Les compagnies aériennes et l’industrie aéronautique demandent une aide du gouvernement fédéral depuis plusieurs mois maintenant que ce soit financière ou au niveau des mesures de sécurité sanitaire aux frontières. (Photo : Nathan Denette / La Presse canadienne)

COVID-19 : Ottawa envisage d’accorder des prêts à ses compagnies aériennes

Le Canada serait sur le point de présenter un plan d’aide aux compagnies aériennes du pays qui se traduirait essentiellement par des prêts à faible taux d’intérêt, avancent trois sources gouvernementales à l’agence de presse Reuters. 

Les compagnies aériennes et l’industrie aéronautique demandent une aide du gouvernement fédéral depuis plusieurs mois, qu’elle soit financière ou dans l’atténuation des mesures sanitaires aux frontières.

La pandémie de COVID-19 a fait chuter le trafic aérien de 92 % entre avril et août comparé à 2019, selon le Conseil des aéroports du Canada.

« Nous arrivons à court de pistes sur ce point », a déclaré une source gouvernementale, citant des inquiétudes sur la viabilité des compagnies aériennes et des aéroports canadiens. La source interrogée par Reuters a souhaité garder l’anonymat parce que la situation est délicate.

Aéroports de Montréal a enregistré une baisse de 89,9 % de passagers à l’aéroport international Montréal-Trudeau (YUL), le troisième du pays, au troisième trimestre de 2020 comparé à la même période en 2019. (Photo : Paul Chiasson / La Presse canadienne)

En guise d’exemple, Aéroports de Montréal (ADM) a publié jeudi ses données relatives au troisième trimestre de 2020.

L’autorité aéroportuaire enregistre ainsi une baisse de 89,9 % de passagers à l’aéroport international Montréal-Trudeau (YUL), le troisième du pays, comparé à la même période en 2019. Pour ce qui est des bénéfices avant impôts, ADM enregistre une chute de 120,9 millions de dollars ou 110,2 % par rapport à la même période l’année précédente.

«Les résultats enregistrés pour ce troisième trimestre de 2020 ne sont guère réjouissants, mais très peu surprenants », indique dans un communiqué Philippe Rainville, président-directeur général d’ADM. « À YUL, les corridors et les stationnements sont vides, les passagers se font rares, une partie de nos barrières d’embarquement sont fermées. »

« Bien que notre industrie ait toujours fait preuve de résilience dans le passé, la situation n’a jamais été aussi grave. Il est plus que temps de revoir la stratégie au pays. »

Philippe Rainville, président-directeur général d’ADM

Des manifestations et des lettres ouvertes d’employés du secteur de l’aviation ainsi que des compagnies aériennes nationales se sont adressées au gouvernement libéral dans les dernières semaines. Ils demandent notamment des aides financières similaires à celles octroyées par d’autres gouvernements du G20 à leurs compagnies nationales.

Les employés reconnaissent qu’un programme de subvention salariale fédéral d’urgence s’adressant à toutes les entreprises du pays a certes « apporté plus d’un milliard de dollars de soutien aux principales compagnies aériennes du Canada. Mais cela, disaient-ils, n’a pas arrêté l’hémorragie ».

Des manifestations ont eu lieu en octobre devant le parlement canadien à Ottawa ainsi qu’à l’aéroport Jean-Lesage de Québec afin de sauver l’industrie aérienne. (Photo : Ashley Burke/CBC News)

Le Canada est le deuxième pays du monde en superficie et une nation qui dépend fortement du transport aérien pour relier ses régions éloignées.

Face à ces demandes, la ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland, a d’abord résisté à l’idée de fournir une aide sectorielle spécifique, ont déclaré deux des sources de Reuters.

Toutefois, sous la pression de certains ministres clés, elle examine désormais comment aider spécifiquement les compagnies aériennes, car il est devenu évident que le secteur aérien ne se relèverait pas à l’automne, rapporte la première source.

« Les discussions sont en cours, elles sont positives », a dit la première source, ajoutant que l’accent est maintenant mis sur « la protection du secteur et de ces routes régionales et le maintien en activité des aéroports ».

Air Canada et WestJet, les deux plus grandes compagnies aériennes du pays, ont dû mettre plusieurs lignes nationales et internationales en suspens à cause de la pandémie. WestJet ne dessert désormais plus qu’une ville canadienne à l’est de Montréal par exemple.

Des prêts à faible taux d’intérêt

L’une des principales options pour aider les compagnies aériennes est l’octroi de prêts à faible taux d’intérêt. Cependant, les sources de Reuters ne peuvent donner aucun détail sur les montants ou les conditions.

Cette idée a la faveur des syndicats, qui ont demandé début octobre un prêt à faible taux d’intérêt de 7 milliards de dollars sur 10 ans.

L’autre possibilité est que le gouvernement acquière des parts dans les compagnies aériennes, mais cela est peu probable selon deux des sources.

Face aux demandes des acteurs du secteur de l’aviation, la ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland, a d’abord résisté à l’idée de fournir une aide sectorielle spécifique, ont déclaré deux des sources de Reuters. (Photo : Adrian Wyld/The Canadian Press)

Air Canada a déjà mis à pied 20 000 de ses 38 000 employés et des coupes similaires ont eu lieu dans d’autres compagnies aériennes canadiennes. 

Toutefois, le gouvernement libéral redoute qu’une aide conséquente au secteur de l’aviation attire la convoitise des autres secteurs de l’économie.

« Nous comprenons parfaitement que c’est une période frustrante et difficile pour les travailleurs et l’industrie aérienne, a dit une troisième source gouvernementale. Nous devons évidemment être très prudents pour bien faire les choses pour les travailleurs du secteur et investir de manière responsable pour les Canadiens. »

Rappelons qu’Ottawa a déjà mis en place des programmes d’aide d’urgence pour soutenir tous les secteurs.

Les compagnies aériennes ont déjà utilisé 1,3 milliard de dollars de subventions fédérales pour payer les salaires de leurs employés pendant la pandémie.

Le gouvernement a également fourni 192 millions pour soutenir les transporteurs aériens du Nord et a renoncé aux loyers des baux fonciers jusqu’en décembre 2020, un geste d’une valeur de 330 millions.

Lors d’une entrevue avec Reuters, Jerry Dias, chef du syndicat Unifor, qui représente plus de 16 000 membres du secteur aérien, a exhorté Ottawa à agir rapidement.

« Ce n’est pas sorcier… il n’y aura pas de reprise forte sans compagnies aériennes fortes », a-t-il déclaré par téléphone.

Avec les informations de Reuters.

Catégories : Économie, Société
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