soins corporels et esthétiques seront de nouveau permis à compter du 1er juin au Québec, sauf dans la région du Grand Montréal. (CBC)

Une deuxième vague est-elle inévitable et sera-t-elle plus considérable?

Les experts canadiens de la santé sont unanimes : alors que les Canadiens remettent graduellement en route leur économie, le coronavirus trouvera sur son chemin un plus grand bassin d’individus qu’il pourra infecter. Une seconde vague de contagion est donc probable et elle pourrait avoir lieu en septembre ou octobre. Comment les Canadiens s’y préparent-ils? La réponse à cette question dès aujourd’hui déterminera l’ampleur de cette possible seconde vague.

Si l’on se reporte 102 ans en arrière, c’est la deuxième vague de la grippe espagnole à l’automne 1918 qui a terrassé les hôpitaux canadiens et fait le plus de victimes. Cette deuxième vague de grippe espagnole était quatre ou cinq fois supérieure à celle de la première vague.

Les autorités canadiennes avaient relâché trop tôt les mesures de confinement et les citoyens avaient baissé trop vite leurs gardes.

En fin de compte, la grippe espagnole a tué environ 50 000 Canadiens, alors que le pays comptait environ huit millions d’habitants.

Les cris d’alarme se font entendre pour éviter ce scénario de la grippe espagnole

Le Dr Sandy Buchman (Sénat)

Le président de l’Association médicale canadienne, le Dr Sandy Buchman, a déclaré à la commission des affaires sociales du Sénat mercredi que le système de santé canadien est « malade » et qu’il n’est pas préparé à une deuxième vague de pandémie.

Selon lui, une pénurie d’équipements de protection individuelle et un nombre insuffisant de tests rendent les Canadiens vulnérables.

Alors que le pays déconfine ses citoyens lentement, le Dr Buchman estime que les tests de dépistage seront en fait cruciaux lorsque la grippe ordinaire reviendra à l’automne.

« Nous devons être en mesure de comprendre la différence entre la grippe et la COVID, et nous devrons mettre en place des tests pour étendre rapidement nos tests si nécessaire », a-t-il déclaré, ajoutant que la recherche des contacts pour les cas diagnostiqués jouera également un rôle.

Deux hommes travaillent sur le chapiteau du cinéma ByTowne à Ottawa le 6 mai 2020. (Adrian Wyld/Canadian Press)

Le coronavirus ferait de nombreuses nouvelles victimes

Les autorités sanitaires estiment que les cas confirmés au pays (80 142 cas en date de jeudi matin) ne représentent probablement qu’une fraction du nombre réel, ce que les chercheurs considèrent à la fois comme un succès et une dangereuse vulnérabilité.

Environ 99 % de la population d’Ottawa ou de Montréal par exemple est donc probablement encore vulnérable à la COVID-19. Cela signifie qu’environ 1 % seulement de la population a contracté la maladie.

Le rapport de projections de l’Institut national de santé publique du Québec révélait il y a deux semaines que le plan de déconfinement initial à Montréal, reporté depuis, pouvait entraîner une forte augmentation des décès. Les projections étaient plus optimistes pour le reste du Québec. (Marc Brisson/INSPQ)

La Colombie-Britannique est comme le canari dans la mine

La médecin la plus en vue en Colombie-Britannique affirme qu’une deuxième vague de COVID-19 causée par le nouveau coronavirus est inévitable au Canada, mais que les leçons apprises au cours des derniers mois, notamment dans sa province qui a été la première touchée, contribueront à éclairer les réponses futures des décideurs.

Dre Bonnie Henry (RADIO-CANADA / HÉLÈNE BARDEAU)

La Dre Bonnie Henry, agent de santé de la Colombie-Britannique, a été louangée pour sa réponse à la pandémie. Le pire danger à ses yeux est la pensée magique.

« L’optimiste en moi aimerait penser que cela va peut-être disparaître, et que le virus va muter et ne va pas s’aggraver, a déclaré la Dre Henry, sur les ondes de radio de la CBC. Mais vous savez quoi? Nous n’avons jamais eu de pandémie dans l’histoire enregistrée qui n’ait pas eu de seconde vague. »

Mardi, sa province tout à fait à l’ouest du pays est entrée dans la deuxième phase de déconfinement, de nombreuses entreprises et espaces publics, y compris des restaurants et des plages, ayant rouvert avec des restrictions.

« Il est temps pour nous de nous regrouper, d’en apprendre le plus possible au cours des semaines et des mois à venir, et de nous préparer. »

Les plans de réouvertures des uns influeront sur les autres au pays du continent et dans le monde. (AP)

Un virus encore très vivant

La Dre Claire Betker, présidente de l’Association des infirmières canadiennes, a déclaré à la commission sénatoriale mercredi que les niveaux de tests sont particulièrement inquiétants et que le Canada est en retard sur les autres pays en ce qui concerne le nombre de tests effectués dans les laboratoires chaque jour.

« Nous sommes préoccupés par le fait que le virus est encore très vivant, qu’il se propage encore et qu’il n’est pas bien compris, a-t-elle dit. Compte tenu des leçons de l’histoire, nous demandons instamment une réouverture prudente et fondée sur des preuves. »

Santé Canada a aussi été très lent à approuver les dispositifs de test sérologique pouvant indiquer si une personne a été en contact avec le coronavirus. Le premier test de ce type n’a reçu le feu vert que le 12 mai. Nous n’avons donc pas une idée bien claire des taux de pénétration et d’infection au sein de la population.

Pendant des semaines, le Canada n’a pas eu de moyen approuvé de détecter les anticorps contre la COVID-19, qui peuvent contribuer à mieux comprendre si les personnes infectées sont immunisées contre le virus. L’accès à ces tests est limité, même si le test LIAISON, fabriqué en Italie, est disponible en ligne.

D’autres juridictions, notamment les États-Unis, ont approuvé les dispositifs plus tôt. En l’absence de ces informations, les projets de déconfinement au pays s’accélèrent.

NOUVEAU : 2 198 contrôles policiers de quarantaine pour des Canadiens revenus au pays

Les forces policières au pays ont été forcées d’effectuer près de 2200 visites à domicile pour s’assurer que des Canadiens respectaient bel et bien les règles d’auto-isolement obligatoire décrétées par le gouvernement canadien en mars dernier afin de protéger les Canadiens des risques de contagion provenant de l’étranger.

RCI avec CBC News

En complément

Déconfinement au Québec : les sports extérieurs permis dans votre région

Déconfinement de l’Ontario : son médecin en chef n’est pas d’accord

Coronavirus : le scanneur thermique, un accélérateur du déconfinement?

Pensée magique et lavage de mains : ce n’est pas un bon plan de déconfinement

Catégories : Économie, Politique, Santé, Société
Mots-clés : , , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.