Les familles demandent aux pays qui ont perdu des citoyens dans la tragédie de rendre publiques toutes les informations qu'ils ont obtenues sur ce qui s'est passé. (CBC)

Manifestations au Canada et dans le monde demandant justice pour les victimes du vol PS752

Des familles de victimes du vol détruit par deux missiles de l’armée iranienne dans le ciel de Téhéran, le 8 janvier dernier, ont organisé des manifestations lundi dans des villes du Canada, des États-Unis, d’Allemagne et du Royaume-Uni pour demander justice et réparation.

L’écrasement du vol de l’Ukraine International Airlines peu après son décollage a tué les 176 personnes à bord, dont 55 citoyens canadiens et 30 résidents permanents. Parmi eux, de nombreux étudiants et universitaires avaient passé les fêtes de fin d’année avec leurs familles en Iran. Cet accident était survenu dans un contexte particulièrement tendu entre l’Iran et les États-Unis, à la suite de l’assassinat par les États-Unis du général iranien Qassem Soleimani.

Au Canada, lundi, plus de deux douzaines de membres de familles et d’amis ont convergé vers la colline du Parlement. Ils portaient des masques noirs assortis du mot « justice ».

Hamed Esmaeilion, qui a perdu sa femme Parisa Eghbalian et sa fille de 9 ans Reera, a pris la parole au nom de l’association représentant les familles des victimes au Canada avec une liste de revendications. « Les familles demandent qu’il y ait une enquête juste et complète sans aucune interférence du gouvernement iranien », a-t-il déclaré.

D’autres rassemblements ont eu lieu au même moment à Edmonton, lieu d’origine de la majorité des victimes, ainsi qu’à Toronto, Montréal, Winnipeg et Calgary.

Hamed Esmaeilion (Ashley Burke/CBC News)

Le Canada crée une équipe médico-légale spéciale

Le Canada, qui accuse l’Iran d’avoir mis des mois à envoyer les boîtes noires en France pour téléchargement et analyse, a annoncé vendredi dernier la création de sa propre équipe d’expertise médico-légale et d’évaluation pour « collecter, organiser et analyser toutes les informations, preuves et renseignements disponibles » concernant le vol PS752. L’ancien directeur adjoint des opérations du Service canadien du renseignement de sécurité, Jeff Yaworski, dirige cette équipe, qui comprend également des représentants de plusieurs ministères et organismes gouvernementaux.

Assistant à la manifestation devant le parlement canadien, l’ex-ministre Ralph Goodale, nommé conseiller spécial du gouvernement fédéral, a affirmé que les preuves, les témoins et le site de l’écrasement demeurent 10 mois plus tard encore tous sous le contrôle de l’Iran. Pour avoir accès aux informations, cela exige une poursuite complexe des procédures internationales par plusieurs pays.

Rappelons que l’Organisation de l’aviation civile iranienne a publié un rapport préliminaire en août prétendant que seulement 19 secondes des conversations dans le cockpit ont été enregistrées après la première frappe de missile. Mais ce rapport n’a pas révélé les détails de ce que cet enregistrement a capté. Un deuxième missile a frappé l’avion 25 secondes après le premier, selon ce qu’affirme l’Iran.

Plusieurs ministres canadiens ont déclaré que le rapport iranien ne fournissait que « des informations limitées et sélectionnées » et ont demandé à l’Iran d’expliquer pourquoi l’espace aérien au-dessus de Téhéran a été maintenu ouvert lors d’une nuit d’intense activité militaire.

L’avion abattu, photographié en octobre 2019. (Ukraine International Airlines)

De simples citoyens piétinent les débris du Boeing d’Ukraine International Airlines, le 8 janvier 2020, à Téhéran. PHOTO : REUTERS / WANA NEWS AGENCY

Des mensonges à répétition

Après l’écrasement de l’avion qui avait décollé de l’aéroport Imam Khomeini, à 6 h 12 (heure locale), vers l’aéroport Pearson de Toronto en passant par Kiev, les responsables iraniens avaient attribué l’accident à une défaillance mécanique.

Ils avaient soutenu que le pilote avait perdu le contrôle de l’appareil après un incendie dans un moteur. Mais après des révélations des services secrets américains et canadiens, Téhéran s’était rétracté et avait confirmé plusieurs jours plus tard que l’avion était tombé sous des tirs accidentels de missiles iraniens.

Aide-mémoire

Le 3 janvier, un important général iranien, Qassem Soleimani, a été tué en Irak dans une attaque de drone approuvée par le président américain Donald Trump. Le 7 janvier, l’Iran a riposté en tirant des missiles sur deux bases militaires irakiennes, où étaient des troupes américaines. Quelques heures plus tard, le vol PS752 était la cible de deux missiles sol-air iraniens. Des photos des victimes canadiennes de l’écrasement d’avion. PHOTO : RADIO-CANADA / ROZENN NICOLLE

Le Canada accuse l’OACI de ne pas en faire assez

Lors de la manifestation de lundi à Ottawa, le ministre canadien des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, a accusé  l’Iran de manquer de transparence, mais aussi l’Organisation de l’aviation civile internationale, située à Montréal, de ne pas en faire assez pour obtenir les réponses qu’attendent les familles des victimes.

