Joe Biden suspend l’exploitation dans la réserve faunique nationale de l’Arctique

Les groupes qui veulent empêcher la vente des baux de la Réserve faunique nationale de l’Arctique pensent que le troupeau de caribous de la Porcupine pourrait souffrir de l’exploitation pétrolière et gazière de la région. (US Fish And Wildlife Service/The Associated Press)
Parmi ses premières gestes en tant que président des États-Unis, Joe Biden a donné tout un vent de soulagement aux peuples Gwich’in de l’Alaska et du Canada en mettant sur pause le développement pétrolier et gazier de la réserve faunique nationale de l’Arctique (ANWR).

Un moratoire temporaire sur toutes activités du gouvernement américain liées à la vente de parcelles dans la réserve fait partie de la même série de décrets du nouveau président visant à lutter contre les changements climatiques que celui qui a invalidé le permis de construction de l’oléoduc Keystone XL.

Le décret explique cette décision en citant les lacunes juridiques qu’ont alléguées les opposants au projet au cours des dernières années, comme le manque d’un examen environnemental approfondi.

Le président Joe Biden signe ses premiers décrets dans le bureau ovale de la Maison-Blanche. (Evan Vucc/The Associated Press)

Le président Biden ordonne ainsi à son secrétaire à l’Intérieur de revoir le projet mis en place par l’administration Trump et de refaire une analyse des possibles impacts environnementaux du développement pétrolier de la région.

Mardi, dans ses derniers instants, l’administration Trump a annoncé avoir finalisé la vente de neuf baux de 10 ans pour le forage pétrolier de la plaine côtière, la région la plus au nord de la réserve.

Des groupes autochtones et environnementaux se battent depuis des années pour protéger cette plaine côtière de la réserve. Celle-ci comprend un énorme potentiel pétrolier, mais est une des aires de mise bas de la harde de caribous de la Porcupine.

Réjouissances chez les Gwich’in

Même si l’annonce était attendue, il y a eu un énorme soupir de soulagement chez les peuples Gwich’in qui ont passé les quatre dernières années à s’opposer aux décisions environnementales du gouvernement de Donald Trump.

Nous avons versé des larmes de soulagement, raconte l’aînée Lorraine Netro de la Première Nation Vuntut Gwitchin, qui a siégé à de nombreux comités depuis 1999 pour protéger la région.

« [Avec ce décret,] le président Joe Biden envoie un message fort comme quoi le mode de vie des Gwich’in est important ; que les voix de nos petits-enfants, de nos enfants et de nos aînés sont importantes, dit-elle, ravie. Et pour cela nous sommes tellement heureux. »

Lorraine Netro se dit soulagée de ne plus avoir à vivre avec les décisions de l’administration Trump. (Radio-Canada)

Le moratoire temporaire ne vient toutefois pas mettre un terme au combat des Gwich’in et des groupes environnementaux pour la protection de l’habitat de la harde de caribous de la Porcupine.

« Il nous reste beaucoup de travail devant nous. Nous n’allons pas arrêter de faire ce que nous devons faire, jusqu’à ce que ce lieu sacré où la vie commence soit protégé de façon permanente. »Lorraine Netro, Première Nation Vuntut Gwitchin
Le Canada satisfait

Dans une déclaration, le député libéral du Yukon, Larry Bagnell, s’est réjoui de ce changement de ton des États-Unis. Il espère que cela mènera à une protection à long terme de la harde de caribous de la Porcupine.

« Bien qu’il reste des étapes importantes à franchir, après des décennies de lobbying, c’est la première fois que je vois la lumière au bout du tunnel », explique le député.

Larry Bagnell ajoute que le premier ministre Justin Trudeau soutient aussi cette décision.

Le député Larry Bagnell espère que la décision mènera à une protection à long terme de la harde de caribous de la Porcupine. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
Le gouvernement de l’Alaska en colère

Pour le gouverneur républicain de l’Alaska, Mike Dunleavy, l’annonce n’a rien de surprenant, mais elle est perçue comme un affront au développement économique et à la souveraineté de l’État.

« Comprenez bien, le président Biden semble tenir sa promesse de transformer l’Alaska en un grand parc national. »Mike Dunleavy, gouverneur républicain de l’Alaska
Mike Dunleavy, le gouverneur de l’Alaska, y voit une attaque contre le développement économique et la souveraineté de l’État. (Becky Bohrer/The Associated Press)

Mettre fin au développement pétrolier et gazier de la région vient enlever des occasions à ses habitants, selon le Mike Dunleavy. Le gouverneur accuse la nouvelle administration fédérale de voir l’Alaska « comme un territoire ou une colonie » et non pas comme un État dans l’Union.

« Non seulement ces projets ont le potentiel de développer de manière responsable les abondantes ressources naturelles de l’Alaska », dit-il. « Mais ces projets apportent aussi des emplois bien rémunérés, des soins de santé de qualité et des possibilités de changement de vie aux communautés qui en ont le plus besoin. »

Avec des informations de Philippe Morin

Mario De Ciccio, Radio-Canada

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