Un masque 3M dont les travailleurs de la santé ont grand besoin au Canada. LA PRESSE CANADIENNE/Nathan Denette

Volte-face de Trump : le Canada recevra ses millions de masques N95 de 3M

L’entreprise américaine de fournitures médicales 3M affirme que le Canada continuera à recevoir ses masques N95 après un accord que l’entreprise a conclu avec Donald Trump.

S’exprimant lundi à l’heure de grande écoute en début de soirée à Washington lors de sa réunion quotidienne d’information sur la pandémie de COVID-19 dans son pays, Donald Trump a annoncé que ses pressions avaient porté ses fruits.

La compagnie 3M, basée au Minnesota, produira 166,5 millions de masques pour des travailleurs de la santé américains en échange de quoi elle est autorisée a exporter des millions de masques au Canada et en Amérique latine, où 3M est la principale source d’approvisionnement en masque de type N95.

Le conflit entre Trump et 3M et le Canada avait surgi jeudi. Les autorités américaines avaient alors bloqué les exportations de 3M au Canada après que Trump eut invoqué le Defense Production Act qui donne des pouvoirs accrus au gouvernement américain pour réorienter la production des usines en sol américain en période de crise nationale.

Au cours du week-end, M. Trump avait haussé le ton et sévèrement critiqué la compagnie 3M, avertissant qu’elle aurait « un lourd tribut à payer » si elle devait résister à ses directives.

« Nous avons besoin des masques. Nous ne voulons pas que d’autres personnes les reçoivent », avait déclaré M. Trump aux journalistes lors d’une réunion d’information samedi.

Des Canadiens retenaient leur souffle

Ce bras de fer a causé beaucoup d’anxiété au Canada, notamment en Ontario, la province la plus peuplée. La Maison-Blanche y empêchait l’exportation d’environ trois millions de masques spécialisés. Cela avait suscité la crainte que les hôpitaux ontariens soient à court de fournitures d’ici la fin de la semaine prochaine pour leur personnel médical luttant contre le coronavirus.

Les masques, qui filtrent 95 % des particules en suspension dans l’air, sont considérés comme un outil essentiel pour les travailleurs de la santé de première ligne dans la lutte contre la COVID-19.

« Je suis très heureux qu’une résolution ait été conclue entre 3M et l’administration américaine. Je tiens à remercier 3M et les fonctionnaires des deux côtés de la frontière pour leur soutien afin d’assurer l’accès continu du Canada à l’EPP vital. Nous sommes plus forts ensemble », a écrit le premier ministre ontarien Doug Ford sur Twitter.

Le Canada faisait pression en coulisse sur Donald Trump 

S’exprimant lors de son point de presse quotidien lundi, le premier ministre canadien Justin Trudeau avait réitéré que son gouvernement ne mettrait pas en œuvre de mesures de rétorsion, mais qu’il comptait plutôt sur la diplomatie pour sortir de l’impasse. « Il y a des conversations très productives en cours et nous nous attendons à ce que ces cargaisons soient livrées », avait-il dit.

Trudeau avait révélé que le ministre des Affaires étrangères François-Philippe Champagne s’était entretenu plus tôt avec le secrétaire d’État américain Mike Pompeo, mais il avait refusé de fournir des détails.

Selon le magazine Time, une porte-parole du département d’État, Morgan Ortagus, a confirmé en après-midi lundi, que Mike Pompeo avait bel et bien parlé au ministre Champagne et que ce dernier « réitérait le désir des États-Unis de travailler avec le Canada pour assurer la viabilité des chaînes d’approvisionnement internationales en fournitures et en personnel médicaux essentiels, tout en répondant aux besoins des régions où les épidémies sont les plus graves ».

Le message d’Ottawa à l’administration Trump était d’une grande simplicité : couper le robinet des exportations de 3M au Canada était néfaste autant aux citoyens américains que canadiens. Le Canada faisait valoir aux Américains que la chaîne d’approvisionnement médicale est fortement intégrée et que soutirer des masques américains aux travailleurs de la santé canadiens ne pouvait en fin de compte que nuire à la production de ces masques en sol américain qui sont en bonne partie créés à partir de matières premières canadiennes qui ne peuvent être produites que par des travailleurs qui restent en santé.

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Jared Kushner, derrière Donald Trump, lors d’un point de presse sur le nouvel accord de libre-échange entre les États-Unis, le Mexique et le Canada PHOTO : GETTY IMAGES / CHIP SOMODEVILLA

Il ne s’agit pas d’une fausse nouvelle

Un communiqué de presse de 3M est paru après l’annonce de Trump confirmant les affirmations du président . « 3M va importer 166,5 millions de masques au cours des trois prochains mois, principalement à partir de son usine de fabrication en Chine, à partir d’avril », peut-on lire dans le communiqué de presse.

Le président-directeur général de 3M, Mike Roman, y fait l’éloge de Donald Trump. « Je tiens à remercier le président Trump et l’administration pour leur leadership et leur collaboration, a écrit M. Roman. Ces importations viendront s’ajouter aux 35 millions de masques N95 que nous produisons actuellement par mois aux États-Unis. »

Rappelons que l’image des États-Unis s’est également retrouvée ternie depuis quelques jours par des histoires de prétendus vols de masques. Ils sont accusés de « piraterie moderne » après le détournement de masques destinés notamment à l’Europe.

RCI avec les informations de The Gardian, The Times, La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada

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