« J’ai dit à plusieurs reprises que je voulais que l’OACI fasse plus pour faire respecter la convention internationale sur la sécurité aérienne. »

Les familles demandent que l’Organisation adopte une résolution condamnant la destruction du vol PS752. En 2014, elle n’avait pas hésité à condamner la destruction du vol MH17 de Malaysia Airlines au-dessus de l’Ukraine orientale.

L’OACI rétorque pour sa part qu’elle a bel et bien « exhorté la République islamique d’Iran à mener l’enquête sur l’accident en temps utile » et dans le respect des conventions internationales. Le porte-parole de l’OACI, Anthony Philbin, a également déclaré que son conseil avait adopté de nouvelles normes et pratiques recommandées sur l’évaluation des risques et les responsabilités dans les zones de conflit.

L’Ukraine rencontre l’Iran ce mois-ci

Andriy Shevchenko, l’ambassadeur de l’Ukraine au Canada, a souligné lors de la manifestation d’Ottawa que son pays va s’entretenir avec l’Iran du 18 au 21 octobre pour faire part de ses préoccupations au nom des cinq pays qui ont perdu des citoyens.

Les discussions devraient porter sur un large éventail de questions, notamment l’indemnisation des familles des victimes.

« Nous ne sommes pas satisfaits de la quantité d’informations que nous recevons de l’Iran », a dit M. Shevchenko à CBC News.

RCI avec CBC News et Radio-Canada

Vol 752 – Une tragédie canadienne… Voici notre couverture complète

Vol 752 : les enquêteurs étrangers, dont canadiens, enfin invités en sol iranien
Le Bureau de la sécurité des transports du Canada confirme qu’il pourra se rendre sur le site de l’écrasement après avoir été invité par le Bureau des enquêtes sur les accidents d’aviation de l’Iran. Ali Abedzadeh, le chef de l’Organisation de l’aviation civile iranienne, a invité le Canada et la Suède à coopérer dans l’enquête sur l’accident.

Rapatrier d’Iran les restes des victimes canadiennes du vol 752 s’annonce ardu
Le fait que le Canada ait rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran il y a des années compliquera probablement le travail de recherche des causes de l’écrasement et le rapatriement des corps des Canadiens. Il y a aussi le problème que l’Iran ne reconnaît pas la double citoyenneté.

Iran : l’avion serait tombé sous des tirs de missiles iraniens
Le premier ministre du Canada confirme différentes sources de renseignements qui mentionnent que l’avion de la compagnie ukrainienne s’était écrasé suite à des tirs de missiles iraniens. Il a ensuite ajouté qu’il s’agit peut-être d’un « geste involontaire ». M. Trudeau a dit espérer qu’une enquête approfondie soit ouverte.

Écrasement de l’avion en Iran : images de ceux qui devaient revenir au Canada
Ils venaient tout juste de se marier : Arash Pourzarabi et sa nouvelle épouse, Pooneh Gorji, étaient tous deux chercheurs en informatique à l’Université de l’Alberta. Ils se sont mariés en Iran, au début janvier, et ils retournaient à Edmonton en Alberta pour poursuivre leurs études (Famille).

Écrasement de l’avion en Iran : les faits versus rumeurs, théories et complots
Sur les réseaux sociaux, les rumeurs vont bon train et des théories du complot se multiplient. Plusieurs dressent par exemple la liste des raisons pour lesquelles le vol PS752 aurait pu être abattu par accident. Voici les faits tels qu’ils se présentent en ce moment…

Pourquoi y avait-il tant de Canadiens dans l’avion qui s’est écrasé en Iran?
Des options de voyage très limitées, notamment causées par des sanctions économiques américaines, ont contribué à la perte de vies de tant de Canadiens. «Malheureusement, en raison des sanctions économiques américaines, la communauté irano-canadienne n’a pas beaucoup d’options pour se rendre en Iran, et celles qui sont disponibles ne sont pas très abordables…

Écrasement d’avion en Iran : condoléances du Canada aux familles des victimes
La nouvelle de l’écrasement du vol 752 d’Ukraine International Airlines a créé une onde de choc au Canada. Radio-Canada rapporte que 25 enfants figuraient parmi les 63 victimes canadiennes de cette tragédie survenue à l’ouest de Téhéran. Le gouvernement canadien a offert ses condoléances aux familles et affirmé la possibilité pour le Canada de participer aux enquêtes.

63 passagers canadiens meurent dans l’écrasement d’un Boeing ukrainien en Iran
Din Mohammad Qassemi, qui vit près du site de l’accident, a affirmé : « J’ai entendu une explosion massive et toutes les maisons ont commencé à trembler. Il y avait du feu partout. Au début, j’ai pensé que [les Américains] avaient frappé ici avec des missiles. Au bout d’un moment, je suis sorti et j’ai vu qu’un avion s’était écrasé là-bas. Il y avait des morceaux de corps partout. »

Catégories : Immigration et Réfugiés, International, Politique
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