La vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland, a dit que son gouvernement a été très clair pour dire que le racisme systémique existe dans toutes les institutions canadiennes et qu'il faut prendre des mesures concrètes pour le combattre. (Photo : THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick)

La police doit admettre l’existence du racisme systémique – Chrystia Freeland

La vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland, a déclaré mercredi que toutes les agences fédérales, y compris les forces policières, doivent reconnaître que le racisme systémique constitue un véritable problème au Canada. 

Durant sa conférence de presse journalière, Mme Freeland a voulu répondre à une remarque venant du sous-commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) en Alberta, Curtis Zablocki, qui a nié l’existence d’un racisme enraciné dans la culture policière au Canada.

« Je ne crois pas que le racisme soit systémique à travers la police canadienne. »Curtis Zablocki

M. Zablocki s’était exprimé lundi lors d’une mêlée de presse dans laquelle on lui posait des questions sur la vague de manifestations contre la mort de George Floyd aux États-Unis.

Par ailleurs, la commissaire de la GRC, Brenda Lucki, a été citée dans un article du journal canadien Globe and Mail, où elle met en doute le racisme systémique au sein de la police.

« Je dois admettre que j’ai vraiment du mal avec le terme racisme systémique. J’ai entendu 5 ou 10 définitions différentes à la télévision. Je pense que si le racisme systémique signifie que le racisme est ancré dans nos politiques et procédures, je dirais que nous n’avons pas de racisme systémique. »Commissaire Brenda Lucki au Globe and Mail

Elle a admis qu’il y a « des préjugés inconscients » parmi certains membres de la force policière fédérale qu’elle préside et a promis que ceux qui n’adhèrent pas aux principes fondamentaux de la GRC seront « tenus responsables ».

Ses remarques surviennent alors que la police fédérale canadienne et d’autres forces policières du pays sont face à des appels répétés à des changements pour mieux protéger les minorités raciales et ethniques.

Citée dans un article du Globe and Mail, la commissaire de la Gendarmerie royale du Canada, Brenda Lucki, met en doute le racisme systémique au sein de la police fédérale canadienne. (Photo : THE CANADIAN PRESS/Adrian Wyld)

La position du gouvernement canadien est sans équivoque, dit Chrystia Freeland

La vice-première ministre du Canada a rappelé que le premier ministre Justin Trudeau a été très clair pour dire que le racisme systémique existe dans toutes les institutions canadiennes.

« La position de notre gouvernement en ce qui concerne le racisme systémique au Canada est claire et sans ambiguïté. Comme l’a dit le premier ministre, nous reconnaissons absolument que le racisme systémique existe au Canada, que le racisme anti-Noir existe au Canada, et que les préjugés inconscients existent aussi au pays », a dit Mme Freeland.

Elle a aussi mentionné que le premier ministre Trudeau et le ministre de la Sécurité publique Bill Blair s’étaient entretenus avec la commissaire de la GRC à ce sujet.

« Nous savons que c’est un très grand défi pour notre gouvernement et pour nous tous. Nous devons, avant tout, bien sûr, reconnaître que le racisme systémique existe, et prendre des mesures concrètes pour le combattre et, finalement, le défaire », a déclaré Chrystia Freeland.

Comment désarticuler le racisme systémique ?

Ruby Lewis, 17 ans, lève le poing et applaudit alors que des milliers de personnes se rassemblent pour une manifestation pacifique à Vancouver en soutien à George Floyd et à la Canadienne Regis Korchinski-Paquet lors des interventions policières. (Photo : Darryl Dyck/Canadian Press)

L’Unité des enquêtes spéciales (UES), un organisme civil indépendant qui enquête sur les incidents mettant en cause des agents de police canadiens et qui travaille de concert avec le ministère de la Justice, se dit prête à commencer à collecter des données sur les plaignants et sur les agents de police dans le cadre d’enquêtes fondées sur la race ou l’origine ethnique.

Auparavant, l’agence ne recueillait et ne tenait à jour que des données sur l’âge et le sexe. Maintenant, elle va surveiller la race, l’ethnicité, la religion et l’identité autochtone.

Selon ce qu’un porte-parole de l’UES a confié à La Presse canadienne, la collecte des données devrait commencer le 1er octobre.

En entrevue avec cette même agence, Lilian Ma, directrice générale de la Fondation canadienne des relations raciales, s’est réjouie de cette décision.

« C’est un très bon début. On a besoin de [ces] données pour étayer la politique et pour savoir comment vous pouvez la modifier. »Lilian Ma

Mme Ma affirme que la collecte des données est essentielle dans la lutte contre le racisme systémique.

La décision de l’Unité des enquêtes spéciales a également été bien accueillie par Scott Wortley, un chercheur de longue date de l’Université de Toronto qui a travaillé sur l’importance des données basées sur la race.

Selon lui, la transparence doit être une considération majeure dans le cadre d’initiatives comme celles-ci.

« C’est une chose de collecter ces données, mais qui va pouvoir y accéder? Je pense que les données collectées par la police appartiennent à la communauté. »

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(Photo : Fondation canadienne des relations raciales)

La directrice générale de la Fondation canadienne des relations raciales croit également qu’enseigner l’histoire des discriminations raciales aux plus jeunes est primordial.

En entrevue avec Radio-Canada Manitoba, elle a affirmé que c’est petit qu’on développe nos habitudes de réflexion. En grandissant, croit-elle, nous sommes influencés par le système autour de nous, et nous créons des patrons [mentales] qui sont très durs à changer par la suite.

C’est important d’instruire les jeunes à l’histoire du Canada. Autrement, vous ne savez pas d’où vous venez et comment on en est arrivé là.Lilian Ma, directrice générale de la Fondation canadienne des relations raciales

En complément :

RCI avec la Presse canadienne, Fondation canadienne des relations raciales, Radio-Canada Manitoba, The Globe and Mail. 
Catégories : Politique, Société
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