Les Autochtones peu représentés aux élections municipales de Whitehorse, dans le Nord canadien

Les élections municipales à Whitehorse ont lieu le 18 octobre. (Cheryl Kawaja/Radio-Canada)
Les présentes élections municipales à Whitehorse, capitale du territoire du Yukon, ne comptent aucun membre déclaré des Premières Nations parmi les candidats à la mairie ou au conseil municipal, déplorent certains intervenants.

Ce constat déçoit notamment l’ancien conseiller Ed Schultz. Celui-ci est reconnu, encore aujourd’hui, comme étant le seul Autochtone à avoir siégé au conseil municipal.

Ed Schultz a siégé au conseil municipal de Whitehorse pendant un mandat au début des années 1990. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
« Je crois sincèrement que ça compte. Je trouve qu’il est très décevant de voir que personne n’a été élu depuis, avant ou après moi, membre des Premières Nations du Yukon. »

Ed Schultz, ancien conseiller municipal de Whitehorse

En tout début de campagne, après l’un des débats des candidats, la chef du conseil de la Première Nation Kwanlin Dun de Whitehorse, Doris Bill, mentionnait l’absence des Autochtones lors de l’événement.

« Je n’ai compté que deux membres des Premières Nations. C’est vraiment dommage parce que ce qui se passe à la Ville a un impact sur notre communauté. J’aimerais voir la Ville tenter, à l’avenir, de rejoindre les membres des Premières Nations pour les impliquer dans le processus électoral », avait-elle dit.

La chef du conseil de la Première Nation Kwanlin Dun, Doris Bill, suit de près les débats des candidats aux élections municipales. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
Question de perspective

Ed Schultz, que la carrière politique a conduit vers le poste de grand chef au Conseil des Premières Nations du Yukon, ne voulait toutefois pas faire campagne sur son ethnicité, un concept qu’il désapprouve encore, mais il reconnaît que sa perspective, différente de celle ses collègues, a été un atout pour lui.

« Je crois sincèrement avoir été en mesure d’apporter, durant mon mandat, une perspective qui était unique et différente de celle mes collègues [puisque je suis] né à Whitehorse, et [que j’ai] fait l’expérience de bien des conséquences de la Loi sur les Indiens. J’ai grandi en voyant combien nous étions traités différemment, ce qui m’a donné un autre point de vue au Conseil », explique-t-il.

L’ancienne mairesse de la Ville de Whitehorse, Bev Buckway, est également d’avis qu’il est important d’avoir différentes perspectives au sein du conseil municipal.

Bev Buckway a été mairesse de Whitehorse de 2003 à 2012. (Radio-Canada)
« Quand on regarde les photos de la composition du conseil municipal au fil des ans, on voit une représentation importante d’une seule portion de la démographie. [Or] la composition d’une communauté dépend de ceux qui y habitent et donc les différentes voix à la table doivent représenter les différents aspects de la démographie. »

Bev Buckway, ancienne mairesse

Selon les données du recensement national de 2016, les Autochtones représentent 18 % de la population de Whitehorse. Leur représentation sur le conseil municipal exigerait au moins un siège.

L’essor des gouvernements des Premières Nations

Ed Schultz croit qu’au cours des dernières décennies, les Premières Nations qui ont obtenu leurs ententes finales ont « absorbé le plus de talents possible pour être en mesure de développer leur propre système ».

Bev Buckway est d’accord. « Si les membres des Premières Nations sont impliqués au sein de leur propre gouvernement et y sont occupés, ils n’ont peut-être pas le temps de s’impliquer en politique municipale », explique-t-elle.

Certaines personnes qui ont du potentiel pour la politique n’ont tout simplement pas d’intérêt pour le type de gestion qu’impose une ville, selon l’ancienne mairesse. « Évidemment, une bonne portion du travail à la Ville concerne les biens, les infrastructures municipales et pas tellement les programmes sociaux, où les gens croient peut-être avoir plus d’impact », précise-t-elle.

Ed Schultz encourage ses pairs à considérer la politique municipale.

« L’expérience a profondément changé ma vie. Cela m’a permis de m’exposer à un plus grand public qui ne me connaissait pas et qui n’avait pas une très bonne compréhension de ce que nous tentions de réaliser en tant que Premières Nations. »

Ed Schultz, ancien conseiller

Radio-Canada

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