Jour de deuil des travailleurs au Yukon : 10 ans depuis la mort de Jean-François Pagé

Jean-François Pagé avait 28 ans quand une femelle grizzly l'a happé mortellement près de Ross River en avril 2006. PHOTO : FOURNIE
Jean-François Pagé avait 28 ans quand une femelle grizzly l’a happé mortellement près de Ross River en avril 2006. PHOTO : FOURNIE
La journée à la mémoire des travailleuses et des travailleurs blessés ou tués au travail coïncide cette année au Yukon avec le 10e anniversaire du décès de Jean-François Pagé.

Le 28 avril 2006, le jeune homme de 28 ans a été attaqué mortellement par une femelle grizzly protégeant ses petits tandis qu’il jalonnait un claim minier près de Ross River pour l’entreprise Aurora Geoscience.

La tragédie touche profondément la famille, les amis et les collègues du défunt. La députée Kate White était très proche de la victime. Cette période de l’année est devenue particulièrement pour elle, d’autant plus qu’elle doit rendre hommage aux victimes au travail à l’Assemblée législative.

« Comment est-ce qu’on peut penser que quelqu’un serait vraiment mort le jour qu’on utilise pour se souvenir des personnes qui sont mortes ou qui se font blesser en travaillant », dit-elle. Elle est toutefois soulagée par le fait qu’aucun décès au travail n’a été enregistré au Yukon en 2015.

Un accident évitable selon la CSST
Kurt Dieckmann de la Commission de la santé et de la sécurité au travail du Yukon. PHOTO : CLAUDIANE SAMSON/ICI RADIO-CANADA
Kurt Dieckmann de la Commission de la santé et de la sécurité au travail du Yukon. PHOTO : CLAUDIANE SAMSON/ICI RADIO-CANADA

Kurt Dieckmann était à l’époque directeur à la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) du Yukon. « Ça m’a touché profondément et de façon personnelle », se rappelle-t-il. « Le jour à la mémoire des travailleurs est déjà très difficile pour moi et de savoir que quelqu’un est mort pendant qu’on commémore ceux qui sont morts ou qui ont été blessés au travail a eu un impact émotif difficile. »

Après l’incident, la CSST avait déposé six accusations contre l’entreprise soutenant que celle-ci n’avait pas offert la formation ou l’équipement nécessaire à la sécurité de son employé. Le procès a plus tard été abandonné pour des questions de procédures. « Quand c’est arrivé, il y avait beaucoup de débats à savoir si ce type d’incident était évitable. Les gens en sont venus à réaliser que si on ne fait rien, rien ne changera. […] Je pense que les gens croient fermement maintenant qu’il y a des mesures qui peuvent être prises », renchérit M. Dieckmann.

Il croit que l’industrie a progressé depuis. Certaines entreprises évitent d’envoyer leurs jalonneurs trop tôt dans la saison, dit-il. D’autres munissent leurs équipes de barrières amovibles, et personne n’envisagerait désormais de sortir sans un vaporisateur chasse-ours.

Meilleure sensibilisation aux dangers du milieu sauvage
Gary Vivian est le président de l'entreprise Aurora Geoscience. PHOTO : CLAUDIANE SAMSON/ICI RADIO-CANADA
Gary Vivian est le président de l’entreprise Aurora Geoscience. PHOTO : CLAUDIANE SAMSON/ICI RADIO-CANADA

Gary Vivan, le président de l’entreprise pour laquelle travaillait Jean-François Pagé, est convaincu que tout le monde aujourd’hui est sensibilisé aux dangers du travail en milieu sauvage, mais le souvenir de la tragédie s’est à peine estompé, dit-il. « Les employés au Yukon l’ont pris difficilement. JF était un employé formidable et certainement un jeune homme formidable. »

« Ce qui a le plus changé dans l’industrie, c’est de s’assurer d’avoir la meilleure documentation possible entourant la formation des employés, parce que c’est là qu’on rencontre des problèmes. La sécurité de nos employés est ce qu’il y a de plus important pour notre entreprise, pour toutes les entreprises. Mais de dire que vous êtes sécuritaire ne suffit pas. Il faut pouvoir le prouver. »

Les méthodes de travail n’ont pas beaucoup changé, selon Gary Vivian. Les tanières d’ours demeurent difficiles à identifier du haut des airs et l’opération coûteuse.

Le président affirme par ailleurs que si l’entreprise ne jalonne pas en ce moment, c’est tout simplement parce que les contrats manquent.

Claudiane Samson, Radio-Canada

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