Quitter le Nord canadien et y revenir 20 ans plus tard
Le Nord canadien a un certain cachet, un attrait particulier, qui retient ses habitants et attire les nouveaux aventuriers. Et même pour ceux qui partent, le Nord semble laisser sa marque.
C’est un classique : un jeune ayant un goût pour l’aventure quitte le confort du Sud pour venir passer un été dans le Nord. Il tombe en amour avec le territoire, ses paysages, son mode de vie plus détendu et, rapidement, l’été se transforme en années et l’aventure devient une nouvelle maison.
À en écouter les nombreuses histoires, dont celle de cette enseignante ou de ce travailleur qui ont fait leur vie dans le Nord, l’histoire semble être assez répandue chez les francophones des territoires.
Cependant, le Grand Nord reste aussi un endroit transitoire où plusieurs ne sont que de passage.
À travers les histoires de ceux qui restent, il y a aussi la réalité de ceux qui partent.
Quelques anciens Franco-Yukonnais (francophones du territoire du Yukon) étaient de retour, cet été, le temps de revivre et de revoir ce qu’ils ont laissé derrière eux il y a plus de 20 ans.
L’attrait du territoire
Au camping Wolf Creek, au sud de Whitehorse (capitale), en cette soirée ensoleillée d’été, les anciens Franco-Yukonnais se remémorent les bons coups de leur temps avec leurs anciens amis qu’ils ont retrouvés il y a quelques heures à peine.
Il y a, entre autres, parmi les gens réunis, la famille Paradis-Laroche, partie depuis plus de 25 ans, Diane Morin, qui en est à son troisième voyage au Yukon depuis son départ, en 1991, Philippe Dumont, qui a aussi quitté le territoire dans les années 1990, et quelques autres qui se mélangent à ceux qui sont restés.
Florence Paradis-Laroche n’avait que 13 ans quand elle a quitté le Yukon, mais elle en garde, comme les autres anciens Franco-Yukonnais présents, de très bons souvenirs.
Lorsque les visiteurs discutent de leur passage dans le Nord, plusieurs thèmes font surface : la nature, les paysages, le temps froid, mais sec de l’hiver, ou bien la clarté des soirs d’été.
« Le soleil de minuit, c’est quand même particulier. T’été tu peux en profiter », raconte Louise Paradis. « L’hiver, c’est plus court, mais l’été, c’est tellement beau, ça, c’est quelque chose qui nous manque. »
La force d’une communauté
En tant que membres actifs de la francophonie yukonnaise, ceux qui sont partis ont tous contribué d’une façon ou d’une autre à l’avancement du projet commun qu’est la communauté francophone dans le Nord.
« Quand je suis arrivé ici, il y avait des francophones, quand je suis parti, il y avait une communauté » déclare fièrement Philippe Dumont. « D’avoir participé à ça, c’est ce qui reste dans mon coeur. »
Pour Philippe Dumont, ses 12 années dans la communauté franco-yukonnaise sont restées ancrées en lui bien longtemps après son départ.
Cliquez ici pour écouter l’entrevue de Philippe Dumont à l’émission radio Les samedis du monde
« Le Yukon, c’est une relation intense entre personnes », conclut-il.
Cet aspect communautaire résume également l’expérience de Diane Morin.
« Les amis que j’ai connus à ce moment-là sont demeurés des amis. C’est comme si, du fait d’être en région éloignée, les amis deviennent plus proches », explique Diane Morin. « Ça été facile ici de se créer une vie. »
Le Yukon garde une place particulière dans le coeur de Diane Morin qui revient y voir ses amis, et qui ne dirait peut-être pas non si l’occasion de s’y réinstaller se présentait.
« Le Yukon, c’est l’aventure, mais ça passe d’abord par l’aventure humaine », affirme pour sa part Pierre Laroche. Il estime aussi que le projet de la francophonie y est pour quelque chose.
Pourquoi partir?
C’est surtout la distance qui a fait partir ces anciens Franco-Yukonnais.
« Quand on est venu ici, c’était un projet, mais pas un projet de vie », explique Pierre Laroche. « C’est une belle aventure de vivre ici, mais c’est loin de la famille. »
Ceux qui restent
Sylvie Binette est de celles qui, malgré quelques départs, sont restés au Yukon.
« Au fur et à mesure [que les gens partent], on fait d’autres connexions, mais on dirait que ce n’est pas la même affaire », explique Sylvie Binette. « Je ne sais pas, je suis une nostalgique. »