Le français et l’éducation bilingue inuit dans le territoire canadien du Nunavut

L’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), qui représente quelque 65 000 Inuit au Canada, a choisi d’adopter un système d’écriture unifié de l’inuktitut, la langue inuit, pour lever les barrières linguistiques qui perdurent entre les régions inuit du pays.
(Radio-Canada)
Le projet de loi 25 du gouvernement du Nunavut veut rendre l’éducation au territoire bilingue avec la langue inuite d’ici 2039, même à l’école de langue française.

Le projet de loi 25, à l’étude en ce moment par les députés en comité permanent, vise à modifier la loi sur l’Éducation et la Loi sur la protection de la langue inuit de façon à repousser de 20 ans l’objectif d’instaurer un système d’éducation bilingue.

La loi actuelle visait l’enseignement dès cette année de la langue inuit de la maternelle à la 12e année. Or, la pénurie d’enseignants n’a pas permis d’atteindre cet objectif.

Le projet de loi 25 comprend des mesures pour assurer la mise en place de l’école bilingue au cours des prochaines années.

À l’École des Trois-Soleils, la seule école francophone de langue première au territoire, la langue inuit y serait enseignée comme langue seconde, pour autant que l’enseignant parle également le français.

L’École des Trois-Soleils accueille une centaine d’élèves de la maternelle à la 12e année sous la responsabilité de la Commission scolaire francophone du Nunavut. (Claudiane Samson / Radio-Canada)

L’expert en éducation du français en milieu minoritaire, l’avocat Mark Power, affirme que le projet de loi nunavois respecte les droits des francophones, protégés par la Charte canadienne.

« Les tribunaux nous enseignent depuis des décennies que tout doit se passer en français, sauf l’enseignement d’autres langues. Bien sûr, à Toronto, à Calgary et ailleurs, on a choisi d’enseigner l’anglais ou l’espagnol et d’offrir l’enseignement dans d’autres langues au choix. »

« Donc, à première vue, si le gouvernement a choisi d’imposer l’enseignement de l’inuktitut comme deuxième langue, par exemple à partir de la quatrième année au sein de l’école de langue française, cela paraîtrait d’abord conforme à l’article 23 de la Charte, surtout s’il n’est pas question de retirer des minutes d’enseignement en français. »
Mark Power, avocat
Objectif de bilinguisme réaliste?

La présidente de la Commission scolaire francophone du Nunavut (CSFN), Nancy Guyon, admet que l’objectif est ambitieux. Le recrutement et la rétention d’enseignants bilingues en français et en langue inuit sont un défi de taille dans le territoire où le roulement de personnel est continuel.

« On est ouvert si on a le budget nécessaire, s’il y a les ressources nécessaires et si le gouvernement nous les fournit […] On a plusieurs années devant nous pour voir et « réadresser ». Donc, on ne paniquera pas tout de suite. »
Nancy Guyon, présidente de la Commission scolaire francophone du Nunavut

La Commission scolaire, qui tenait mercredi soir son assemblée générale annuelle, a par exemple dû composer cette année avec le départ d’une directrice générale et d’administrateurs et une nouvelle direction intérimaire à l’école qui effectue aussi une tâche d’enseignante.

La présidente Nancy Guyon entrevoit toutefois l’avenir avec optimisme à l’issue de la rencontre.

« On a senti un vent rafraîchissant parce qu’on a eu une année quand même mouvementée, mais les gens veulent travailler ensemble. Puis ce qui en est ressorti, c’est vraiment du positif pour le futur. »

La Commission scolaire scolaire, un modèle au Nunavut?

Tout au long de la semaine, les députés en Comité permanent ont entendu les critiques des intervenants qui croient que le projet de loi 25 ne va pas assez loin.

La présidente de Nunavut Tunngavik Incorporated (NTI), Aluki Kotierk, a affirmé que l’organisme qu’elle représente aurait dû participer à l’écriture du projet de loi, qui devrait, selon elle, donner aux districts scolaires du territoire autant de pouvoir qu’à la commission scolaire francophone notamment en matière de gestion du système scolaire.

« Les francophones ont leur propre commission scolaire. Faisons de même. […] L’autorité francophone en éducation détient beaucoup de pouvoir, et j’aimerais que les districts aient ce même pouvoir. »
Aluki Kotierk, présidente de NTI

La comparaison n’est pas nouvelle ni inusitée, selon la présidente de la Commission scolaire, Nancy Guyon. « On peut nous envier peut-être, c’est tout à fait correct si on sert de modèle de par nos essais erreurs. Tant mieux, mais je pense que ça s’arrête là. »

« Ça fait toujours partie du tissu culturel du Nunavut. Il y a toujours une comparaison avec les francophones puis ce qu’on a eu, et en même temps, pour vulgariser à l’extrême, on ne peut pas comparer des pommes vertes et des pommes rouges. C’est différent. »
Nancy Guyon, présidente de la CSFN

Radio-Canada

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