Voici le plus grand projet de liquéfaction de gaz de l’Arctique
Un immense projet d’exploitation de gaz naturel démarrera bientôt ses activités dans le Grand Nord de la Russie, dans la péninsule de Yamal, dont le sol contient 22 % de toutes les réserves de gaz naturel au monde. État des lieux.
Il y a quatre ans, la péninsule de Yamal était pratiquement déserte. Aujourd’hui, près de 30 000 travailleurs s’affairent à la construction de ce projet colossal dans le froid glacial de Sabetta.
Les températures peuvent descendre à moins 50 degrés dans cette partie de l’Arctique russe.
De plus, durant les trois mois de noirceur qui assombrissent cette région située à 600 kilomètres au nord du cercle polaire, les travaux doivent se poursuivre à la lumière de projecteurs.
À la fin de chaque mois, les travailleurs rentrent chez eux et sont remplacés par 30 000 autres ouvriers.
Pour faciliter leur déplacement, un aéroport, qui est devenu l’un des plus fréquentés de Russie, a été construit.
Des « pionniers de l’Arctique »
Le projet est financé par la pétrolière française Total et par les entreprises Novatek de Russie et CNPC de Chine. En raison des conditions de travail arides qu’engendre le froid sibérien, une partie importante de la construction des trois usines de liquéfaction de gaz du projet a été réalisée en Asie.
Ainsi, 172 modules ont été fabriqués à l’étranger par 55 000 travailleurs. Les modules sont ensuite assemblés sur place, à Sabetta, comme un gigantesque jeu de Lego.
Quatre immenses réservoirs de 45 mètres de hauteur ont également été bâtis pour stocker le gaz.
La vaste installation repose sur des dizaines de milliers de piliers enfoncés dans un pergélisol jusqu’à plus de 20 mètres pour la stabiliser. L’ingénierie est révolutionnaire.
Plus de 200 puits seront également forés, et trois trains de liquéfaction d’une capacité annuelle de 5,5 millions de tonnes chacun seront mis en place.
Traitement : Éliminer les composés comme l’eau ou le mercure dans le gaz qui pourraient altérer les installations et provoquer des dépôts lors de la liquéfaction.
Le refroidissement : Après un premier refroidissement du gaz, une distillation en retire les hydrocarbures, comme le propane et le butane. Le gaz passe ensuite dans des échangeurs thermiques jusqu’à ce que sa température soit abaissée jusqu’à -160 °C pour l’amener à l’état liquide.
Le stockage : Avant d’être chargé à bord des méthaniers, le gaz est stocké dans de grands réservoirs à pression atmosphérique.
Passage du Nord-Est
Afin de recevoir tout le matériel de ce chantier, un port a été construit. L’infrastructure servira aussi par la suite à l’expédition du gaz liquéfié.
Pendant six à neuf mois par année, les eaux de la région sont gelées, et des brise-glaces assurent l’accès à Sabetta. Les changements climatiques rendent toutefois la région de plus en plus accessible.
Sabetta sert ainsi de modèle pour vendre une nouvelle voie maritime. La Russie veut octroyer des droits de passage sur la route maritime du nord, une solution moins longue et moins coûteuse que le canal de Suez.
En Corée du Sud, 15 méthaniers et brise-glaces sont en construction pour expédier le gaz en Asie et en Europe. Cependant, Sabetta n’est pas encore tout à fait prêt pour les accueillir. Les travaux doivent encore continuer jour et nuit pour au moins les trois prochaines années.
Si tout se déroule comme prévu, les premières livraisons de gaz naturel liquéfié débuteront à la fin de l’été prochain. La construction de ce projet pharaonique doit être achevée en 2019.