Prévisions de changements dramatiques et très rapides dans nos forêts du Nord

Un oiseau de la forêt boréale du Manitoba. La forêt boréale est l'une des plus grandes zones écologiques de la planète. Elle couvre la majeure partie du nord du Canada et s'étend jusqu'en Scandinavie et dans le nord de la Russie. (iStock)
Un oiseau de la forêt boréale du Manitoba. La forêt boréale est l’une des plus grandes zones écologiques de la planète. Elle couvre la majeure partie du nord du Canada et s’étend jusqu’en Scandinavie et dans le nord de la Russie. (iStock)
Selon l’enquête réalisée par trois chercheurs dont un scientifique québécois, le réchauffement climatique menacerait tout particulièrement les forêts boréales qui recouvrent une bonne partie du nord du Canada, jusqu’à la taïga du Grand Nord.

Ces « changements pourraient être très dramatiques et très rapides », a prévenu Dmitry Schepaschenko, de l’Institut autrichien pour l’analyse des systèmes appliqués. Il est l’un des trois auteurs qui viennent d’analyser l’ensemble des récentes études dans le monde sur la forêt boréale. Leurs conclusions ont été publiées jeudi dans un numéro spécial « Forêts » de la revue Science.

Les trois chercheurs – du Québec, de Finlande et d’Autriche – rappellent que ces forêts boréales ne peuvent « migrer » assez rapidement vers le nord pour échapper à une hausse rapide des températures.

Précison que le chercheur québécois travaille pour le ministère des Ressources naturelles du Canada et qu’il n’a pas pu commenter les résultats de la recherche en raison des restrictions imposées aux fonctionnaires fédéraux durant la campagne électorale canadienne.

À quelques degrés du déclin
The Canadian Boreal Initiative hopes to ultimately protect about half the country's forest, which makes up fully one-third of the world's such woodlands. (Jonathan Hayward/Canadian Press)
La forêt boréale d’Alberta. (Jonathan Hayward / La Presse Canadienne)

Bien que la forêt canadienne demeure en assez bonne santé pour le moment, les chercheurs soulignent que les températures devraient augmenter davantage et plus rapidement en zone boréale que partout ailleurs sur la planète. M. Schepaschenko affirme que certaines parties de la Sibérie pourraient se réchauffer par exemple de 11 degrés Celsius.

Cela entraînera plus de précipitations, mais pas assez pour contrer la sécheresse causée par le réchauffement. Le temps plus sec créera aussi des maladies et insectes jusque-là inexistants, et des incendies de forêts dans cette vaste « ceinture verte » qui recouvre une bonne partie du nord de la planète, en dessous de l’Arctique.

Par conséquent, les vieilles forêts boréales qui seraient détruites ne devraient pas pouvoir se renouveler dans ces nouvelles conditions, ce qui laisserait une ceinture verte beaucoup plus morcelée.

« Cette forêt se transformera en un type de savane », conclut le chercheur autrichien.

Les impacts de ce changement seront énormes et toucheront tout, des milliards d’oiseaux nichés dans la forêt aux industries qui dépendent de ses vastes réserves, en passant par le carbone présentement emprisonné dans le pergélisol et qui sera libéré dans l’atmosphère aggravant encore plus le réchauffement climatique.

Aide-mémoire…

Le tiers de toutes les forêts boréales de la Terre sont au Canada.

  • Les forêts boréales canadiennes en vert foncé ici sur la carte s’étendent en un immense arc de cercle de plus de 1000 km de large et de plus de 5 000 km de long qui va de la frontière du Yukon à l’ouest jusqu’à la région de Terre-Neuve-et-Labrador à l’est.
  • Un atout écologique non seulement pour les Canadiens, mais aussi pour le monde entier .
Un appel international à la protection

En 2013, un groupe de chercheurs de plusieurs pays a lancé un appel pressant au Canada afin que 50 % de toutes les forêts boréales du pays soient exemptes de tout développement.

Le panel scientifique international de conservation boréale (International Boreal Conservation Science Panel – IBCSP) affirmait que la moitié des 5,8 millions de kilomètres carrés de forêt boréale canadienne doit être protégée dans son entièreté, seule façon d’assurer que les « services » offerts par les écosystèmes – stockage du carbone, nettoyage des eaux douces de surface – soient eux-mêmes protégés.

Toutefois moins de 10 % de ce territoire au Canada est officiellement protégé contre le développement. Or, ces forêts nordiques canadiennes subissent de plein fouet d’énormes pressions : le déboisement dans les provinces et les territoires producteurs de bois d’œuvre, les activités de forage des sables bitumineux dans le nord de l’Alberta et les projets miniers un peu partout principalement au nord du pays.

Le saviez-vous?
Forêt boréale au Yukon. (iStock)
Forêt boréale au Yukon. (iStock)
  • Les forêts boréales au Canada ont pris naissance il y a seulement 5 000 ans, car il y a une vingtaine de milliers d’années, le nord de l’Amérique du Nord était en fait en grande partie recouvert de glaciers.
  • Au cours des 15 000 à 16 000 années qui ont suivi, diverses espèces d’arbres qui poussaient au sud de ces glaciers ont peu à peu occupé les régions libérées par la fonte des glaces.
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Le réchauffement climatique menacerait les forêts boréales – Radio-Canada

Climate change pushing boreal forest to a tipping point: study – Globe and Mail 

Alaska’s boreal forests are changing – Alaska Dispatch News 

Stéphane Parent, Radio Canada International

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