Une scierie pour résoudre une crise du logement dans un village du Nord canadien

Les résidents de Fort Good Hope espèrent régler la crise du logement en utilisant leur propre bois. (Alex Brockman/Radio-Canada)
Des habitants de Fort Good Hope dans les Territoires du Nord-Ouest (Nord du Canada) ont acheté une machine industrielle pour scier le bois dans l’espoir de contrer la crise du logement en construisant leurs maisons avec du bois de chez eux.

Au coeur des Territoires du Nord-Ouest à plus de 800 kilomètres au nord-ouest de la capitale Yellowknife, la petite communauté de Fort Good Hope vit une crise du logement depuis longtemps.

Selon les dernières statistiques de la communauté, environ 50 personnes de Fort Good Hope ont besoin d’un logement, soit 10 % de la population.

C’est le problème principal des leaders de la communauté depuis plusieurs années. Beaucoup de maisons sont surpeuplées, alors que d’autres ont désespérément besoin de réparations.

La communauté n’étant accessible que par la voie des airs en été ou par la route de glace l’hiver, de simples petits travaux de réparations peuvent parfois coûter des milliers de dollars.

Avec les frais de transport, les matériaux de construction peuvent être deux fois plus chers que dans le sud du pays. En passant par la route d’hiver, une livraison de bois de construction peut atteindre 20 000 $.

Fort Good Hope a beau être entourée d’épinettes, le bois transformé est une denrée précieuse dans cette région isolée. (Alex Brockman/Radio-Canada)
Utiliser ses propres ressources pour répondre aux besoins

Avant l’acquisition de la scie industrielle, il était très compliqué de transformer un arbre fraîchement bûché en planches de bois adéquates pour la construction de maisons abordables.

Aujourd’hui, les dents de l’appareil mordent dans les billots de Fort Good Hope, et des planches de deux par quatre en ressortent.

Pour l’instant, l’entreprise veut que les résidents apprennent à utiliser correctement la scie avant d’ajouter plus d’équipement comme des raboteuses industrielles et des foreuses. (Alex Brockman/Radio-Canada)

L’idée d’une scierie est ressortie d’un forum sur l’itinérance organisé par la société d’habitation K’asho Got’ine en décembre dernier.

C’est ainsi que la Yamoga Land Corporation, qui finance la société d’habitation, a acheté la scie industrielle au coût de 100 000 $.

La Yamoga Land Corporation et son président, Edwin Erutse, gèrent l’argent reçu après la signature de l’Entente sur la revendication territoriale des Dénés et Métis du Sahtu, en 1993. (Alex Brockman/Radio-Canada)

« Nous savons que nous avons beaucoup de ressources sur les terres », explique le président de l’entreprise, Edwin Erutse. « Nous nous sommes donc dit : pourquoi ne pas investir dans une scierie, ne pas saisir le taureau par les cornes et essayer de faire quelque chose à propos du logement? »

« Nous utilisons notre propre peuple et nos propres ressources pour régler le problème. »

Edwin Erutse, président, Yamoga Land Corporation
Vivre sans domicile fixe

À Fort Good Hope, comme dans bien des communautés autochtones à travers le pays, l’itinérance n’est pas toujours apparente. Beaucoup d’itinérants bougent d’un endroit à un autre, séjournent chez des membres de la famille ou des amis, ou trouvent un autre moyen de subsister.

Avec sa partenaire, Roderick Kakfwi est sur une liste d’attente du gouvernement pour le logement, mais après avoir passé plusieurs semaines chez des amis, il a décidé de se construire une armature de tente pour y passer l’été.

L’armature de Roderick Kakfwi, qui sera, une fois terminée, recouverte d’une bâche, a été construite sur le terrain de son cousin. (Alex Brockman/Radio-Canada)

« Nous avons vécu avec d’autres personnes, mais là-bas, on ne se sent jamais chez soi », raconte-il « Nous voulons avoir notre propre maison et c’est ce que nous allons faire. »

Un projet à long terme

Pour Edwin Erutse, il est clair que la crise du logement de Fort Good Hope ne se réglera pas de sitôt. Il n’y a pas assez de maisons pour ceux qui en ont besoin. Selon lui, il y aura encore des gens comme Roderick Kakfwi qui auront du mal à se protéger du froid cet hiver.

Le travail se fait lentement, et il ne sait pas quand on pourra commencer à bâtir des maisons.

« Nous faisons de petits pas et nous ne pensons pas résoudre le problème d’ici un an ou deux », croit Edwin Erutse. « Mais au fur et à mesure que nous progressons, nous pouvons compter sur notre propre peuple et élaborer nos propres plans. »

« Nous voulons prendre soin de notre peuple. Il est évident que le gouvernement ne prendra pas soin de nous si nous ne le faisons pas nous-mêmes. »

Edwin Erutse, président, Yamoga Land Corporation

D’après les informations d’Alex Brockman de CBC North

Radio-Canada

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