Sommeil et rêves

Sommeil et rêves
Photo Credit: ICI Radio-Canada

Sommeil troublé rimerait avec mémoire troublée

L’être humain, comme tous les vertébrés supérieurs, passe environ le tiers de sa vie à dormir. Mais non seulement le sommeil ne se résume pas à une activité passive, sa suppression bouleverse également l’équilibre physiologique et sa perturbation peut affecter la mémoire. Ce dernier point semble être confirmé par une nouvelle étude canado-suisse.

Des chercheurs de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas affilié à Université McGill de Montréal et de l’Université de Berne en Suisse viennent de montrer pour la première fois que la consolidation de la mémoire est fortement influencée par le sommeil paradoxal.

Le sommeil paradoxal est lui-même la phase pendant laquelle le dormeur expérimente des rêves détaillés. Cette phase est qualifiée de « paradoxale » parce que le dormeur manifeste à la fois des signes de sommeil profond et des indices d’éveil (respiration irrégulière, activité cardiaque élevée, mouvement des yeux, etc.)

En anglais, cette phase est connue sous le nom de REM (Rapid Eye Movement) pour justement souligner les nombreux mouvements oculaires rapides sous les paupières closes qui la caractérisent.

Une souris de laboratoire
Les expériences en laboratoire des chercheurs de Montréal et de Berne ont montré que des souris dont le sommeil paradoxal avait été perturbé présentaient des troubles de mémoire © iStockphotos/dra_schwartz

Recours à l’optogénétique

On sait maintenant que les personnes réveillées pendant leur sommeil paradoxal auront plus tendance à se souvenir, en détail de leurs rêves, que si elles avaient été réveillées au cours du sommeil lent, moment où l’organisme est au repos et récupère.

Mais jusqu’à présent, les tentatives d’isolement de l’activité neurale durant le sommeil paradoxal avec des méthodes expérimentales classiques ont été vaines.

L’équipe de recherche canado-suisse s’est tournée vers l’optogénétique, une approche qui permet de rendre des neurones sensibles à la lumière, grâce à une association du génie génétique et de l’optique. L’avantage de cette approche est sa capacité de stimuler des cellules ou des neurones précis et d’en contrôler l’activité par un faisceau lumineux.

Sylvain Williams, professeur au département de psychiatrie de l’Université McGill et chercheur à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas donne quelques détails sur cette étude qu’il a supervisée.

Écoutez
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Sylvain Williams a supervisé la recherche dont l’auteur principal est Richard Boyce, doctorant à l’Université McGill

Démonstration de l’importance du sommeil paradoxal pour la mémoire

Richard Boyce, doctorant et auteur principal de l’étude précise que lorsque les neurones sont « mis sous silence » en dehors des phases de sommeil paradoxal, aucun effet sur la mémoire n’a été constaté en laboratoire. Ce qui renforce l’idée selon laquelle l’activité neuronale pendant cette phase de sommeil est cruciale dans l’affermissement la mémoire.

Puisque de plus en plus, on a tendance à associer mauvaise qualité de sommeil et déclenchement de certaines maladies cérébrales telles que l’Alzheimer et le Parkinson, la nouvelle étude pourrait permettre à la fois d’anticiper l’occurrence de ces maladies et de mettre au point d’autres méthodes permettant de les circonscrire.

La recherche a été publiée dans la revue américaine Science.

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