Face à l’érosion des rives, des communautés ténoises cherchent une solution

Un texte de Mohamed-Amin Kehel
À Yellowknife, la NWT Association of Communities (NWTAC) organise cette semaine pour la première fois un atelier sur le thème de l’érosion des rives des Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.).
Les représentants d’une quinzaine de municipalités et communautés ont partagé les effets de ce phénomène sur leur territoire.
Sur les tables de la cinquantaine de participants, des feuilles de couleurs et des feutres, et placées autour d’eux, il y a de grandes affiches et des cartes pour chacune des communautés représentées, de Fort Smith à Aklavik en passant par Tulita et la première nation Kátł’odeeche.
J’ai pensé que ce serait vraiment bien d’apprendre des expériences des autres et de partager ce que nous avons fait, avance Soham Srimani, le directeur de l’administration de Nahanni Butte, située à la jonction des rivières Liard et Nahanni Sud, dans le sud-ouest des T.N.-O.

La collectivité de 81 âmes doit composer avec l’érosion rapide des rives de ses cours d’eau. Cela menace des structures essentielles.
Notre bureau administratif et notre magasin général sont situés tout proches des rives et ce sont des infrastructures vitales pour la communauté, affirme Soham Srimani, directeur de l’administration de Nahanni Butte.
« Rassembler toutes les communautés est vraiment important », souligne Robin McKillop, géomorphologue pour SLR Consulting.
Ce spécialiste des reliefs terrestres a animé plusieurs discussions au cours de la journée. Pour lui, ce type d’événement permet surtout d’ouvrir la discussion et d’échanger des informations.
Une approche multilatérale
Les solutions à l’érosion seront adaptées à l’impact qu’elle aura sur les communautés, précise le géomorphologue.
Les communautés du sud [du territoire] n’ont généralement pas à s’inquiéter autant de la fonte du pergélisol, dit Robin McKillop, géomorphologue pour SLR Consulting. Pour celles qui sont plus au nord, une grande partie de leur instabilité est liée au réchauffement climatique et à la fonte du pergélisol.
Avec une urbanisation se rapprochant des rives, certains bâtiments de Nahanni Butte sont de plus en plus menacés par la montée des eaux printanières des rivières.
Pour remédier à cela, les responsables de la communauté ont déterminé une zone non inondable sur laquelle tous les futurs édifices seront construits.
On a construit 20 maisons dans les trois dernières années dans cette zone, explique Soham Srimani, et nous espérons y construire notre nouveau magasin général.
« Ça m’a ouvert les yeux et rassuré de voir que les communautés ont une bonne compréhension du système de rivières qui les traversent », dit pour sa part Robin McKillop.
Un sentiment partagé par Evelyn Wilson, la cheffe des pompiers et coordonnatrice des mesures d’urgence du hameau de Fort Liard.
« Je n’étais pas très intéressée par ce phénomène, concède-t-elle, mais écouter les autres et leurs expériences m’a ouvert les yeux. J’aimerais voir ce qu’ont fait les autres dans leurs communautés pour ramener ces idées à Fort Liard. »
Du travail pour les gouvernements
« Les gouvernements n’ont pas une aussi bonne connaissance de ce phénomène, lance Robin McKillop.
« Il y a certaines communautés où l’option de ne rien faire n’est plus possible. Ils disent : « Nous allons perdre des bâtiments, nous allons perdre des cimetières à cause de ces rivières. » Ça va prendre un soutien des gouvernements territorial et fédéral pour réaliser les beaux projets dont on a discuté ici », ajoute-t-il d’un ton alarmant.
« On avait besoin d’un atelier là-dessus », estime Miki Ehrlich, l’organisatrice de l’événement pour NWTAC.
Comme personne ne travaille précisément là-dessus pour aider les communautés, donc il fallait nous rassembler et essayer de trouver des solutions.
Elle espère que cet atelier pourra servir de base pour les décideurs.
À l’issue des trois jours d’ateliers, l’organisation va compiler les informations recueillies et produire 15 rapports, un pour chacune des communautés présentes.
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