La stratégie du Québec pour les aires protégées mise presque exclusivement sur le Nord

Une forêt d’arbres feuillus. (Jessica Blackburn/Radio-Canada)
Le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs de la province de Québec entend surtout proposer de nouvelles aires protégées dans le nord du Québec afin de réduire l’impact sur les activités économiques au sud, selon un document interne dont la Société pour la nature et les parcs (SNAP) a obtenu copie.

Le document s’intitule Réseau des aires protégées : solution de moindre impact pour atteindre les cibles gouvernementales d’ici 2020.

« Il apparaît acceptable que le réseau des aires protégées soit moins développé au sud et qu’il soit davantage concentré au nord, dans les zones moins utilisées par l’homme », peut-on y lire.

Le chargé de projet en conservation et foresterie pour la SNAP, Pierre-Olivier Boudreau, se questionne sérieusement sur l’approche proposée.

« On élimine tous les enjeux de protection de la biodiversité, les animaux et les plantes qui sont dans le sud du Québec, et donc un territoire extrêmement riche pour la conservation, analyse Pierre-Olivier Boudreau. On pense que c’est une attitude qui n’est pas appropriée. Il faut que les aires protégées soient dispersées vraiment un peu partout sur le territoire du Québec si on veut atteindre les objectifs réels de conservation qui sont sous-jacents à des projets d’aires protégées. »

Un cerf de Virginie. (Marc-Antoine Mageau/Radio-Canada)
Ne pas nuire à l’industrie forestière

Dans le document, on insiste sur la notion de développement durable pour justifier cette façon de faire. « Cette attention est légitime et entièrement compatible avec les principes du développement durable. »

Le document insiste aussi beaucoup sur l’importance de minimiser les impacts sur le secteur forestier.

« Jusqu’à présent, la filière forestière n’a pas pu éviter d’accumuler les impacts socio-économiques lors de la création d’aires protégées, car la forêt couvre presque tout le territoire méridional et central du Québec. Il y a peu de place au sud pour atténuer les impacts forestiers », indiquent les fonctionnaires qui ont rédigé le document qui ne devait pas être diffusé.

Selon Pierre-Olivier Boudreau, le développement durable ne signifie pas nécessairement de miser d’abord et avant tout sur l’exploitation forestière.

Les activités d’exploitation forestière sont importantes dans plusieurs régions du Québec. (Michel Nogue/Radio-Canada)

« Est-ce que l’on n’exagère pas parfois les impacts aussi d’enlever des mètres cubes de bois pour la création d’aires protégées? Vous savez, un dollar investi dans des parcs au Canada en rapporte six, donc les aires protégées ce n’est pas juste des cloches de verre. C’est aussi des zones qui peuvent rapporter des bénéfices aux communautés, autant des bénéfices économiques que sociaux. »

Les défuntes conférences régionales des élus avaient proposé plusieurs projets d’aires protégées qui pourraient rallier les communautés locales, souligne Pierre-Olivier Boudreau.

Si le ministère veut créer beaucoup d’aires protégées sur la Côte-Nord et au Nord-du-Québec, il devra aussi consulter et obtenir l’aval des communautés autochtones, rappelle Pierre-Olivier Boudreau.

La réponse du ministre

De son côté, le ministre de la Forêt, de la Faune et des Parcs, Luc Blanchette, estime que les terres privées dans le sud du Québec sont nombreuses, ce qui complique le travail.

« L’ensemble des régions du Québec, ce ne seront pas juste les régions périphériques ou nordiques, devront se soumettre à ce processus. Mais je vous le dis, dans le sud du Québec, il y a des difficultés en raison du grand grand nombre de terres privées qui existent et qui appartiennent à des individus plutôt qu’au gouvernement du Québec. Ça ajoute à la problématique. Mais il est faux de dire qu’on ne respectera pas nos cibles », affirme-t-il.

Luc Blanchette confirme aussi que les aires protégées représentent actuellement 9 % du territoire québécois.

François Robert et Tanya Neveu, Radio-Canada

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