Québec inclut les Autochtones dans sa stratégie pour affronter la pénurie de main-d’œuvre

La « Stratégie nationale de la main-d’oeuvre » du gouvernement du Québec prévoit des mesures pour inciter les PME à embaucher des Autochtones. Dans cette image, un soudeur au travail dans une usine du sud du Québec. (Frank Desoer/Radio-Canada)
Pour faire face à la rareté de la main-d’œuvre décriée par de nombreux employeurs, Québec veut aider les entreprises en s’assurant notamment d’un meilleur arrimage entre les besoins en entreprise et la formation.

Contrats refusés, livraisons hors délais, multiplication des heures supplémentaires : le manque de main-d’œuvre touche un nombre croissant d’entreprises, tandis que le taux de chômage se maintient sous la barre des 5 % dans plusieurs régions du Québec.

Le premier ministre présente aujourd’hui, en compagnie de son ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, la toute première « Stratégie nationale de la main-d’œuvre ». En tout, 47 mesures seront annoncées, dont plusieurs nouvelles initiatives. La stratégie s’étalera sur cinq ans et 810 millions de dollars additionnels y seront consacrés, comme l’avait indiqué le ministre des Finances dans son dernier budget.

L’objectif du gouvernement est d’aider les entreprises qui manquent d’employés, notamment en orientant la main-d’œuvre vers les secteurs en demande.

« Il y a toujours eu des programmes pour soutenir la main-d’œuvre, mais il n’y avait pas jusqu’ici de stratégie globale pour assurer la cohérence de toutes les mesures », explique une source.

Plus de flexibilité pour les établissements d’enseignement

Plusieurs mesures toucheront les établissements d’enseignement. Les cégeps en région pourront dorénavant offrir certains programmes de formation dans des domaines où les besoins sont particulièrement criants, même si le nombre d’élèves inscrits est en deçà des normes prescrites.

Les commissions scolaires pourront faire de même avec la formation professionnelle, notamment en mettant en commun leurs inscriptions avec d’autres commissions scolaires et en alternant l’offre de formations entre elles.

De plus, les commissions scolaires situées dans des régions en déclin démographique recevront un soutien financier additionnel pour attirer des élèves venus d’ailleurs dans des domaines de formation professionnelle en forte demande.

« Parfois, il y a peu d’élèves, mais les besoins de main-d’œuvre sont si élevés que ça vaut quand même la peine d’offrir la formation. »

Un programme pour mieux intégrer les Autochtones

Dans un contexte où le taux de chômage est plus élevé chez les membres des Premières Nations que dans le reste de la population, Québec mettra en place un nouveau programme pour inciter les entreprises à les embaucher en plus grand nombre.

Le nouveau « Programme d’aide à l’intégration en emploi des membres des Premières Nations et des Inuits » s’inspirera d’un programme semblable destiné aux nouveaux arrivants et aux minorités visibles.

Il soutiendra financièrement les petites et moyennes entreprises (PME) qui accepteront d’embaucher les « personnes autochtones lors de leur première expérience professionnelle dans leur domaine de compétences ». « Cette mesure les incitera à embaucher des personnes sans emploi qu’elles n’auraient pas engagées, indique-t-on.

Payés pour étudier

Mesure phare de la Stratégie nationale : la formation. Le gouvernement versera 75 millions sur cinq ans aux entreprises qui rémunéreront leurs employés pendant que ces derniers suivent une « formation qualifiante ». Cette aide financière prendra la forme d’un crédit d’impôt équivalent à 30 % du salaire versé pendant les heures de formation. Quelque 6000 PME en bénéficieront, croit-on.

« Quand l’entreprise croît, être capable de former ses employés pour leur donner de nouveaux outils, c’est essentiel », explique-t-on.

Aussi, pour aider les élèves à faire de meilleurs choix, les conseillers en orientation recevront une formation pour mieux utiliser l’Information sur le marché du travail (IMT). Cet outil informatique permet entre autres de savoir dans quels métiers la demande est la plus forte et quelles formations offrent les meilleurs débouchés.

Une utilisation plus optimale de cet outil permettra aux conseillers en orientation de mieux guider les jeunes et les chercheurs d’emploi. « Évidemment, l’idée n’est pas de pousser les jeunes à aller vers un métier pour lequel ils n’ont pas d’intérêt, mais de les informer sur des perspectives particulièrement positives qu’il y a dans certains domaines. Ça peut entrer dans leur réflexion », dit-on.

Encourager les stages en entreprise

Un nouveau crédit d’impôt sera aussi mis en place pour les entreprises qui accepteront d’accueillir des stagiaires de niveau universitaire. Depuis déjà deux ans, le Programme incitatif pour l’accueil de stagiaires, qui « encourage les stages en entreprise pendant le parcours des élèves inscrits dans les programmes de formation professionnelle et technique », connaît un grand succès auprès des étudiants.

Pour répondre aux critiques selon lesquelles Emploi Québec manque de flexibilité dans son approche, 30 millions seront consacrés au cours des cinq prochaines années à la réalisation de projets pilotes, taillés sur mesure dans chacune des régions, pour favoriser l’insertion en emploi.

« Des appels de projets pourront être lancés afin de répondre à des problématiques et priorités qui font consensus parmi les divers acteurs régionaux », indique-t-on.

La plupart des mesures qui seront annoncées s’inspirent des discussions ayant eu lieu lors du Rendez-vous national sur la main-d’œuvre, tenu en février 2017. Le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, a aussi effectué deux tournées de consultation partout au Québec sur le sujet ces derniers mois.

Hugo Lavallée, Radio-Canada

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