Un premier train depuis 17 mois à Churchill, dans le Nord canadien
Les habitants de Churchill, dans le nord du Manitoba, ont vu passer le premier train, mercredi soir, depuis les inondations qui ont endommagé la seule voie terrestre les reliant au reste de la province.
« Le train est arrivé vers 18 h 35, on était dehors avec les enfants pour la tournée d’Halloween et l’on a entendu son sifflement. On a bondi de joie », raconte Rhoda Des Meules en décrivant cette heureuse surprise.
Un bruit qui a fendu la nuit pour le plus grand plaisir des habitants. « On n’avait pas entendu le train depuis 17 mois, témoigne Mme Des Meules. Mon mari a couru jusqu’au train. La presse était déjà là, le maire aussi. »
D’après elle, toute la ville était prête pour l’arrivée jeudi du premier ministre, Justin Trudeau, et prépare les festivités de rue pour célébrer le retour d’un chemin de fer pleinement fonctionnel.
Parmi la troupe de curieux venu voir l’arrivée du premier train depuis un an et demi figurait Carly Basler. Elle s’imagine déjà de prochains voyages et a de l’espoir pour l’avenir : « J’espère que les prix vont baisser. »
Georgina Oman en a les larmes aux yeux. « On se sent à nouveau en vie, on va pouvoir amener nos petits enfants voir leurs autres grands-parents », confie-t-elle.
Adeelia Spence, une autre habitante de Churchill, ne parvient pas à mettre de mots sur le sentiment qu’elle ressent en face de ce premier train, qui signifie qu’elle va pouvoir recevoir la visite de sa famille qui est à Norway House, une communauté du centre du Manitoba.
Un goulot d’étranglement
Le passage de ce premier train a de quoi réjouir la communauté qui subissait une situation étouffante depuis les inondations du printemps 2017.
« La crise des prix, la dépression, les gens qui quittent la ville parce qu’ils avaient perdu espoir, ils ne pensaient pas que le train reviendrait » sont autant de conséquences observées par Maria Mattice Saunders à la suite de l’arrêt de la circulation ferroviaire.
Comme beaucoup d’autres résidents de cette communauté d’environ 800 habitants, elle n’a pas quitté la ville depuis un an et demi. Nombre d’entre eux ont vu les prix des denrées bondir ces derniers mois.
« L’autre jour, j’ai payé 60 $ pour un rôti », confie Rosie Allen, une résidente.
La fermeture du chemin de fer a également fait grimper les tarifs des importations par voie maritime dans cette ville portuaire, obligeant les commerçants à débourser davantage pour leurs produits.
« Je ne peux pas vendre mes hamburgers 20 $, explique John Hrominchuk, la plupart des commerçants doivent prévoir 0 % de profit. » Si ce restaurateur payait quelques cent la livre de marchandise avant les inondations, il en paie maintenant 2 $ la livre.
Il se dit toutefois optimiste avec la réouverture du chemin de fer.
Ce dont il se réjouit, c’est de l’éventuel retour de tous ceux qui ont quitté Churchill. « On a perdu 100 personnes et j’ai grandi dans cette communauté de gens avec lesquels je suis allé à l’école, avec lesquels j’ai grandi ».
D’après les informations de Patrick Foucault