Horacio Arruda, le directeur de la santé publique du Québec, a reconnu lundi qu'il était réticent à publier des projections sur la façon dont l'épidémie de COVID-19 pourrait se dérouler dans la province. (Jacques Boissinot/La Presse Canadienne)

Entre 1263 et 8860 morts au Québec d’ici au 30 avril avec un sommet le 18

« On est plus proche (du scénario) optimiste que du pessimiste », a dit en fin d’après-midi mardi le directeur national de la santé publique du Québec, le Dr Horacio Arruda, alors qu’il dévoilait différents scénarios élaborés par des experts médicaux. Il a chiffré à 75 % les probabilités que le scénario optimiste se réalise.

Optimistes ou pessimistes, les modèles indiquent que le Québec atteindrait le sommet de la contagion à la COVID-19 le 18 avril.

Si la courbe de la pandémie au Québec évolue comme celle de l’Allemagne et du Portugal, ce qui semble le plus probable aux yeux du Dr Arruda, il y aurait 1263 décès au Québec d’ici au 30 avril.

Le scénario pessimiste est basé pour sa part sur les expériences de l’Italie et de l’Espagne. Plus de 17 000 et de 13 000 personnes sont mortes dans ces deux pays.

Graphique Gouvernement du Québec

Scénario optimiste comparé au scénario pessimiste

Dans le scénario optimiste, le nombre de cas confirmés s’élèverait à presque 30 000 au 30 avril, et à presque 60 000 dans le scénario pessimiste.

Le nombre d’hospitalisations serait à 1404 dans un scénario optimiste au sommet de la contagion à la mi-avril. Ce serait encore une fois environ le double dans un scénario pessimiste. Le rythme réel actuel des hospitalisations ressemble pour l’instant au scénario optimiste.

Toujours au sommet de la courbe, dans deux semaines, il y aurait 468 personnes hospitalisées aux soins intensifs dans le scénario optimiste, contre 1009 dans le pessimiste. Il y a pour le moment au Québec 633 lits de disponibles aux soins intensifs.

Jusqu’à présent, 150 décès au Québec ont été attribués à la COVID-19, ce qui est légèrement supérieur à ce qui est prévu par les prévisions optimistes. Il y a maintenant 583 personnes hospitalisées, un peu moins que les prévisions optimistes.

Graphique du gouvernement du Québec

Comparaisons avec l’Ontario et l’Alberta

Dans l’ouest du pays, la province de l’Alberta a aussi révélé mardi ses projections mathématiques concernant la pandémie. Cette province prévoit entre 400 et 3100 décès dans le « scénario probable » d’ici la fin de l’été.

L’Alberta connaîtra très probablement un pic d’infections à la mi-mai. L’Alberta se prépare au fait que 800 000 de ses citoyens seront infectés par la COVID-19.

Plus proche du Québec, la province de l’Ontario a été la première à révéler ses projections, vendredi dernier, et les scénarios indiquent que l’épidémie pourrait y tuer entre 3000 et 15 000 personnes.

Tous ses modèles de prévision ont été publiés en bonne partie puisque l’opinion publique canadienne fait pression sur les dirigeants politiques pour qu’ils soient transparents et expliquent pourquoi des mesures drastiques d’isolement et d’éloignement physique sont tellement nécessaires.

Graphique CBC

Une action rapide aurait déjà permis d’éviter le pire au Québec

Selon Richard Massé, un conseiller principal en santé publique du gouvernement québécois qui a présenté les projections, le scénario optimiste est le plus probable parce que le gouvernement provincial a pris des mesures rapides d’éloignement physique dès le début de la crise.

« Lorsqu’il y a un retard dans la mise en œuvre des mesures, la situation est douloureuse, a déclaré M. Massé, en prenant l’exemple de l’Italie. Nous avions la vision et la capacité d’agir plus tôt ici. »

Richard Massé PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / JACQUES BOISSINOT

Les responsables de la santé publique au Québec avaient été réticents à publier des projections, en raison de l’énorme quantité d’incertitude liée aux calculs.

Le premier ministre François Legault avait toutefois insisté pour qu’elles soient rendues publiques. Ce dernier n’était pas présent lors de la publication des projections. Mais, lors de son point de presse quotidien plus tôt en après-midi mardi, il avait laissé entendre qu’il voulait que les Québécois interprètent les chiffres avec stoïcisme.

Certains professionnels de la santé ont été déçus que le Québec n’ait pas fourni un modèle plus sophistiqué avec des estimations de la transmission asymptomatique ou de la présence du virus au sein de la population générale.

LISEZ LA SUITE : Grâce en partie au Québec, la Colombie-Britannique aplatit sa courbe

En Colombie-Britannique, le nombre de nouvelles hospitalisations et de nouveaux cas est resté stable depuis une semaine. La courbe de croissance de la maladie, du moins à ce stade, s’est aplatie. Des erreurs du Québec et de l’Ontario dans leurs combats contre la COVID-19 semblent avoir joué un rôle dans ce succès.

RCI avec La Presse canadienne, CBC news et la contribution de Radio-Canada

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