La légalisation du cannabis inquiète des communautés du Nord canadien

Un plant de cannabis. (Yarygin/iStock)
La légalisation du cannabis inquiète certaines communautés des Territoires du Nord-Ouest qui craignent l’impact de l’arrivée de cette drogue en vente libre chez eux. Le comité territorial responsable d’examiner le projet de loi sur la question estime qu’une meilleur éducation devra accompagner la légalisation.

La légalisation imminente de la marijuana au Canada oblige le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, comme ceux des autres provinces et territoires au pays, à se doter d’un cadre législatif pour en encadrer la distribution, la vente et la consommation.

Pour ce faire, le gouvernement territorial a déposé le projet de loi 6 sur la mise en oeuvre de la légalisation et la réglementation du cannabis à l’Assemblée législative cet hiver.

Un comité formé de députés a entamé une série de consultations publiques pour discuter du projet de loi qui devra être accepté, avec ou sans modification, avant la fin juin.

Le projet de loi 6 en quelques points
  • L’importation et la vente de cannabis relèveront de la Société des alcools des Territoires du Nord-Ouest.
  • Initialement, la vente ne sera possible que dans les magasins d’alcool ou par Internet, mais le projet de loi permet l’octroi de permis de vente à de nouveaux commerces.
  • L’âge légal pour la possession et la consommation sera de 19 ans.
  • Une limite de 30 grammes sera tolérée dans les endroits publics.
  • Il sera possible de cultiver quatre plants à domicile.
  • Aucune trace de marijuana dans le sang ne sera tolérée pour les chauffeurs de 21 ans et moins.
  • Les communautés qui ne possèdent pas de magasin d’alcool pourront tenir un plébiscite pour restreindre ou interdire la vente de cannabis sur leur territoire.

Une première semaine de consultations a dévoilé que le gouvernement n’avait pas assez consulté et informé la population avant de déposer son projet de loi, selon le président du comité permanent des opérations gouvernementales, Kieron Testart.

Les participants aux consultations ne sont donc pas prêts à faire des recommandations. « Beaucoup des gens à qui nous parlons dans ses consultations ne savent pas comment le projet de loi fonctionne et ce qu’il inclut », dit-il. « Nous devons donc répondre aux questions afin d’en venir à une discussion plus éclairée ».

Selon lui, beaucoup de membres de différentes communautés visités disent craindre l’arrivée du cannabis chez eux et demandent plus d’éducation sur les effets de cette drogue.

Des similitudes avec l’arrivée de l’alcool

Même si les effets de la consommation du cannabis diffèrent de ceux de l’alcool, plusieurs membres des communautés consultées ne peuvent s’empêcher de voir des parallèles entre la légalisation de la marijuana et l’arrivée soudaine de l’alcool dans certaines communautés du Nord.

Certains comme Nora Wedzin de Behchoko craignent que l’arrivée d’un marché du cannabis dans les communautés éloignées soit accompagnée des mêmes problèmes sociaux reliés à l’abus de substances que l’arrivée de l’alcool.

L’alcool a été introduit dans notre communauté sans éducation. Aujourd’hui, beaucoup de nos gens en souffrent encore.Nora Wedzin, résidente de Behchoko

Des commentaires justes, selon Kieron Testart, et qui ne font que renforcer la nécessité d’une meilleure éducation sur les effets de l’abus du cannabis.

Prohibition possible

Comme c’est déjà le cas pour l’alcool, le projet de loi 6 permettrait aux communautés qui ne possèdent pas de magasin d’alcool de tenir un plébiscite pour limiter ou interdire le cannabis sur leur territoire.

Plusieurs communautés éloignées songent déjà à se prévaloir de cette mesure, selon Kieron Testart.

Pour le Chef de Behcheko, Clifford Daniels, le cannabis est déjà présent dans sa communauté. À une heure de route de Yellowknife, la communauté ne pourra échapper au marché du cannabis, peu importe la législation, croit-il.

Avec l’alcool, nous avons eu des prohibitions, nous avons eu du rationnement, nous sommes allés à travers les cycles, mais tout ce temps, la boisson était bien présente dans la communauté et n’est jamais partie.Clifford Daniels, Chef de Behchoko

Il est d’avis que la légalisation du cannabis dans sa communauté empêchera la création (ou la continuation) de marchés noirs comme il y en a vu pour l’alcool.

Il espère cependant que l’éducation sur son utilisation et ses effets ne seront pas oubliés par le gouvernement. « Ceux qui consomment déjà la marijuana ne seront pas affectés [par la disponibilité du cannabis] », dit-il. « C’est ceux qui vont vouloir s’y mettre qui seront affectés. C’est eux qui doivent recevoir l’éducation. »

Mario De Ciccio, Radio-Canada

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