Les ressources de la Terre ne nous suffiront bientôt plus

Le 1er août, nous avons consommé tout ce que la Terre peut produire en une année, selon le Global Footprint Network. (NASA)
C’est ce 1er août que nous aurons consommé tout ce que la Terre peut produire en une année. Nous vivrons donc à crédit pour les cinq prochains mois. Si nous poursuivons à ce rythme, nous aurons besoin de deux Terres en 2030, avertit le Global Footprint Network.

Selon les calculs de l’organisme international Global Footprint Network (GFN), nous avons déjà épuisé les ressources naturelles de la Terre pour l’année. L’humanité a utilisé plus d’arbres, d’eau, de sols et de poissons que notre planète ne peut en fournir en un an, et nous avons émis plus de carbone que les forêts et océans ne peuvent en absorber.

L’organisme fait ce calcul depuis plusieurs années et, chaque fois, la date avance. Le 1er août est la date la plus précoce depuis que l’humanité a basculé dans le déficit écologique, dans les années 1970.


GFN estime qu’il nous faudrait désormais 1,7 Terre pour combler nos besoins annuels.

Une date symbolique

« C’est un indicateur pour tirer la sonnette d’alarme et dire aux gens que l’on consomme plus de ressources que la planète en produit », soutient Élisabeth Robinot, professeure à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal et membre de l’Observatoire de la consommation responsable.

« Ça souligne qu’il est vraiment urgent que tous les pays changent de comportement et adoptent des pratiques plus vertueuses », ajoute-t-elle.

Pourquoi c’est important?

À mesure que l’économie se développe et que la population grandit, la pression sur les ressources s’accroît. Mais la biocapacité de la Terre n’est pas extensible.

Le dépassement écologique n’est possible que pour une courte période avant que les écosystèmes ne s’écroulent, soutient GFN.

La côte de l’île de Pelly, dans l’Arctique canadien, disparaît dans la mer en raison de l’érosion. (CBC)

On en voit déjà les résultats dans l’érosion des sols, la désertification, la baisse de productivité des terres agricoles, la déforestation, l’appauvrissement de la biodiversité et l’effondrement des ressources halieutiques, affirme l’organisme.

« Nous empruntons les ressources futures de la Terre pour faire fonctionner nos économies actuelles. »

Mathis Wackernagel, PDG de Global Footprint Network

Si nous continuons à vivre de la même manière, nous aurons besoin de deux Terres en 2030, calcule l’organisme.

Qui sont les pires pollueurs?

Tous les pays ne sont pas égaux en ce qui concerne l’abus de ressources. Certains pays consomment bien plus que leurs capacités, tandis que d’autres, peu développés ou mieux nantis en ressources naturelles, sont encore bien en deçà.


L’empreinte écologique mesure la quantité de surface terrestre nécessaire pour produire les biens et services que nous consommons et absorber les déchets que nous produisons. Pour vivre selon les ressources de la planète, chacun d’entre nous devrait utiliser 1,7 hectare global.

Les Canadiens sont loin d’être les meilleurs élèves.

« Si la planète consommait autant que les Canadiens, la journée du grand dépassement serait le 18 mars plutôt que le 1er août », affirme Sophie Paradis, directrice pour le Québec du Fonds mondial pour la nature. « On aurait besoin de 4,8 planètes si tout le monde vivait comme nous. »

Les pays qui ont la plus faible empreinte écologique par personne sont parmi les États les moins développés de la planète : Érythrée, Timor-Leste, Burundi, Haïti et République démocratique du Congo.

Les pays en développement consomment généralement beaucoup moins de ressources que les pays industrialisés. La situation risque-t-elle donc de se détériorer encore plus à mesure que ces États voudront emprunter notre mode de vie?

« C’est à nous de changer rapidement et de leur offrir de l’aide pour qu’ils évitent les erreurs de notre passé et puissent se développer de la façon la plus vertueuse possible », pense Élisabeth Robinot.

Développement n’égale pas nécessairement abus des ressources, croit aussi Sophie Paradis, donnant en exemple le Costa Rica, « un pays qui protège son territoire, ses forêts naturelles et qui promeut la réduction de l’empreinte écologique des citoyens. »

Comment ralentir ou arrêter le processus?
Des appareils ménagers usagés dans une entreprise de recyclage près de Berne, en Suisse. (Ruben Sprich/Reuters)

Il est urgent de revoir nos façons de consommer et cette réflexion doit venir d’en haut, croit Élisabeth Robinot. « Il y a des changements au niveau des consommateurs, mais si on veut aller plus vite, il faut que ça vienne des gouvernements », croit-elle.

Mme Robinot pense notamment qu’il est important de légiférer contre l’obsolescence programmée et pour imposer aux entreprises d’offrir des services de réparation à un prix inférieur au prix d’achat.

Les gouvernements pourraient également favoriser la mobilité durable en développant le réseau du transport en commun et en baissant les prix.

« On ne peut pas obliger les gens à faire des choses, mais on peut les y inciter d’une façon positive avec des allégements fiscaux », avance-t-elle aussi.

« C’est un système où tout le monde gagne. »

Élisabeth Robinot, professeure à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal

« Ce n’est pas d’arrêter de consommer, c’est de mieux consommer », explique pour sa part Sophie Paradis, du Fonds mondial pour la nature.

Choisir des produits certifiés, employer des tasses et des contenants réutilisables plutôt que jetables, éviter le gaspillage alimentaire, limiter l’utilisation du plastique et emprunter les transports en commun sont autant de manières de réduire notre empreinte écologique.

« Il y a beaucoup de choses qu’on peut faire au quotidien qui vont réduire notre impact sur l’environnement. »

Sophie Paradis, Directrice pour le Québec du Fonds mondial pour la nature

Un signe encourageant, souligne le GFN, est que la détérioration a été plus lente au cours des cinq dernières années. Le Jour du dépassement avance environ d’un jour par année dans le calendrier, plutôt que de trois par année, comme c’était le cas depuis les années 70.

Ximena Sampson, Radio-Canada

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