu de société baptisé Nunami, littéralement « sur la terre » en inuktitut. En effet, le concepteur a atteint son objectif sur une plateforme de financement participatif. Il l’a même dépassé.
Au 3 mars 2021, le projet Nunami a récolté plus de 45 000 $ alors que M. Mangiok s’était fixé un objectif de 20 000 $.
Plus de 800 personnes ont soutenu son projet, ce qui lui a permis de faire 5000 copies du jeu de société. Il est disponible en anglais, en français et en inuktitut.
C’est un jeu de stratégie et de coopération dans lequel les joueurs ne s’affrontent pas, mais travaillent en collaboration pour avoir une influence sur le territoire plutôt que de le posséder.
Comme dans la culture inuite dont Thomassie Mangiok s’est inspiré pour créer le jeu.
D’ailleurs, les messages qu’il a reçus des donateurs soulignent justement le concept du jeu, différent de ce que les joueurs connaissent habituellement.
« Ils ont beaucoup aimé découvrir une culture unique, car le jeu est vraiment basé sur les expériences qu’on vit ici », indique M. Mangiok.
« J’étais très heureux et soulagé. C’était le signe que tout mon travail était récompensé. Une porte s’ouvrait, car beaucoup de gens qui m’ont soutenu viennent d’ailleurs que du Nunavik », explique-t-il.
Cette expérience positive l’a donc encouragé à partager « quelque chose de [sa] communauté ». « C’était beaucoup d’émotion », ajoute-t-il.
Des mois de réflexion
Aujourd’hui, Nunami est disponible sur le site internet du même nom et sur Amazon. Mais sa création n’a pas été un long fleuve tranquille.
« Cela m’a pris du temps, car je voulais partager des valeurs, des sentiments, des choses que j’aime, des choses de notre culture inuite », explique M. Mangiok. Car le but principal du concepteur était de rendre la culture de sa nation accessible à tous.
Pour ce faire, M. Mangiok a passé du temps dans la toundra, d’où il a tiré beaucoup de son inspiration. « Dès que je sortais dans la toundra, je me demandais comment je pouvais partager ce que j’y ressentais », dit-il.
Ce travail lui a demandé plusieurs prototypes. Il confie même que son premier essai fut un gros raté.
« La campagne de financement a échoué. Au final, ce n’était pas plus mal, car la version suivante était bien meilleure », dit-il.
Car ce n’est effectivement pas facile de créer un jeu de société. Surtout si l’on refuse de se tromper et d’apporter des changements à sa version initiale, dit le concepteur, qui avoue avoir réalisé cinq prototypes au total.
Et la meilleure version était celle à laquelle sa mère et sa fille ont participé : elles ont réalisé certaines des illustrations du jeu.
Déjà, Thomassie Mangiok réfléchit à deux autres jeux de société. « Ils sont dans ma tête. Je dois les mettre sur papier et commencer à travailler dessus », explique-t-il.
Mais avant, il aimerait terminer une bande dessinée inuite…