Un nouveau rapport, qui compare deux enquêtes transnationales avant et pendant la pandémie, conclut que la COVID-19 a influencé l’attitude des consommateurs canadiens à l’égard des emballages alimentaires en plastique à usage unique.
Rappelons qu’au début du mois de mars, les cafés du pays ont suspendu l’utilisation de tasses réutilisables en raison des risques de contagion. Alors que l’épidémie devenait pandémie, cette mesure a laissé entrevoir les changements radicaux à venir. Dans les mois qui ont suivi, les bouteilles d’eau, les couvercles de gobelets, les couverts et les récipients jetables ont alimenté un flot toujours croissant de déchets de plastique.
La recherche menée par le Laboratoire d’analyse agroalimentaire de l’Université de Dalhousie a observé que le nombre de personnes qui achètent activement des produits emballés dans des matériaux autres que le plastique est resté pratiquement inchangé, passant de 58 % en 2019 à 60 % en 2020.
Cependant, alors que la grande majorité des Canadiens continuent de reconnaître l’impact des plastiques sur l’environnement, les résultats de 2020 indiquent une baisse légère, mais mesurable, de l’inquiétude (de 91 % à 87 %) et de la motivation des consommateurs à éviter les plastiques (de 89 % à 85 %), mais avec une baisse plus marquée chez les hommes.
La COVID-19 a changé d’autres attitudes et perceptions :
- D’une part, 29 % des personnes interrogées ont le sentiment d’acheter davantage de produits emballés en plastique pendant la COVID.
- Les femmes ont plus tendance que les hommes à acheter plus de plastique (34 % contre 25 %).
- Les jeunes sont particulièrement nombreux à en acheter : 47 % des 18-25 ans et 34 % des 26-39 ans déclarent consommer davantage d’emballages en plastique.
Ce dernier point peut s’expliquer selon les chercheurs par le fait que les jeunes consommateurs ont commandé plus de plats préparés dans les restaurants et de paquets-repas que les autres consommateurs.
- De plus, sachant que les emballages écologiques pourraient coûter plus cher, 50 % des personnes interrogées sont plus conscientes des prix depuis l’enquête, en particulier celles qui ont des revenus plus faibles et celles qui reçoivent la Prestation canadienne d’urgence (PCU).

(Photo : gerenme/iStock)
Les préoccupations en matière de sécurité alimentaire semblent déterminantes
Ainsi, 55 % des répondants sont plus préoccupés par la sécurité alimentaire depuis le début de la pandémie, en particulier les femmes, les citadins et les répondants de la Colombie-Britannique et de l’Atlantique.
Pendant la pandémie, 40 % des personnes interrogées considèrent que les nouvelles préoccupations en matière de sécurité pendant la COVID sont « très importantes », ou « extrêmement importantes » dans leur décision d’acheter des produits emballés en plastique.
Les nouvelles préoccupations en matière de sécurité étaient plus importantes pour les répondants de sexe féminin, les plus âgés, ceux à faible revenu et ceux qui avaient moins d’enfants.
« L’industrie semble avoir bien répondu aux préoccupations en matière de sécurité alimentaire pendant la pandémie, mais il est probable que cela n’aide pas à diminuer l’utilisation du plastique », a déclaré pour sa part le Dr Sylvain Charlebois, directeur du laboratoire.
La volonté de réglementer davantage a également été stimulée par la pandémie

(Photo : iStock/PeskyMonkey)
En 2019, un fort soutien s’est manifesté en faveur d’une réglementation plus stricte sur les plastiques (90 % d’accord) et d’une interdiction des plastiques à usage unique (70 % d’accord).
En 2020, le soutien à une réglementation plus stricte a baissé de 11 points de pourcentage, à 79 %, et celui pour une interdiction a baissé de 12 points, à 58 %. Les attitudes des hommes et des femmes ont divergé, les femmes continuant à soutenir les interdictions et les réglementations, alors que l’appui des hommes est en forte baisse.
« La COVID-19 a peut-être fait oublier à certains notre dépendance au plastique, mais le problème est toujours parmi nous », a dit le Dr Tony Walker, coauteur et associé de recherche au laboratoire. En effet, 52 % des personnes interrogées sont d’accord pour que toute nouvelle réglementation attende la fin de la pandémie.
Le laboratoire d’analyse agroalimentaire continuera à surveiller le sentiment du public sur les plastiques et les changements climatiques liés à l’industrie alimentaire.
Le sondage, représentatif des consommateurs canadiens, a été réalisé du 10 au 14 juillet 2020, en partenariat avec Angus Reid.
Au total, 977 réponses valides ont été recueillies. Afin d’observer les changements dans le temps, nous avons comparé ces résultats récents avec les données de base obtenues par ce laboratoire lors d’un sondage antérieur réalisé auprès de 1014 Canadiens du 13 au 18 mai 2019.
Avec les informations du Laboratoire d'analyse agroalimentaire de l'Université de Dalhousie.
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