Malgré un budget déficitaire, les finances du Nunavut sont en « assez bonne posture »
Le ministre des Finances du Nunavut, George Hickes, a présenté mardi le budget territorial de fonctionnement et d’entretien, qu’il juge plus encourageant qu’il ne l’avait anticipé. Il prévoit un déficit de 14,3 millions de dollars sur des dépenses totales de 2,3 milliards.
« Même dans le contexte de la COVID[-19], il s’agit d’un plus faible déficit que ce que nous avions anticipé l’année dernière », a affirmé le ministre George Hickes lors de son allocution. Ce déficit anticipé se situait à 21 millions de dollars.
Or, en raison de la crise sanitaire, le ministre avait annoncé au mois de novembre qu’il s’attendait à ce que le territoire enregistre le « plus important déficit » de son histoire au cours de sa prochaine année fiscale.
En date du 31 décembre 2020, la dette totale du territoire atteignait 446,6 millions de dollars, découlant notamment des contrats de location-acquisitions, des projets d’infrastructures de la Société d’énergie Qulliq et de l’aéroport d’Iqaluit.
« En ce qui concerne la situation fiscale du gouvernement, nous nous attendons à terminer l’année 2020-2021 dans une assez bonne posture », a annoncé George Hickes.
Exceptionnellement cette année, le ministre des Finances a dérogé à sa tradition de présenter son budget avec une nouvelle paire de bottes aux pieds. Avec cette dernière année chargée, il affirme ne pas avoir eu le temps de les retirer.
Soutien d’Ottawa
La limite d’emprunt du territoire, qui était auparavant fixée à 650 millions de dollars, est désormais de 750 millions de dollars.
Le territoire anticipe également des revenus de 2,39 milliards de dollars, dont les trois quarts, environ 1,9 milliard de dollars, seront issus de transferts fédéraux.
Si le territoire s’en tire mieux financièrement que ce que le gouvernement avait anticipé, c’est principalement parce que le soutien d’Ottawa a permis au territoire de garder la tête hors de l’eau durant la pandémie.
Depuis la dernière année, le gouvernement territorial a reçu un peu plus de 200 millions de dollars d’Ottawa, dont 130 millions de dollars pour faire face à la COVID-19 et 78 millions de dollars destinés aux Inuit qui doivent se rendre dans le sud du pays pour des rendez-vous médicaux.
Quelles dépenses pour faire face à la pandémie?
Aucune cagnotte du budget n’est destinée précisément à la crise sanitaire, dont les centres d’isolement dans le sud du pays qui ont jusqu’à maintenant coûté plus de 90 millions de dollars.
Or, le gouvernement territorial prévoit une enveloppe d’environ 75 millions de dollars destinée à des incertitudes financières de toutes sortes, ce qui pourrait servir à éponger des dépenses supplémentaires liées à la COVID-19. Dans le dernier budget, ces fonds étaient de 50 millions de dollars.
« Nous ignorons encore quels seront ces coûts », a-t-il ajouté. En raison de l’incertitude liée à la pandémie, dit-il, le gouvernement n’est pas en mesure d’anticiper précisément quelles dépenses seront nécessaires.
Le gouvernement compte cependant mettre sur pied, comme aux Territoires du Nord-Ouest, un secrétariat responsable de la réponse du territoire à la crise sanitaire. Une trentaine de postes seront créés pour le mettre en œuvre.
Les nouveaux investissements les plus importants pour la prochaine année fiscale :
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soutiens en santé mentale et traitement des dépendances pour les Nunavummiut à l’extérieur du territoire (10,6 millions de dollars) ;
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embauche d’enseignants au Collège de l’Arctique du Nunavut (8,7 millions de dollars) ;
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renforcement de la sécurité informatique (5,8 millions de dollars) ;
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mise en place d’un secrétariat responsable de gérer la réponse du gouvernement du Nunavut à la COVID-19 (4,8 millions de dollars).
Près de 3 millions de dollars sont aussi prévus, entre autres, pour l’embauche de trois nouveaux policiers inuit de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) au Nunavut et pour la création d’une commission d’examen chargée de mener des enquêtes indépendantes externes sur les cas d’incidents de nature policière impliquant des agents de la GRC au Nunavut.
Le ministre des Finances a aussi annoncé la mise sur pied d’un programme de dépistage du cancer colorectal (1,2 million de dollars).
Le gouvernement entend également créer un programme de Baccalauréat en travail social au Collège de l’Arctique, ce qui requerra un investissement de 700 000 $.
Avant d’être définitif, le budget doit encore être approuvé par les députés territoriaux à l’Assemblée législative au cours de la session d’hiver.