Les éliminatoires des Jeux de l’Arctique se tiendront à Yellowknife

Un texte de Mohamed-Amin Kehel
Aux Territoires du Nord-Ouest, les épreuves éliminatoires pour les prochains Jeux d’hiver de l’Arctique, qui auront lieu au Yukon, se tiendront uniquement à Yellowknife. Cette décision du gouvernement a été prise pour faire des économies, mais elle est déplorée par des membres de la communauté sportive.
C’est dommage qu’il n’y ait pas eu plus de consultation, dit Keith Dohey, le maire adjoint de Hay River.
L’élu a envoyé une lettre à Sport North, la fédération sportive chargée de former l’équipe territoriale, pour manifester son mécontentement.
J’ai souligné que nous étions déçus de cette décision. C’est une perte pour nos athlètes et pour notre économie locale.
Keith Dohey fait part des investissements de sa municipalité dans les infrastructures sportives.
De plus, Hay River a prouvé sa capacité d’accueillir des compétitions sportives, affirme-t-il.
La localité, située sur la rive sud du Grand Lac des Esclaves, avait organisé les Jeux d’hiver de l’Arctique en 2018 conjointement avec Fort Smith.
Nous avons pris la décision de tenir ces phases éliminatoires à moins d’endroits pour être certains de pouvoir envoyer un maximum de participants, explique Alison Brown, directrice de la division des sports, des loisirs et de la jeunesse au gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (GTNO). Au cœur de ce choix, la volonté de
rationaliser les coûtsde ces épreuves, précise-t-elle.
Selon la responsable gouvernementale, avec les coûts des voyages qui ont explosé depuis la COVID-19, l’enveloppe totale pour l’équipe ténoise à ces Jeux pourrait dépasser 1,2 million de dollars.
Nous essayons d’être fiscalement responsables, et centraliser ces qualifications permet de mieux encadrer les coûts des déplacements de 600 ou 700 personnes, affirme Alison Brown, directrice de la division des sports, des loisirs et de la jeunesse au GTNO.
De son côté, Keith Dohey dit comprendre que le gouvernement doive faire des choix difficiles.
Ce qui est regrettable, c’est que je n’ai pas l’impression qu’il y a eu une volonté de trouver d’autres solutions, dit-il. On aurait pu lancer des campagnes de financement, mobiliser la communauté des affaires locales.
Inégalité pour les régions éloignées
Dans les localités en dehors de Yellowknife, des membres de la communauté sportive s’inquiètent de cette décision.
Les enfants doivent faire six heures de route et ne dorment pas dans leurs lits comparativement à ceux de Yellowknife, souligne Jackie Thompson, entraîneuse de soccer à Fort Simpson. Pour notre petite communauté, ce n’est pas équitable. Avoir les épreuves éliminatoires à Yellowknife seulement renforce ces inégalités. Mais c’est seulement la continuité d’un standard que j’observe depuis que je suis entraîneuse.
À Fort Simpson, l’entraîneuse de patinage de vitesse, Valérie Gendron, est du même avis. Néanmoins, elle qualifie de « réaliste » la décision de centraliser les épreuves éliminatoires, car « c’est là où sont la majorité des participants ».
Pour elle, afin d’augmenter la participation des athlètes en dehors de Yellowknife, il faudrait revoir la manière de sélectionner les sportifs.
On devrait avoir systématiquement une représentation régionale dans les différentes équipes, au moins un de la région sud, un de la région nord, etc. Et le reste de Yellowknife, pourquoi pas.
Au GTNO, Alison Brown affirme aussi que l’objectif de sa division est de renforcer la participation régionale.
Nous avions aussi choisi une seule ville en 2023 et avions organisé les qualifications dans six villes en 2024, rappelle-t-elle.
Elle indique qu’il n’y a pas eu d’augmentation ni de diminution importante dans le nombre d’athlètes des communautés.
Janna Jaque, présidente du club de planche à neige de Fort Smith, voit les choses d’un autre œil.
Ils comprennent mieux ce que cela représente pour nos athlètes de participer à ces Jeux, dit Janna Jaque, présidente du club de planche à neige de Fort Smith. C’est important pour notre territoire.
Janna Jaque ajoute qu’une plus grande participation des communautés dans ces éliminatoires permet une plus grande représentation des athlètes autochtones.
Son opinion est partagée par Christopher Gruben, ancien président de l’association de hockey mineur d’Inuvik, mais qui s’est installé récemment à Whitehorse pour permettre à ses enfants de continuer à faire du sport.
J’ai toujours promu le mot inclusivité, étant moi-même autochtone. Les coûts, le voyage ne devraient pas être des obstacles, juge-t-il.
Les Jeux de l’Arctique se dérouleront à Whitehorse du 8 au 15 mars 2026.
Avec des informations de Sarah Krymalowsky
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