« Nous sentons un lien réel avec les Inuits du Canada » – Christian Elsner, Nanook
La musique contemporaine groenlandaise profitera d’une vitrine prisée de la scène culturelle arctique, cet été, alors que le groupe rock Nanook se produira au Festival des arts Alianait, à Iqaluit, dans le territoire canadien du Nunavut.
« Nous sommes honorés », dit au téléphone le chanteur et guitariste Christian Elsner, accompagné de son frère Frederik, au sujet de leur deuxième présence à ce festival mettant en vedette des artistes inuits et autochtones. « Nous n’avons pas souvent l’occasion de venir au Canada. »
« Nous sentons un lien réel avec les Inuits du Canada », affirme-t-il.
Fidèles à leur langue
Pour son 10e anniversaire, Nanook s’offre un quatrième album intitulé As if we are one (Ataasiusutut Misigissuseq), qui sera lancé le 1er mai.
Cette dernière œuvre représente pour eux le début « d’un nouveau chapitre » suivant « une nouvelle inspiration ». Pas question, toutefois, de délaisser le style qui a fait leur renommée, celui qui leur a permis de dépasser les 15 000 ventes dans un pays de seulement 57 000 habitants. « Notre style a évolué, mais il sera toujours reconnaissable », précise Elsner.
Après quatre ans de travail, incluant un mois avec le producteur islandais Arnar Gudjonsson, Nanook lancera ce qu’Elsner qualifie sans hésiter « de l’album le plus honnête » de l’histoire du groupe.
Honnêtes, et fidèles à leurs origines. Malgré les avances de plus en plus nombreuses de studios anglophones, le prochain disque sera offert uniquement en Groenlandais… avec, néanmoins, des traductions anglaises à l’écrit. « Nous demeurons fidèles à notre langue », affirme Elsner.
Groenlandais et Inuits
Nanook s’identifie d’emblée à la culture groenlandaise, mais également au peuple inuit.
« Nous faisons aussi partie d’une sous-culture inuite », dit Elsner.
« Les Inuits du Groenland ont été influencés par les peuples scandinaves, tandis que ceux du Canada et de l’Alaska ont plutôt connu une influence américaine. Ces petites différences font de nous, les Inuits groenlandais, un sous-groupe au sein de la culture inuite », élabore-t-il. « Mais nous sommes tous Inuits. »
Des défis à se produire au Groenland
La population du Groenland étant éparpillée dans de petits villages soumis à un climat arctique, plusieurs obstacles se dressent devant des artistes souhaitant se produire à travers le pays.
« Les questions monétaires représentent le plus grand défi », explique Elsner. En hiver, le groupe doit prendre l’avion pour voyager entre les destinations. Or, « les billets d’avion au Groenland sont parmi les plus dispendieux au monde », explique l’artiste.
En raison de la dispersion des communautés, beaucoup de temps est passé en transport. « Il faut parfois prévoir une semaine pour une seule prestation. »
« On est chanceux d’être l’un des rares groupes au Groenland à pouvoir se déplacer pour nos spectacles », reconnaît-il.
Parmi les autres groupes au programme :
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- Cris Derksen, celliste/compositeur autochtone du nord de l’Alberta;
- Leela Gilday, compositeure/interprète de la nation dénée, aux Territoires du Nord-Ouest
- Twin Flames, duo autochtone composé de Chelsey June, d’Ottawa, et Jaaji du Nunavik
- Séan McCann, chanteur folk de Terre-Neuve-et-Labrador
- Lazarus Qattalik, compositeur/interprète du Nunavut
- Agaaqtoq, chanteur inuit du Nunavut
Clarification : Les ventes de disques de Nanook dépassent les 15 000 copies. L’information précédente faisant état de 10 000 albums était tirée de la page Facebook du groupe.